Dimanche 25 novembre 2012, en présence d’une très nombreuse assistance, s’est tenue salle St Paul l’assemblée générale de la Paroisse Ste Claire en Héninois. Deux points étaient à l’ordre du jour : le 80 eme anniversaire de l’église st Martin et le 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II.
A la demande de Jean-Marie Loxay, George Bétrémieux, historien de la paroisse, nous a remis en mémoire l’histoire et l’avancée du christianisme dans notre ville, des gallo-romains à nos jours. Ce faisant il a donné des explications concernant les vitraux et certaines sculptures qui décorent notre église. Actuellement en rénovation, ce monument nous a été présenté sous toutes ses facettes, y compris une impressionnante vue aérienne.
Le second point a été développé tout au long de la messe du Christ roi. La messe était concélébrée par le doyen Jean-Marie Loxhay, les abbés Paul Defief et Emile Hénart assistés du diacre Jean-Louis Blondel.
Le concile Vatican II a été convoqué par le pape Jean XXIII dans le but de retrouver les sources de la tradition de l’église et de s’adapter à une société en pleine évolution. L’interprétation de trois petits textes nous a permis de mieux réaliser les avancées que le concile a fournies à notre église.
Dei verbum : Dieu se révèle à nous par les textes .Grâce à cette ouverture, nous avons à présent l’opportunité de lire la bible. Le nouveau testament comportant l’Evangile et les actes des apôtres est maintenant confié à chaque enfant catéchisé qui peut ainsi en étudier les richesses. Il ne s’agit plus de savoir par cœur une histoire Sainte édulcorée mais d’aller à la rencontre de Dieu dans la réflexion et la prière.
Le second texte nous indique que l’on ne parle plus de l’église face au monde mais de l’église dans le monde. Un appel à l’œcuménisme et à la pacification entre les différentes religions est en marche. Le père Jean-Marie nous a rappelé la création depuis quelques années d’un groupe œcuménique de croyants catholiques protestants et membres de l’église évangélique qui se réunissent plusieurs fois l’an.
Le troisième texte traite des décrets et de l’apostolat des laïcs. Aujourd’hui qu’un laïc donne la communion, fasse le catéchisme, accompagne les défunts … ne nous choque pas En donnant à chacun la possibilité d’avoir un rôle actif au sein de l’église Vatican II participe à l’élan de la foi. Pour illustrer ce dernier point de grands panneaux ont été fabriqués indiquant précisément toutes les activités qui existent dans notre paroisse pour être au service du frère, l’objectif qui doit être atteint et comment adhérer à ces groupes. Ces panneaux ont été présentés à la communauté tout au long de la messe.
Dans son homélie l’abbé Emile Hénart a souligné ces différents points et mis en lumière un triple anniversaire :
1932 L’église St Martin reconstruite après guerre est inaugurée. Le maire Mr Charlon et Mr l’abbé Dessenne trouvent là une occasion de rapprochement entre le clergé et la commune
« 1962 le pape Jean XXIII lance un « appel à faire du neuf, une mise à jour de l’église pour qu’elle soit en rapport avec son temps » certains théologiens parlent de Vatican II comme la réconciliation de l’église avec le monde »
2012 Benoit XVI et le synode nous renvoie à l’évangile de Jean : La rencontre de Jésus avec la samaritaine. « Comme Jésus au puits de Sychar, l’Eglise aussi ressent le devoir de s’asseoir au côté des hommes et des femmes de notre temps, pour rendre présent le seigneur dans leur vie, afin qu’ils puissent le rencontrer »
Aujourd’hui en effet on parle davantage d’aller vers, de partager, de témoigner ainsi nous pouvons voir ce dialogue par la présence des chrétiens aux questions de société, politique, économique et sociale.
Voici donc un triple anniversaire aujourd’hui, une étape qui nous redynamise dans le « faire », pour la gloire de Dieu et le salut du monde. »
Le partage de l’Eucharistie a clos notre assemblée. Mais avant de se quitter chacun a eu la possibilité de partager un déjeuner salle du Rex où nous avons été accueillis par les membres de l’association Ste Marie.
MA Loez
Reprise de l'homélie
Aux deux anniversaires de 1932 et 1962, j’ajouterai celui de la clôture du synode des évêques à Rome sur la nouvelle évangélisation, octobre 2012, il y a juste un mois.
1932, 1962, 2012 : Anniversaires
Anniversaires : faire mémoire ; marquer le temps qui passe ; se projeter dans l’avenir vers ce qui est devant.
- Faire mémoire d’un évènement passé, définitivement passé, dont on se rappelle pour ne pas perdre la mémoire.
- Marquer le temps qui passe. Occasion de rappeler les étapes qui ont jalonné ce parcours entre ce premier jour et aujourd’hui.
- Se projeter dans l’avenir, manière de se dire concerné, engagé par l’évènement d’origine. Par exemple, Noël n’est pas seulement fêter un évènement passé, c’est se dire concerné, engagé par Jésus et souhaiter vivre du message de Jésus. De même pour ces 3 anniversaires. Notre évêque insiste pour que l’anniversaire du 11 octobre 1962 soit à la source d’une nouvel élan.
1932 : l’église saint Martin comme renaissance après une période obscure et douloureuse. Ceux qui ont voulu cette renaissance c’est en vue d’un avenir à bâtir, en vue d’une présence d’Eglise, présence de Jésus au milieu des hommes d’Hénin et environ. En évoquant l’inauguration, avec le maire et Mr l’abbé Dessenne, il était évoqué qu’un climat de cordialité avait prévalu entre la commune et l’ecclésiastique.
1962 : un appel à faire du neuf : pour Jean XXIII, un aggiornamento, une mise à jour de l’Eglise pour qu’elle soit en rapport avec son temps. Quel était le visage de l’Eglise, avant 1962, avant 1932 ? Les diapos ont rappelé la liturgie, la lecture de l’Ecriture.
Et avant, peut-être faut-il rappelé en 1892 la demande du pape aux chrétiens de France pour qu’ils se rallient à la République. Rome souhaitait que cesse ces hostilités entre royalistes et républicains, la majorité des chrétiens étant royalistes. Le ralliement à la République ne fut pas chose simple. Le conflit entre Dreyfusards et antidreyfusard fut douloureux. Il y eut alors la naissance d’un mouvement d’extrême-droite dont nous héritons encore aujourd’hui. C’est un des aspects visibles de l’hostilité entre l’Eglise et la société aux XIXe et XXXème siècles (hostilité philosophique, scientifique, politique etc.) que le pape bon pape Jean voulait voir dépassé. C’était déjà à l’étude sous Pie XI et Pie XII, mais ce fut mis en route à son initiative. Certains théologiens parlent de Vatican II comme de “la réconciliation de l’Eglise avec le monde”. Il souhaitait que cesse cette hostilité et défiance qui caractérisait les rapports Eglise monde. Il refusait que ce’ concile soit encore une émission de condamnations comme au 19ème siècle, avec Pie IX ou Pie X. Il souhaitait que Vatican II favorise la rencontre de l’Eglise avec le monde
2012 : Or voici que Benoit XVI et le synode, pour introduire le discours de clôture du synode, nous renvoient à l’évangile de st Jean : la rencontre de Jésus avec la samaritaine. Comme Jésus s’asseoir, “ Comme Jésus au puits de Sychar, l’Église aussi ressent le devoir de s’asseoir aux côtés des hommes et des femmes de notre temps, pour rendre présent le Seigneur dans leur vie, afin qu’ils puissent le rencontrer...”
Ces paroles de Benoit XVI résonne comme une suite de l’esprit du concile dans lequel beaucoup se sont engagés pour entrer en dialogue avec le monde, c’est-à-dire avec les hommes et les femmes que nous rencontrons et qui ne sont pas nécessairement du même bord que nous. Benoit XVI précise, avec l’évangile, que cette femme est partie à la rencontre des gens du village pour parler de celui qu’elle avait rencontré. A leur tour, les villageois sont allés à la rencontre de Jésus. La nouvelle évangélisation, avant d’être la mise en œuvre de nouveaux systèmes, c’est de proposer de nouveau au cœur de l’esprit distrait et confus des hommes nos concitoyens une nouvelle rencontre avec Jésus, entrer en dialogue avec eux.
Cela suppose de notre part que nous soyons au clair avec la personne de Jésus, lire et relire les évangiles, voir comment lui faisait pour aller à la rencontre des gens de son temps. Or, en 1930 après les mises en garde des papes, il n’était pas question de lire les Ecritures. On parlait tout au plus d’histoire sainte, on parlait beaucoup de Marie, des saints et des anges, beaucoup plus que de “Jésus selon les Evangiles”.
Comme Jésus, aller à la rencontre… Aujourd’hui, en 2012, on parle davantage d’aller vers, de partager, de témoigner. Vatican II écrit : “Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur” (Gaudium et Spes §1).
La même constitution, §4, invite aussi à discerner les signes des temps, les traces de l’Esprit à l’œuvre dans le monde (pas seulement dans l’Église des chrétiens). L’Eprit à l’œuvre au cœur des hommes d’aujourd’hui. Ainsi nous pouvons voir ce dialogue par la présence des chrétiens aux questions de société, politique, économique, syndicale. Nombreux sont les mouvements de chrétiens qui ont vécu de ce dynamisme, avec la douloureuse impression depuis plusieurs années d’être contestés, ringardisés par d’autres courants de pensée et même par les officiels du Vatican.
L’attitude de Benoit XVI dans la clôture du synode semble nouvelle. Elle est récente au point que La Croix du 19 novembre a écrit “En visite à Rome, les évêques français notent un changement de climat”. J’ai rencontré entre “deux portes” notre évêque vendredi dernier et lui ai demandé si c’était bien vrai. Et il m’a confirmé ce changement. Une nouvelle attitude de Rome à l’égard de l’Eglise en France s’est faite jour. Parmi les clés pour comprendre : Longtemps on a reproché aux pasteurs et à l’Eglise conciliaire de n’avoir pas ramené dans l’Eglise les incroyants. On a même reproché au concile d’être cause des difficultés, oubliant que c’est parce qu’il y avait déjà des problèmes que Jean XXIII a décidé de réunir ce concile. Que la courbe de la sécularisation n’ait pas été inversée est un autre problème.
Si Rome porte aujourd’hui intérêt à l’Eglise de France c’est parce que, depuis plus de cent ans, l’Eglise de chez nous est confrontée à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, à la sécularisation, à la postmodernité, et si les chrétiens de Franc n’ont pas “réussi”, ils sont encore bien vivant et présents aujourd’hui. Alors qu’au même moment en Italie, en Pologne, en Allemagne, les difficultés grandissent. Nous avons au moins trois longueurs d’avance pour vivre dans une société qui n’a plus Dieu ou l’Eglise come référence… Nous avons un savoir-faire ‘made in France’ que Rome semble apprécier, disait Mgr Garnier. L’Eglise conciliaire dans laquelle nous avons baigné est donc à continuer. Que ce ne soit pas dans un sentiment de crainte ou de peur de l’au-delà…
L’Evangile de ce jour (Mt 25) souvent intitulé “jugement dernier” pourrait nous rappeler la peur de l’enfer qui est apparu avec les représentations des 13-14èmes siècles liés en particulier aux tympans des cathédrales. Cela a entrainé un enseignement de la peur de l’enfer, un enseignement de la prière tournée avant tout vers son salut personnel, oubliant le salut du monde et le service de la Création… Ce serait oublier l’autre partie de cet Évangile ou Jésus dit “Venez les bénis de mon Père, j’avais faim, j’étais en prison, etc.…”
Ce serait oublier que Jésus a souvent été à la rencontre des gens (condamnés et exclus par la bonne société religieuse de son temps). Ce serait oublier qu’aujourd’hui encore, le Seigneur Jésus est attentif à ce qui se fait ; il reconnait toute action au service du frère, au point que Mathieu précise au début de son évangile (ch.7, 21) "Ce n'est pas en me disant : Seigneur, Seigneur, qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux”
Voici donc un triple anniversaire aujourd’hui, une étape qui nous redynamise dans le “faire”, pour la “Gloire de Dieu et le salut du monde”.
Abbé Emile Hennart