Il y a aussi beaucoup de Bartimée

Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire (Année B)28 octobre 2012 à église St Vaast à Béthune

 

Dans nos foules d’aujourd’hui,

il y a aussi beaucoup de Bartimée 

 

 

       Au chapitre 4 de l’Evangile selon Saint Luc, nous voyons Jésus inaugurer sa mission dans la synagogue de Nazareth en lisant un passage du Livre d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres et aux aveugles qu’ils verront la lumière ».

 

            Aujourd’hui, dans l’Evangile selon Saint Marc, nous voyons Jésus sortir de Jéricho, suivi de ses disciples et d’une foule nombreuse. Un mendiant aveugle, Bartimée, est assis au bord de la route, enveloppé dans son manteau. Apprenant le passage de Jésus, ce pauvre aveugle exprime sa foi en appelant la pitié du jeune rabbi. Il exprime sa foi en Jésus qui est pour lui le Messie promis ; il l’appelle « Fils de David ».

Bartimée n’écoute pas ceux qui veulent le faire taire, il crie sa foi, il exprime sa demande par un cri de foi : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ». Ce cri est une prière du cœur. Ce cri est entendu de Jésus qui appelle Bartimée. A cet appel, ce pauvre mendiant jette son manteau, un bien pourtant précieux pour lui, il bondit et court vers Jésus.

Bartimée n’est pas le plus aveugle parmi ceux qui accompagnent Jésus. Sa cécité est physique. Il ne voit pas avec ses yeux mais il voit avec son cœur. Comme dit Antoine de Saint Exupéry dans le Petit Prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur ». La vision spirituelle de Bartimée est excellente. Il voit le Messie en Jésus. Rien ne l’empêche de courir vers lui. Parmi les apôtres, certains ne voient pas qui est vraiment Jésus. Ils lui demandent de belles places dans son Royaume : souvenons-nous de l’Evangile de dimanche dernier « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ».

Dans la foule, beaucoup ne voient en lui qu’un faiseur de miracles. La cécité spirituelle atteint beaucoup de ceux qui sont dans cette foule. Elle est très répandue encore dans les foules d’aujourd’hui.

Jésus interroge Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » et il n’abandonne pas cet homme à la foi si grande : «  Va, ta foi t’a sauvé ! »

 

            Il y a toujours des aveugles spirituels dans les foules d’aujourd’hui, mais il y a aussi beaucoup de Bartimée ; beaucoup de personnes, qui ne sont pas dans nos églises, prient dans le secret de leur chambre, dans leur maison, la porte fermée sur eux :

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi : la vie sur mon lieu de travail est insupportable. L’ambiance est très mauvaise ; je ne suis qu’un numéro, je me sens inutile »,

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi : je viens de perdre mon emploi. J’ai plus de 50 ans : trop vieux pour retrouver du travail et trop jeune pour prendre ma retraite »,

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi : je ne suis jamais embauché, on dit que je manque d’expérience »,

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi : notre mariage est en ruine. Mon mari me délaisse et ne s’occupe de rien à la maison »,

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi : je suis toute seule dans la vie. Mes enfants ne viennent jamais me voir et ne me téléphonent jamais non plus »,

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi : je suis malade, je suis alcoolique, je suis angoissé, ma petite pension ne me permet pas de vivre correctement ».

            Le Christ entend tous ces cris des Bartimée d’aujourd’hui. Que veux-tu que je fasse pour toi ? Et même s’ils ne savent pas exprimer  leur réponse, Jésus va leur ouvrir les yeux et les conduire par un bon chemin où ils ne trébucheront pas comme dit le prophète Jérémie dans notre 1ère lecture. Ils verront la vie d’un nouveau regard et, comme Bartimée de Jéricho, ils pourront suivre Jésus.

 

            Notre mission, notre responsabilité, c’est de guider ces frères et sœurs vers Jésus lorsqu’ils sont assis sur le bord  de la route. Notre mission, c’est de les aider à crier leur souffrance au Christ. Tout le contraire de ce que font d’abord les gens dans l’Evangile de ce dimanche : « Ils l’interpellaient vivement pour le faire taire ».

A nous, disciples du Christ, nous qui avons la foi, Bartimée donne aujourd’hui une belle leçon sur la prière, un magnifique enseignement dont nous ne nous lasserons jamais : l’invocation du Saint Nom de Jésus. Nous pouvons nous approprier cette belle prière de Bartimée si puissante sur le cœur de Jésus. Souvenons-nous de sa Parole « Tout ce que vous demanderez en mon Nom vous sera accordé » et de sa recommandation  « Veillez et priez en tout temps ». A Gethsémani encore, Jésus dit :  « Veillez et priez ».

Nos frères et sœurs orthodoxes nous ont transmis cette prière du Nom de Jésus, une prière qui vient des apôtres et des premières communautés chrétiennes : « Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, miséricorde pour moi, pécheur ». Cette invocation, ou une autre de notre choix personnel, peut jaillir du fond de notre cœur, tout au long de la vie quotidienne, toujours, partout, en toute occasion, pour appeler le Seigneur à notre aide ou pour chanter sa louange ou pour lui rendre grâce. C’est le meilleur moyen de ne pas perdre notre bien aimé Seigneur Jésus de vue et de vivre en profonde union avec lui, de le suivre sur la route.

 

            Que la Vierge Marie et la foule de tous les Saints nous aident à ne pas rester assis au bord de la route, assis dans notre médiocrité spirituelle mais à nous lever comme Bartimée pour suivre Jésus.

Guy C.

 

Article publié par Bruno Boulet - Notre Dame en Béthunois • Publié • 1980 visites