Le Temps d'un anniversaire...
...celui de l'horloge-astrolabe de la cathédrale de Saint-Omer
C’est une très vénérable vieille dame qui a soufflé cette semaine les bougies de son gâteau d’anniversaire…
l’horloge-astrolabe de la cathédrale Notre-Dame a fêté ses 450 printemps.
Cette semaine particulière fut émaillée de conférences proposées par le Service Ville d’art et d’histoire de Saint-Omer, basées sur le thème du Temps : approches philosophique, musicale, artistique, physique et mécanique.
Dans la lignée de ceux qui, depuis des siècles, entretiennent avec passion les rouages de cette belle mécanique, Bernard Delrue évoqua l’histoire et les secrets de ce remarquable ouvrage.
C’est le 16 août 1555 que le chapitre de la Collégiale confia à Pierre Enguerran, horloger audomarois, la construction d’une nouvelle horloge destinée à remplacer l’ancienne en mauvaise état.
Elle devait indiquer les heures, les jours, les mois, les signes du zodiaque, le lever et le coucher du soleil et de la lune. Terminée en 1558, on constate, en consultant les Comptes de Fabrique de la Collégiale, que les chanoines prirent acte de cette réalisation le 26 juillet 1559.
Située à 7, 50 mètres de hauteur, d’un diamètre de 2,10 mètres, elle se compose de deux parties : l’une fixe, le tympan ; l’autre mobile, constituée par les aiguilles des heures, de la lune et de l’araignée. (Dans un astrolabe, l’araignée est le disque sur lequel sont gravées les principales étoiles ; les tridents qui le supportent sont assimilés à de grandes pattes d’araignée…)
Dominant l’horloge, le jacquemart qui sonne les heures, porte le costume des officiers de cette époque. Il est coiffé d’un turban orné d’un écusson du chapitre de la Collégiale, le tout surmonté d’un grand plumet.
Quant au mécanisme de l’astrolabe, on présume, sans avoir de certitude, qu’il s’agit de l’œuvre d’un éminent mathématicien de l’université de Louvain : le maître Gemma Frisius, professeur de médecine et auteur de nombreux traités d’astronomie, de cosmographie, d’arithmétique…sa réputation était telle, qu’il fut consulté de nombreuses fois par l’empereur Charles Quint.
Faut-il rappeler qu’à cette époque, Saint-Omer était sous domination espagnole et de ce fait rattachée aux provinces des Pays-Bas.
Il n’existe, de part le monde, que trois horloges de ce type : celle de la Primatiale Saint Jean de Lyon (1383), modifiée en 1572 et 1660 ; celle de Prague, datée de 1490 et restaurée en 1992 ; enfin celle de Saint-Omer qui a la particularité de n’avoir subi que très légères modifications à ce jour.
Souhaitons à l’horloge-astrolabe et à son fidèle jacquemart de traverser encore de nombreux siècles, au rythme lent des rouages et des engrenages qui égrènent les minutes et les secondes de notre Temps…
E.Houzeaux