Qu'est-ce que la laïcité ?

Conférence-débat à St Martin au Laert

Professeur de Philosophie JF Rémond  
Professeur de Philosophie
Professeur de Philosophie
  

A l’invitation de l’ACAREF (Association Chrétienne Audomaroise    Réflexion et de Formation) et des « Amis de la Vie "Jean François Rémond, professeur de philosophie au Lycée Alexandre Ribot, donnait une conférence à la Maison du Rivage de Saint Martin au Laërt.

En dépit d’un temps très pluvieux, plus d’une cinquantaine d’auditeurs s’était déplacée pour écouter l’orateur répondre à la question : « Qu’est-ce que la laïcité ? ».

 

 

Après une brève présentation des deux associations puis du conférencier par Marie Agnès Lamotte, on entra dans le vif du sujet.
Prenant résolument la décision de ne pas aborder la question de façon historique, en retraçant les épisodes bien connus des grands combats et des dates de l’instauration de la laïcité en France, Jean François Rémond s’efforça de produire une approche philosophique de celle-ci.
Le dispositif laïc est différent des sociétés où se vit « une tolérance élargie ». Dans ces dernières, au Etats Unis, par exemple, la société est une société de communautés, dans le système laïc, au contraire, le citoyen ne se constitue pas par une identification à une « communauté ». C’est la condition pour que le citoyen qui n’appartient pas aux communautés les plus importants ou qui, simplement n’appartient pas à une communauté particulière soit traité sur le même plan d’égalité que les autres.
Se livrant ensuite à une critique féroce du thème très « tendance » du lien social, M.Rémond établit que la laïcité n’a pas pour but d’amener le citoyen à vivre en société pour être en société, il ne s’agit pas de subordonner l’individu à la société mais, à l’inverse, elle considère que l’on vit en société parce que c’est une condition qui permet à l’individu de se développer, de se construire. Le dispositif laïc apparaît ainsi comme l’inverse de l’engrenage du système totalitaire : il ne s’agit jamais de subordonner l’individu à l’Etat et l’action de celui-ci doit toujours être très strictement encadré à la fois par les lois et par la vigilance des citoyens afin que l’Etat n’empiète pas sur les droits inaliénables du citoyen. Celui-ci ne doit jamais être sous la tutelle de l’Etat.
 

Mais, afin que le citoyen puisse exercer cette vigilance critique, il faut que le citoyen soit instruit. On aboutit à un cercle paradoxal : Les citoyens doivent instituer mais c’est à l’Etat d’instituer le citoyen. Se plaçant sous l’autorité de Condorcet, Jean François Rémond montra que l’on peut sortir de ce paradoxe en instruisant le citoyen. L’instruction, sollicitant la raison et la développant, s’efforce d’éviter toute manipulation affective de l’enfant, elle doit éviter de lui présenter des opinions comme des vérités ou encore d’imposer des « valeurs » à l’enfant.
 

Après la conférence elle-même s’engagea une discussion très libre entre le conférencier et le public, discussion où l’humour fut aussi présent que le sérieux et la diversité des sujets abordés. 
 

Article publié par Chantal Guyot - Saint Benoît en Morinie • Publié • 4203 visites