Pour nos retraites
Editorial "Témoignage ACO" mai 2010
La revue diocésaine ne donne pas souvent la parole aux mouvements d’Action catholique spécialisée. A l’occasion de la rencontre Nationale de l’ACO, nous publions l’éditorial du dernier numéro de leur revue « Témoignage ». Comme c’est l’habitude, en ACO et dans les mouvements d'Action catholique spécialisée, cet article colle à l’actualité avec le souci du lien à l'Evangile. Leur souci d'associer l'Evangile à la vie quotidienne mérite le respect
Pour nos retraites
La réforme des retraites est au cœur de l'actualité. Le partage des richesses doit se faire au bénéfice des retraités et des salariés, et non des revenus financiers. C'est un choix de justice et de vraie solidarité.
En voulant repousser l’âge légal du départ à la retraite (60 ans actuellement) et en remettant en cause le calcul des six derniers mois d'activité pour le secteur public, le gouvernement veut faire croire qu'il surmontera les difficultés. Mais que deviendront ceux qui ont connu des périodes de chômage importantes et les femmes travaillant à temps partiel ? Jusqu'à quel âge devront-ils travailler pour avoir droit à une retraite décente ? Et, alors que les entreprises se débarrassent des salariés de plus de 55 ans, on veut prolonger la durée des cotisations : quel paradoxe!
La retraite par répartition est un dispositif solidaire de prise en charge d'une génération par la suivante. Elle est mise en danger par le système libéral, et c'est une nouvelle fois aux seuls salariés de faire des sacrifices. Nous ne pouvons accepter la pauvreté programmée des futurs retraités (beaucoup sont hélas déjà concernés) et la mise à l’index des jeunes.
Taxer les revenus financiers
La chute de la part de salaires dans la valeur ajoutée des entreprises (1,4 %) représente 680 000 emplois détruits en 2009. Elle correspond en même temps à l'explosion des dividendes pour les actionnaires. Ne serait-il pas juste de soumettre les hauts revenus et les produits du capital financier à des taxes plus importantes pour combler le déficit annoncé des caisses dé retraite ?
Au-delà, ce sont les conditions de vie liées au vieillissement qui se jouent. Quels accès des seniors à l’autonomie, au logement, aux soins, aux loisirs, à la culture, voulons-nous défendre ? Les organisations syndicales refusent de trancher dans l’urgence.
Elles veulent une vraie négociation pour une réforme juste et viable dans la durée. Nous en sommes témoins en ACO, les retraités sont des acteurs engagés dans la vie sociale. Ils font partie d'associations diverses, sont impliqués dans le soutien scolaire, dans les mutuelles, raide aux sans-papiers, etc. Faudra-t-il attendre 65 ans et plus pour être plus disponible, donner de son temps... sans tenir compte de la pénibilité du travail qui conduit invariablement à une santé fragilisée ? C'est aussi le vivre-ensemble qui est en cause.
Le slogan de la Rencontre Nationale de l'ACO « Résiste, espère, ensemble choisissons la vie » nous invite à résister à cette idéologie libérale, à participer au changement de société, à mettre les richesses et les ressources au service des personnes, dans l'application du droit du travail et dans l'avancée d'une retraite décente pour tous. Il nous invite aussi à espérer dans ceux que nous rencontrons au travail, dans le quartier, dans nos organisations.
La vie pour tous
Nous voulons choisir la vie pour tous, comme Jésus Christ nous y convie. Par sa résurrection, il manifeste que la vie est plus forte que la mort. De combien de résurrections, petites ou grandes, sommes-nous témoins grâce à l'action collective, aux choses réalisées ensemble, aux partages? Comme .le dit Guy Aurenche, président du CCFD Terre solidaire, l'urgence est à la justice! Jésus est venu nous donner la vie, « la vie en plénitude» (Jean 10,10). Alors, cette réforme des retraites, comment peut-elle servir, elle aussi, ce projet ? Une réforme juste pour tous, notamment les plus pauvres.
Jocelyne Lecerf, le 20 avril 2010
Réfléchir ensemble :
Comment nous informons-nous et prenons-nous part au débat sur les retraites ?
De quelle manière nous indignons-nous et agissons-nous ?
Que voulons-nous construire de durable ? Pour quelle société ?
Quelle parole pouvons-nous apporter ?