Dans l'élan du synode provincial
Mission, proximité, accueil, partage et communion
Forts du lancement de l'année de la miséricorde, un certain nombre des fidèles présents lors de l'ouverture de la porte jubilaire, à la cathédrale de Saint-Omer, se sont retrouvés ensuite avec leur évêque à l'assemblée post-synodale du doyenné de la Morinie,
« Qu’est-ce qui nous rendra plus missionnaires, autrement dit plus désireux de partager la richesse de l’Évangile à d’autres ? Qu’est-ce qui nous rendra plus proches, au nom de Jésus-Christ, des frères et des sœurs que la vie met sur les mêmes chemins que nous ? Qu’est-ce qui favorisera au mieux la communion dans nos communautés chrétiennes, et entre elles ? Qu’est-ce qui entraînera nos communautés vers un partage des responsabilités en leur sein, une participation du plus grand nombre pour le bien de la mission ? Et pour cela, quelle est la proposition concrète ou l’innovation que nous pourrions mettre en œuvre, dans notre paroisse, dans notre communauté, dans nos groupes d’Église, pour le vivre ? » Ce message que les évêques des trois diocèses livrèrent avant la lecture des actes du synode provincial, en septembre dernier, était des plus explicites.
A la faveur de réflexions et échanges menés par petits groupes, les personnes présentes à l'assemblée purent proposer une quarantaine de pistes pour la mission. Cela va de pistes toutes simples dans leur évidence comme « saluer le voisin d'église que nous ne connaissons pas... Ses voisins de quartier aussi » à des des pistes de proximité comme « rejoindre les habitants du quartier, du village, en participant aux fêtes communales et à des temps conviviaux », mettre en place un covoiturage pour ceux qui ne peuvent pas ou plus se déplacer » ou ou des pistes d'ouverture au cours des célébrations comme « permettre des temps de témoignage et des gestes symboliques dans les liturgies », « soutenir les propositions des personnes qui ne sont pas forcément dans le moule (messes, liturgie) ». Les propositions pour les formations, l'accueil, l'écoute et de nouveaux services dans les paroisses fusèrent elles aussi.
Ils y étaient...
Cinq membres du doyenné ont participé aux séances de travail à Merville. Quelques points forts des témoignages de leur vécu : « J'en retiens qu'il faut oser aller vers les gens qui ne pensent pas comme nous, prendre le risque de la rencontre. Il est indispensable d'échanger, d'innover pour construire la paroisse non de demain mais d'aujourd'hui. Du plus petit au plus grand, nous sommes tous appelés », exprime Jean-Paul Laderrière. « Je suis sortie avec l'envie que tout ce que l'on a découvert ressorte ensuite. Je retiens qu'il faut oser appeler largement, dans des missions en fonction du charisme de chacun. Il faut « faire » mais « faire ensemble », affirme Elodie Dewalle qui insiste sur le « savoir accueillir dans l'Eglise », le « savoir parler aux gens ». « La liturgie faisait partie intégrante du synode ; c'était pas « à côté », elle portait toute notre réflexion, le travail fait et le travail à faire », explique Marie-Paule Delattre qui fut frappée du nombre de laïcs présents par rapport au clergé : « des laïcs à qui on demandait leur avis sur leur Eglise. C'était notre affaire et pas seulement celle du clergé ». « L'Eglise qui entre en dialogue, c'est l'Eglise que j'aime », nous dit Dominique Bailly. « L'Evangile, c'est vraiment la Vie. Ce n'est pas qu'entre nous, dans un bâtiment nommé église, qu'on le vit. » Dernier témoin de ce synode riche en réflexion et respect de l'avis de chacun, l'abbé Laurent Boucly dit tirer un enseignement de l'attitude des évêques des trois diocèses lors de ce synode : « Nos évêques présidaient mais ils n'intervenaient que très peu. Ils ont accompli leur ministère d'accompagnement du synode en laissant s'exercer la parole pour chacun, en intervenant de temps en temps pour permettre d'aller plus loin ».
La joie de l'Evangile
En fin de soirée, Mgr Jaeger fit l'historique de ce synode voulu par les évêques à partir de la constatation, dès les années 90, que notre pays n'est plus un pays de chrétienté au sens où on l'entendait auparavant : « Il y a toujours des chrétiens mais les chrétiens ne couvrent plus tout le territoire ». Il rappela aussi à quel point il fallait faire confiance à l'Esprit-Saint pour en arriver à une expression de « communion » à la fin du synode alors qu'on avait demandé, au départ, leur avis à quelque 10 000 personnes.
Il expliqua que c'est au texte de « La joie de l'Evangile » où le pape François parle de la mission des paroisses, que les évêques empruntèrent les quatre orientations : la Mission, la Communion, la Participation et la Proximité. « Aller vers les gens, c'est la mission ; être proches d'eux, avec eux, c'est la proximité ; participer est une nécessité. Que nous soyons tous acteurs de la vie de l'Eglise », explicite-t-il.
Et il conclut : « L'important n'est plus de faire venir les chrétiens vers l'Eglise, l'important est qu'ils en sortent pour aller vers les plus pauvres, les plus démunis... pour revenir ensuite, en communion ».
Propos recueillis par Jean-Paul Chavaudra
(Regard en Marche)