Saint Bertin sous un autre jour
Les vestiges de l'abbaye sortent de l'ombre...
« Qui a eu cette idée folle… »
Nombreux sont ceux qui connaissent la suite de ce refrain,
repris depuis des années par des milliers d’écoliers.
Par contre, rares sont ceux qui pourraient dire que,
notre vénérable « empereur à la barbe fleurie »,
vint passer quelques temps en l’abbaye St Bertin.
Après avoir rétabli et multiplié les écoles, Charlemagne décida de visiter un des établissements les plus réputés de son empire : « L‘école de Sithiu », située au cœur de l’abbaye.
On peut lire à son sujet qu’elle fut « la pépinière où l’on forma une légion de savants missionnaires pour la conversion de l’Angleterre ».
Charlemagne ne fut pas le seul personnage illustre à fouler le sol de l’abbaye.
Avant lui, Childéric III, dernier roi mérovingien, y passa
la dernière année de sa vie et y fut enseveli.
Citons encore St Thomas Becket de Cantorbéry, St Anselme,
St Bernard, Philippe Auguste, St Louis et sa mère Blanche de Castille, Charles Quint, Louis XIV, Louis XV, les Princes de Condé…
Après douze siècles d’existence, l’abbaye fut définitivement fermée
et la quarantaine de religieux encore présents chassés, en août 1791.
D’abord transformée en hôpital pour les soldats de la République, on commença à la détruire le 5 novembre 1792. Tout ce que les religieux n’avaient pu emporter fut vendu aux enchères : boiseries, tableaux, autels, vitraux, marbres, mobiliers, reliquaires, vases sacrés, lustres, tapisseries, orgues, grilles…
Rentrées dans le domaine public, les ruines furent rachetées par la ville de St Omer le 14 juin 1811 pour la somme de 8 244 francs. Si la nef était encore entière en 1814, la démolition se poursuivit dans les années qui suivirent. Avec les pierres, on édifia l’hôtel de ville, l’école de musique ainsi qu’un abattoir qui se trouvait sur le parvis de l’ancienne abbaye, face à la tour !
Celui-ci fut rasé en 1896.
L’œuvre de destruction prit fin en 1830, avec le classement par les monuments historiques de ce qui restait : la muraille gauche avec ses fenêtres et ses contreforts, ainsi que la tour, haute de 58 mètres.
Non consolidée, celle-ci s’effondra en 1947.
2007 sonna le réveil des ruines, avec l’aménagement du site
par la municipalité audomaroise.
Le terrain fut nettoyé, la végétation arrachée afin de reconquérir
cet espace laissé à l’abandon.
Un jeu de lumières fut mis en place ainsi qu’un jardin
« à la française ».
Les pierres seront prochainement traitées,
afin de préserver définitivement des outrages du temps
les vestiges des origines de notre cité.
E.Houzeaux