La prison,ce n'est pas automatique
Conférence à St-Omer
Depuis 2002, le nombre des détenus, en France, a augmenté de 19% alors que la capacité des établissements pénitentiaires n’augmentait que de 5,9%. De plus, les libérations conditionnelles ont été réduites : 5,5% contre plus de 9% il y a cinq ans. Les comparutions immédiates ont connu aussi une forte augmentation. D’où une détérioration évidente des conditions de détention. A Longuenesse, si le centre de détention (pour les condamnés à plus d’un an d’emprisonnement) a suffisamment de places, la maison d’arrêt, elle, est surpeuplée : 300 détenus pour 200 places. (Rappelons qu’à la maison d’arrêt se retrouvent les détenus en attente de jugement et ceux qui purgent des peines de moins d’un an à un an à compter de leur jugement.)
Dans le cadre des 14èmes journées nationales Prison initiées par le Secours catholique, un débat sur les « alternatives à la prison » était organisé mercredi 12 décembre à 20 heures, à la Maison des associations de Saint-Omer.
Cette soirée-débat, organisée par les sections de l’association nationale des visiteurs de prison (ANVP) des centres pénitentiaires de Longuenesse et Béthune, et, donc aussi par le Secours Catholique de la région de Saint-Omer, a réuni une centaine de personnes.
Benoît Ballenghien, responsable de l’ANVP de Longuenesse animait le débat, alternant les questions du public et les réponses des intervenants de la soirée : Mme David, juge d’application des peines (JAP) de la juridiction de Saint-Omer, Mr Jabinet, directeur du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de la région de Saint-Omer et Boulogne, Mr Thueux, directeur de la Section d’Action Educative en milieu ouvert d’Aire Sur La Lys, Mr Denis, directeur de l’Education Nationale au centre pénitentiaire de Longuenesse, et Mme Pruvost, responsable des activités arts plastiques dans ce même centre.
Sur le thème de cette année « la prison, ce n’est pas automatique », des précisions ont été apportées concernant les possibilités de peines alternatives : les travaux d’intérêts généraux (TIG), les divers moyens de réparation pénale, spécialement pour les mineurs, le sursis avec mise à l’épreuve, le placement sous surveillance électronique, les régimes de semi-liberté, la libération conditionnelle, les périodes probatoires, les jours-amendes, les centres de peines aménagées etc., sans pour autant que l’importance de la sanction nécessaire autant pour le condamné que pour la victime ne soit évacuée.
Le cas des mineurs retint particulièrement l’attention. Le fonctionnement des centres spéciaux pour délinquants mineurs - centres d’éducation renforcée, centres d’éducation fermée - fit l’objet de fructueux échanges.
Côté réinsertion ont été évoquées les visites des intervenants de l’ANPE, de l’AFPA (association nationale pour la formation professionnelle des adultes), et des différents organismes professionnels. L’enseignement et les diplômes passés en prison ont été aussi exposés. En fin de soirée furent abordés les problèmes des maladies psychiatriques fréquentes dans la population carcérale ainsi que les manques de moyens de la Justice stigmatisés par cette phrase d’un intervenant : « Cette année est la première où le budget de la Justice dépasse celui des Anciens combattants ».