FAQ2b Corinth ch 1-10

Réponse à quelques questions de lecteur

acropole Grece acropole Grece  Introduction

Pour lire l’échange de courrier de Paul adressé aux Corinthiens, il faut avoir à l’esprit qui étaient les Corinthiens, leur société, les mœurs d’alors, sans oublier que Paul reconnait lui-même qu’ils sont pour la plupart de vile  origine et pourtant Dieu les a choisis.

 

Ce n'est pas le public cultivé que Paul avait eu à Athènes. Devant la tendance des corinthiens à se glorifier, se valoriser au-dessus des autres, Paul fait comprendre qu'il n’y a aucune raison de tirer orgueil de ce qu’on fait, mais bien plutôt de ce que Dieu a fait de nous. Plusieurs fois revent l'expression sauvé, libéré par Jésus.  Invitation à relire les fiches de présentation Corinthiens 1-5

Présentation

Ci-après quelques réponses aux questions que se sont posés les lecteurs au cours des rencontres en maison d'Evangile. Si quelqu'un a buté sur telle expression, saans doute telautre seraheureux de trouver réponse à son propre questionnement. 

 

Le corps, l’âme, l’esprit, le corporel, le spirituel…

Sur les pas de saint Paul 6 Sur les pas de saint Paul 6  
Athènes, cariatides
Athènes, cariatides
Ce sont quelques-unes des expressions que les cultures et les civilisations utilisent pour définir qui est l’homme (ce qu’il est, représentions philosophiques et religieuses). C’est dans ce cadre que seront définie les notions de résurrection (ou non), de réincarnation…  Paul est de culture juive et de tradition sémite, il se trouve confronté au fil de ses itinéraires à des cultures et philosophies qu’il ne connaissait pas. Nous aujourd’hui, sommes de culture philosophiques largement héritées du monde gréco-romain. Ainsi la dualité corps/âme qui nous semble évidente est un héritage gréco-romain avec lequel nous balbutions pur l’accorder au monde de la Bible.. Le peuple de la Bible avait une vision plus unifiée de l’être devant Dieu. je retiens ci l’introduction faite dans le Vocabulaire de théologie biblique. C’est le texte le plus court et le plus clair que j’ai trouvé.

Sur les pas de saint Paul 10 Sur les pas de saint Paul 10  
Corinthe, le Temple
Corinthe, le Temple
« Loin d’être une “partie” composant avec le corps l’être humain, l’âme désigne l’homme tout entier, en tant qu’animé par un esprit de vie. A proprement parler, elle n’habite pas un corps, mis s’exprime par le corps qui, lui aussi, comme la chair, désigne l’homme tout entier.
Si, en vertu de sa relation avec l’Esprit l’âme indique en l’homme son origine spirituelle, cette “spiritualité” s’enracine profondément dans le monde concret, comme le montre l’extension du terme utilisé.”

Dans la présentation de Paul, je me suis référé au mythe de la caverne chez Platon. C’était une des représentations du monde. Chez les corinthiens, la distinction entre le corps et l’esprit (parcelle divine enfermée dans un corps) a pu entrainer une vision négative du corps, du matériel, voué à la pourriture tandis que l’étincelle de lumière aspire à rejoindre la lumière éternelle. Ce fut une des raisons du blocage des athéniens lors du discours de Paul à l’aréopage… Pourtant Paul maintiendra envers let contre tout (tous) l’affirmation que christ est ressuscité et nous avec lui. En cela il est fidèle à la tradition juive et pharisienne qui se développe au cours du 2ème siècle avant J-C. il est impossible que Dieu abandonne celui qui a mis sa foi en lui au point de préférer le martyre à la vie (relire les livres des Maccabées

 

 

"Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ?" 1Co 6, 3

Comment comprendre la phrase de Paul ?

Une réponse rapide se trouve en note de la TOB : = ‘les anges déchus’, mais cela ne me convainc pas. Je cherche ! Dans sa courte interpellation aux v. 2-3, Paul essaie de montrer le décalage entre vouloir faire juger de ses petites affaires par des non-chrétiens et être considéré à l’égal des anges et même supérieur : D'une manière générale, dans le NT les anges ne sont pas valorisés. L'homme est la première créature de Dieu, comme l'écrit le le  psaume 8,6 : “l’homme, à peine le fis-tu moindre qu’un Dieu, le couronnant de gloire…” manière de signifier l’éminente dignité de tout homme créé par Dieu. . Au premier siècle il y avait des courants de pensée eschatologique estimant que les chrétiens participeraient au jugement du monde avec le Christ lors de son triomphe (cf. Mt 19, 28), inspiré du livre de Daniel 7, 18.27. Jésus promet aux Douze la participation à son triomphe. C’est sans doute le point de départ de l’ironie de Paul : “comment ! vous serez appelés à juger les anges déchus et vous n’êtes même pas capables de juger entre vous de vos propres petites affaires” ? Voir aussi en Luc 20, 36 : Les fils des hommes, à la résurrection, sont pareils aux anges, étant fils de la résurrection.. Je prépare un article sur les anges dans la FAQ en complément au ch11, 10. En Luc 22, 30 : “ vous mangerez et boirez à ma table en mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël” peut être entendu comme prééminence des premiers élus pour le jour du jugement ?

Je pense que nous accordons bien plus d’importance aux anges que n’en accordaient les apôtres et le Christ lui-même.

 

 

Que viennent faire les anges à propos de la coiffure des femmes ?

11, 10 “Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion, à cause des anges”.

Notons tout d’abord que toutes les traductions ne disent pas signe de sujétion. Certaines écrivent : “une marque d’autorité” TOB”.

 

 Les anges c’est un sujet délicat, tant les passions peuvent se déchainer, et, selon les époques, il y a des effets de mode. Sait-on par exemple qu’on a inventé les différentes catégories d’anges musiciens parce que les artistes de la Renaissance ne savaient pas quoi faire de leurs mains… En leur confiant une viole ou une cithare, ou une flute, le problème était résolu, et l’on a développé le panthéon des anges !!! Saint Paul n’est pas très friand des anges, de même que le Nouveau testament dont les évangiles en font des messagers de Dieu et des serviteurs de Jésus. Le folklore et la sentimalit ont amplifié les images des anges plus qu'il ne faut. couple Grece antique couple Grece antique  L'encyclopédie catholique Théo écrit: "les chrétiens n'ont pas inventé les anges et, pour eux, la venue du Christ a rendu inutile, ou en tout cas seconde la fonction des anges comme messagers. Cependant la tradition a toujours tenu pour véritable leur existence. Aujourd'hui la question des anges est une des questions que l'on évite se poser".

 

La traduction "en signe de sujetion" n'est pas assurée.  Certaines écrivent : “une marque d’autorité”. Ce serait peut-être à comprendre au sens que la femme doit avoir une coiffure ordonnée, qu'elle maitrise, et non une coiffure désordonnée, ébouriffée comme on le voyait pour la Pythie prophétesse à Delphes.

 

Précision sur les anges...

L’angélologie trouve ses racines dans les représentations religieuses orientales (perses et mésopotamiennes). Le sens habituel donné à leur présence est de “rehausser la cour céleste”, de manifester à la fois la transcendance et la présence de Dieu au monde entier. Les différentes traditions parlent de ce qu’ils font, à quoi ils servent : intermédiaires, messagers entre Dieu et les hommes. Lors des tentations (Marc 1,13), ils servent Jésus, rien de plus ! Dans la littérature antique, il n’y a pas de réelle définition de ce qu’ils sont.  Dans 1 Corinthiens on a déjà rencontré les anges en 6,3. “Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges…” ce qui place, aux yeux de Jésus l’homme au-dessus des anges (contrairement à notre habituelle hiérarchie !!!).

Dans le ch.11 des Corinthiens, à propos de la coiffure des femmes, nous avons une telle habitude à accuser Paul de misogynie que nous en oublions que Paul a commencé par reconnaitre, sans aucun reproche, la présence des femmes dans les assemblées et qu’elles peuvent prier et parler (début du ch.11). Ensuite, plus Paul avance dans son raisonnement, plus il le trouve peu “convaincant”, au point de conclure le paragraphe par “Au reste, si quelqu'un se plaît à ergoter, tel n'est pas notre usage, ni celui des Eglises de Dieu” 11,16… Ceci est une manière de quitter le débat “faute d’arguments valables !”

 

La coutume vestimentaire gréco-romaine à l’époque était, pour l’homme les cheveux courts, et pour la femme possibilité d’avoir des cheveux long couverts par une coiffure accompagnée d’un fichu discret… Elle devait maitriser sa coiffure et non être ébouriffée comme qui ne sait pas se tenir (autre traduction de ‘avoir autorité sur la tête’. Paul recommande donc le respect des habitudes de la société. Différentes explications (non convaincantes) sont données concernant la référence aux anges : il y a sans doute référence à ce que la femme soit couverte par une référence quand elle parle en public (la référence étant son mari). Ce n’est pas à prendre au sens négatif, mais à la représentation habituelle du couple dans la société. Certains y voient une référence à des commentaires juifs sur la création en Genèse 1-2, le voile signe de dignité, et non de sujétion, contrairement à ce que nous pensons. Genèse affirme que l’un et l’autre sont ‘à l’image de Dieu’. Une note de la TOB précise: Paul est assez obscur et ses arguments théologiques ici ont très dépendants de mœurs de son temps. Inutile donc de se fatiguer ou d’ergoter !

 

Sages en Christ

Nous sommes restés bloqués sur la question de l’une d’entre nous qui ne comprenait pas le verset 10 du chapitre 4 : “Nous sommes fous à cause du Christ; mais vous, vous êtes sages en Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts.” Nous avons lu la fiche où vous expliquez l’opposition sagesse / folie, mais que veut dire Paul en écrivant “vous êtes sages en Christ” ?

 

En Christ ou dans le Christ, selon les traductions. Pour la compréhension, je pense qu’il faut se référer la notion de Corps du Christ… Nous sommes en Christ, incorporés à Lui, idée forte chez Paul. Plus loin dans la lettre, ch.12, Paul présente la diversité des gens mais qui, en Christ, forment un seul et même corps. Ce qui donne valeur, consistance, ce ne sont pas nos capacités, mais d’être en Christ, d’appartenir à Christ. Avec ironie Paul s’oppose à ceux qui se prennent pour quelqu’un. C’était un problème dans la communauté des corinthiens de pouvoir manifester qu’on est au-dessus du lot. (cf.ch. 13)

 

On pourrait traduire 4,10 par “Nous passons pour des fous, vous pour des gens sensés (sages)”… Il faudrait aussi reprendre toute la discussion chez Paul sur sagesse et folie du ch. 1, qui se continue en ch 2. Juifs, comme grecs, vous n’êtes rien, tout vient de Dieu. Un mot difficile à traduire en 1,27-28 c’est le fait que les “rien-du-tout” ont été choisis par Dieu (rien-du-tout = ta meonta en grec, qui est traduit approximativement par vil, faible, pour faire bon français). Et Paul les opposent aux chercheurs de sagesse (les grecs et leurs philosophies) ou les chercheurs de miracles (les juifs qui cherchent des signes venant de Dieu). Ceux qui ont choisi le Christ sont devenus les derniers, aux yeux des grecs comme aux yeux des Juifs, ce sont des fous, des fous à cause de Dieu. Sans doute faut-il se rappeler que Paul parle à des “communautés de moins que rien, des esclaves, des venus d’ailleurs et de nulle part, qui n’ont aucune racine et qui cherchent quelque chose qui les valorise. Pour Paul rien de ce qu’on fait ne peut me valoriser, mais seulement la grâce de Dieu. (La ville avait été détruite en -146 par les romains puis reconstruite à partir d’apport de populations venant des différentes conquêtes de l’empire romains ; la plupart étaient donc des déracinés. Comment se valoriser quand on n’a pas d’origine et pas de destinée non plus).

 

Il y a une part d’ironie, où Paul fait ressentir l’écart que cherchent à se donner les chrétiens dans leur recherche de sagesse, de ce qu’il y a de meilleur (ch 13)… pour Paul tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, cela vient du Christ et de Dieu et non de lui-même (cf. ch 15,10 : je suis apôtre mais ce que je suis ce n’est pas de moi, mais de la grâce de Dieu…). Une autre manière de parler dans le même sens : vous êtes le champ de Dieu, c’est-à-dire ce n’est pas vous, la graine, ni le travail de plantation, d’arrosage, de fructification : ce que vous êtes ne vient pas de vous mais d’autres… ! Eux qui essaient de se valoriser, de sortir du lot !!! 

 

Les langages de Résurrection dans la Bible.

En Israël la notion de résurrection apparait un peu avec Osée, ch.6, vers 735 avant J-C. On retrouve cette idée avec Ezéchiel 37, 1-14, quand il évoque la plaine couverte d’ossements qui se relève. (résurrection individuelle ou collective ?). Il semble que c’est une image employée par le prophète pour annoncer un avenir à un peuple qui vient d’être détruit pas la guerre : "Je mettrai mon Esprit en vous et vous vivrez", dit le Seigneur. C'est au peuple comme entité collective qu'eset annoncé un avenir, une résurrection. Nous aurions tort de la comprendre comme résurrection de chaque individu. C'est surtout au temps des martyrs d’Israël que grandit la conscience que Dieu ne peut abandonner ceux qui ont mis leur confiance en lui et sont morts dans la persécution (Epoque de la révolte des Maccabées ; cf. Livre de Daniel ch 7 et 2ème livre des Maccabées). Pour le prophète Eli et un enfant qui se relève pour un temps… on ne parle pas de résurrection mais de réanimation.

Au temps de Jésus il y a une altercation entre les sadducéens et Jésus car les sadducéens, à la différence des pharisiens ne croient pas en la résurrection (cf. Luc 20, 29…)

 

Pour essayer de faire simple : le Nouveau Testament utilise trois langages pour évoquer la résurrection : il parle de résurrection, d’exaltation, de vie en abondance. Le mot résurrection est composé de re et susciter (plutôt que re-vivant). Une autre expression est utilisée : réveiller. Penser au chant inspiré de st Paul “éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts…”

 

Il peut être utile de comparer trois textes de Paul qui évoquent la résurrection: 1 Thessaloniciens 4, puis 1 Corinthiens 15, enfin Philippiens, 2, 4-10. Ce qui est gardé dans les trois textes, c'est l'affirmation que Christ est ressuscité (sous-entendu par Dieu). Autour de l'affirmation, quelques éléments ne sont pas à chaque fois réexprimés. peut-être faut-il y avoir une évolution dans la manière dont Paul s'exprime. Aux Corinthiens il affirme, comme le faisaient les pharisiens et scribes: ce n'est pas de moi, voici ce que j'ai reçu, que j'ai transmis et que vous avez cru... Paul se reconnait porteur d'une tradition qui remonte à avant lui. Si on calcule les dates, cela nous amène aux premières communautés croyantes, issues de la foi pascale des années 30.

 

 

Perplexes devant : Nous sommes les ordures, les déchets du monde,

N’est-il pas écrit que Dieu a créé l’Homme a son image…. Que nous sommes les bienaimés de Dieu ? Alors pourquoi Paul écrit-il ainsi?

 

 

Peut-être suffit-il de se rappeler les conditions sociales des Corinthiens, 2/3 étaient des esclaves, des déracinés amenés là par l’armée romaine pour servir au transport des marchandises de l’est vers l’ouest de l’isthme de Corinthe. Corinthe avait été détruite en -146, puis au milieu du siècle suivant on l’a reconstruite.  Paul écrit en 1, 26 : considérez votre appel: “il n'y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés”. Cela veut dire que la plupart étaient de basse condition et sans espoir de promotion, ce qui ne les empêche pas d’avoir l’ambition, et surtout l’orgueil  de se montrer supérieur aux autres : au ch 12 et 13, Paul s’offusque de leur prétention à faire des choses pour se montrer supérieurs aux autres.

 

Dans le début de 1 Corinthiens, Paul constate que Dieu a choisi des gens qui ne sont rien pour devenir ses témoins. Ailleurs il précisera qu’on n’a aucune raison de tirer avantage de ce qu’on a, tout vient de Dieu et non de nous-mêmes. La pensée de Paul n’est pas surprenante et ne vient pas contredire l’idée de la dignité de tout homme (relire le psaume 8), mais il insiste sur le fait que tout vient de Dieu et que nous ne sommes rien. Plus loin il écrira : c’est le Christ qui nous a rachetés, sauvés, ce n’est pas de nous-mêmes. Paul est obligé de combattre une tendance des corinthiens à tout faire pour se montrer supérieur aux autres (supériorité souvent malsaine, au détriment de la charité).

Il faudrait relire dans la fiche 1 Corinthiens l'expression “ta meonta” : ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi ! “nous ne sommes rien, moins que rien et Dieu a choisi ces moins que rien pour être ses témoins”. Paul invite à reconnaitre que chacun, devant Dieu n'est rien, et pourtant!

 

 Etonnés par la réciprocité homme/femme ch.7

Dans le ch. 7 Paul essaie de répondre à la diversité des situations dans lesquelles peuvent se trouver les femmes et aussi les hommes. Un principe semble utilisé par Paul: la réciprocité des drotis et devoirs Hommes/femmes. Faut-il s'en étonner. Certaines situations n'existent plus de nos jours: une femme seule n'a pas les moyens de subvenir à ses besoins; Ainsi il existait une sorte de parainage où un homme était reconnu comme veillant sur telle ou telle veuve, oou jeune orpheline... On remarquera que Paul refuse la notion de péché dans plusieurs cas cités. Là où nous pensions que Paul fait de l'enseignement doctrinal, nous découvrons que Paul se contente de donner des conseils avisés: "à mon avis..." Un fois seulement Paul précise 'non pas moi, mais le Seigneur'!

 

Tu ne muselleras pas le bœuf (1 Co 9,9) De où ça vient ?

C’est une très vieille expression que Paul est allé rechercher en Deutéronome 25, 4. C’est dans la partie des prescriptions diverses, concernant les plus faibles. Il s’agit, pour le maître, de laisser son bœuf qui foule l’aire à vanner de pouvoir manger des céréales qu’il piétine pendant son labeur. L’interprétation que Paul en fait est qu’il devrait bénéficier de son travail pour en vivre. Un dicton français traduit de manière assez proche cette attitude : “tout travail mérite salaire”. Paul mérite d’être rétribué pour le travail d’Evangile qu’il fait.  Il ne faut pas chercher compliqué ! Pourtant Paul, à la différence d’autres prédicateurs, il n’a jamais revendiqué d’être payé pour son activité. Il a dit travailler y compris de nuit pour n’être à charge à personne, cf. un peu plus loin, le paragraphe : 9, 13-18.  Bonne lecture

 

La chair et l'esprit

Il y a risque de mal comprendre la dualité chair esprit telle qu pouvait la penser Paul. Voici une intéressante note de la TOB, pour le mot chair. (Lettre de Paul aux Romains, ch1)

Chair (sarx). Ce terme apparaît plus de vingt fois l' épître aux Romains, 9 fois en 1 Corinthiens.

 

I.    Dans une première série de textes, le mot chair désigne, comme souvent dans l'A. T., la personne humaine, comblée de biens par son Créateur, mais toujours caractérisée comme une existence fragile et menacée par la mort. Toute chair, c'est-à-dire tout homme, est comme la fleur des champs (Es 40,6), à la fois couronnée de grandeur et limitée clans ses pouvoirs et sa durée. C'est dans ce sens que Jésus Christ est « issu de David selon la chair » (Rm 1,3), c'est-à-dire pleinement homme dans sa destinée royale et douloureuse, Israélite selon la chair parmi les Israélites (Rm 9,5). L'apôtre emploie surtout l'expression vétérotestamentaire toute chair pour affirmer négativement qu'aucune chair, c'est-à-dire aucun homme, ne peut être justifié par la pratique des œuvres légales (Rm 3,20 ; Ga 2,16) afin que personne (aucune chair) ne se glorifie devant Dieu (1 Co 1,29). Dans ces textes, l'homme est présenté, globalement, comme un être de chair et de sang (1 Co 15,50 ; Ga 1,16 Ep 6,12), livré aux difficultés de la vie et, par là même, pouvant trouver force et secours, non en quelque repliement sur lui-même, mais seulement en son Créateur.

C'est ainsi que le mot chair, chez Paul, désigne souvent le corps souffrant du Christ ou de l'apôtre (Col 1.22-24 2 Co 12,7 Ca 4.13-14 Ph 1,22-24). Dans ces derniers textes, le contexte laisse entendre que lorsque la chair souffre, c'est l'homme qui souffre dans son cœur et son esprit aussi bien que dans son corps. Enfin, cette chair en laquelle l'homme ne saurait se confier, c'est aussi l'homme religieux fier de ses disciplines les plus hautes : au Pharisien qu'il était, Paul oppose ceux qui, à son exemple, mettent leur confiance non en la chair, c'est-à-dire dans leur réussite religieuse, mais en Jésus Christ (Ph 3,3-7).

 

II.   Dans une deuxième série de textes, l'apôtre n'insiste plus seulement, par ce mot, sur les limites naturelles fixées par le Créateur à la condition humaine. Il présente celle-ci comme dominée et même disqualifiée par le péché et la mort. Paul n'identifie pas la chair (ni le corps) au péché il ne l'oppose jamais, comme principe matériel, à un principe supérieur qui serait l'âme ou l'esprit. Si la chair, c'est-à- dire la faiblesse humaine, est inquiétante, c'est dans la mesure où elle est asservie ou habitée par des puissances destructrices le péché. ses passions et, en définitive, la mort, Tel est l'enseignement du ch. 7 de l'épître : quand nous étions dans la chair, les passions pécheresses se servaient de nos membres en vue de la mort (Rm 7,5) si bien que, identifiant le moi à cette chair asservie, l'apôtre peut affirmer que aucun bien n'habite en moi, je veux dire en ma chair (Rm 7,18) et que par la chair, je suis assujetti à la loi du péché (Rm 7,25).

 

III.   Dans une troisième série de textes, l'apôtre décrit la libération de la chair par l'Esprit et, sur la base de cette libération accomplie, il exhorte les chrétiens à vivre, non plus selon la chair, mais selon l'Esprit. Ce thème domine le ch. 8. Après avoir affirmé que Dieu a condamné le péché (et non la chair) dans la chair du Christ crucifié (Ri-n 8,3). Paul place ses correspondants devant une option décisive : s'ils persistent à vivre selon la chair, ils ne pourront plaire à Dieu et iront à la mort ; mais s'ils obéissent à l'Esprit qui habite en eux, ils iront vers la vie déjà manifestée dans la résurrection de Jésus (Rm 8,11). Remarquons ici que l'apôtre ne décrit pas deux catégories d'hommes, dont l'une serait charnelle et l'autre spirituelle il place chaque chrétien devant ces deux possibilités, d'où l'avertissement des vv. 12-13. Cependant, l'accent de victoire qui traverse tout ce chapitre montre que la chair et l'esprit ne sont pas deux puissances égales entre lesquelles l'homme serait indéfiniment écartelé. La condamnation du péché dans la chair du Crucifié (v 3) et la résurrection de Jésus en son corps (V. 11) ont inauguré l'ère nouvelle de la libération définitive. Le temps des fruits de la chair a fait place au temps des fruits de l'Esprit (Ga 5,13-25) si le chrétien vit encore dans la chair, il ne vit plus selon la chair, car il appartient à Celui qui s'est livré pour lui (Ga 2,20). Encore faut-il, et l'avertissement demeure très sérieux, ne pas finir par la chair après avoir commencé par l'Esprit (Ga 3,3). (revenir à la circoncision alors que le baptême a donné l’Esprit)