Communiqué : Au sujet de l’accueil des migrants sur nos territoires.
ACI d’ARRAS et ACI de Lille
Les actualités de ces dernières semaines nous rappellent constamment et nous donnent à voir sur nos territoires, mais aussi en Europe, les difficiles conditions de vie et d’errance des migrants, qui sont fortement dégradées. Et, nous avons une pensée toute particulière et révoltée pour ces 27 migrants, qui ont péri ce mercredi 24 novembre 2021 au large de Calais, en tentant de rejoindre l'Angleterre.
Nous assistons quotidiennement à des formes de violences psychologiques et physiques à l’encontre des personnes exilées, expulsions toutes les 48h voire quotidiennes, confiscation et destruction des effets personnels, multiplication des arrêtés anti-distribution de nourriture et d’eau, humiliations …
Aussi, nous souhaitons vous sensibiliser aux conditions d’accueil et de vie indignes de personnes exilées dans la région, et contre lesquelles s’est déroulée une grève de la faim à Calais.
Nous partageons et soutenons les demandes, avant tout humanitaires, de tous ceux engagés dans diverses associations, à savoir l’arrêt des expulsions systématiques des lieux de vie des personnes migrantes pendant la trêve hivernale, l’arrêt de la confiscation de leurs tentes et de leurs affaires personnelles et la reprise d’un dialogue entre autorités et associations non mandatées par l’État, pour définir conjointement les modalités de l’aide humanitaire.
Au-delà de ces considérations générales et d’ordre politique, nous voulons témoigner sur les territoires - diocèses d’Arras et de Lille, du formidable et inlassable travail, souvent dans l’ombre, de nombreuses personnes engagées en vue d’un accueil et d’un accompagnement les plus dignes possibles auprès de jeunes migrants, mineurs et majeurs, avec pour but essentiel de leur offrir des conditions de vie qui les respectent, de leur permettre d’apprendre le français pour faciliter leur intégration, mais aussi les accompagner dans leurs démarches administratives pour sécuriser leur parcours. La plupart de ces aides sont le fait d’associations locales ou d’initiatives citoyennes, qui veulent apporter des réponses concrètes à des situations d’urgence.
Sur la côte, à Grande Synthe, Calais et entre Boulogne et Calais, un nombre important de migrants vit dans des camps de fortune avec pour but de passer en Angleterre. On trouve aussi à l’intérieur des terres de petits camps de passage avec un nombre limité de migrants vivant dans des conditions inhumaines.
Quelle que soit leur situation, ces migrants doivent être traités avec humanité, dans le respect des droits humains.
Nous pouvons souligner les démarches des bénévoles non ACI ou ACI, membres d’associations ou mouvements caritatifs, qui participent aux vestiaires, à la distribution de repas. Des personnes se relaient, pour cuisiner, apporter des repas, les accompagner aux douches, voire leur proposer un hébergement de répit pour une ou 2 nuits le week-end, avant de les reconduire au campement, puisqu’ils ne souhaitent pas rester, mais tenter encore et encore de passer en Angleterre.
Pour d’autres migrants et migrantes, le souhait est de pouvoir vivre et s’installer durablement en France, pouvoir se nourrir, avoir un logement ou un toit, suivre des études et surtout pérenniser leur situation administrative par l’obtention d’une carte de séjour, de plus en plus difficile à obtenir auprès des autorités administratives.
Nombreux également sont les citoyens, chrétiens ou non, membres de l’ACI pour certains, qui se mobilisent, pour mettre à l’abri ces jeunes en leur proposant un toit, de la nourriture et des solutions d’hygiène à titre bénévole ; des paroisses, ainsi que le diocèse avec la Pastorale des migrants, par exemple, se sont mobilisés, pour héberger à tour de rôle de jeunes migrants sur la métropole lilloise.
De nombreuses associations, Emmaüs, le Secours Catholique, l’ABEJ, la Cimade, le MRAP, M.S.L., l’Eglise protestante de la Réconciliation à Lille, Migraction59 (sans pouvoir les citer toutes) se mobilisent par leurs membres, pour assumer des missions, qui concourent à un accueil dans les meilleures conditions, mais trop souvent précaires, et à une intégration par les études, notamment en alternance et par l’obtention d’un travail et également aux soins.
Des chaînes de solidarité, plus ou moins visibles, souvent invisibles, se mettent en place dans ces actions d’accueil et d’insertion. Ecoles et lycées privés et publics sont particulièrement accueillants à l’égard de ces jeunes migrants, pour qui l’accès à l’éducation est si important et décisif pour le futur.
Si la situation de nombreux migrants et migrantes reste globalement très difficile et incertaine, les risques d’OQTF (« Obligation de Quitter le Territoire Français ») sont importants en l’absence d’obtention de carte de séjour, certains connaissent des parcours d’insertion en voie de réussite par l’attention portée par de nombreuses écoles, accueillantes sans réserve dans des parcours de formation scolaire, puis par l’insertion dans le monde professionnel.
A la relecture, nous pouvons discerner l’action de l’Esprit Saint et la présence du Christ, que nous reconnaissons dans ces initiatives, qu’elles émanent de membres d’ACI ou non, ce qui permet de traduire l’Evangile dans le langage et les situations d’aujourd’hui.
Accompagner, cheminer aux côtés de migrants nous fait entrer dans une plus grande humanité et nous fait changer notre regard. Elle nous fait prendre conscience de la fraternité, qui nous lie et que nous sommes appelés à développer.
Elle nous rappelle, que notre statut de chrétien fait de nous tous des migrants, de passage sur cette terre.
ACI d’ARRAS et ACI de Lille - Le 26 novembre 2021
Les équipes de territoire
Lucie et Philippe Alglave, Emilie Ducourant, Patrick François, Gwenaëlle Hamy, Marie Agnès Lamotte, Véronique Lenouvel, Xavier Proffit
Stéphanie ALLEYS, Père Pascal DAME, Fabienne IRDEL, Pierre-Marie LOMBART,
Réflexion-débat : Samedi 18 décembre de 15h à 17h : Que penser de l'affluence de migrants souhaitant rejoindre l'Angleterre ?