Témoignage de "l'accueil des familles"


Accueil des familles des personnes détenues

 

 

    centre pénitentiaire de Longuenesse Centre pénitentiaire  
centre pénitentiaire de Longuenesse
centre pénitentiaire de Longuenesse
 

 

Une bénévole de “l’accueil des familles” au centre pénitentiaire de Longuenesse en explique l'esprit et le fonctionnement.

 

« Nous accueillons les personnes venant rendre visite à un proche incarcéré. Elles sont tenues de se présenter trois quarts d’heure avant le rendez-vous et, pendant cette période d’attente, éprouvante pour beaucoup, nous sommes là pour les écouter, les aider surtout moralement. L’approche se fait par le biais d’un café proposé à qui le souhaite (certains sont si angoissés qu’ils disent ne pas pouvoir l’avaler). Ce geste permet d’engager la conversation, de créer un lien.

D’où vient cette initiative ?

 Elle a été initiée, dès l’ouverture de la prison, il y a vingt ans, par les Equipes Saint-Vincent d’Arques.

Combien de bénévoles, et comment fonctionnez-vous ?

 Nous sommes une trentaine, fonctionnant toujours en binôme. Le parloir est ouvert cinq jours par semaine pendant quatre heures, que nous assumons par tranches de deux fois deux heures. Un planning est établi mensuellement et chacun s’inscrit en fonction de sa disponibilité .Personnellement, je fais deux heures chaque mardi.

Une préparation particulière ?

 Deux fois l’an, nous nous réunissons pour mise à jour, conseils, rappel des directives : il faut être disponible, à l’écoute, mais surtout très discret, pas de questions déplacées.

Comment avez-vous rejoint cette équipe ?

 Il y a sept ans, après le décès de mon mari, j’ai senti qu’il fallait absolument me rendre utile, donner du temps à des personnes en souffrance (le service est la meilleure des thérapies). Peut-être “service” n’est-il pas le mot exact, nous recevons autant que nous donnons. J’y trouve une grande satisfaction et espère bien pouvoir continuer un certain temps.

Cet accueil est très apprécié des visiteurs. Nous les voyons évoluer au fil des mois. Certains arrivent prostrés, fermés et refusant tout contact, puis on en vient à les voir participer en apportant du café ou du sucre (ceux-ci sont offerts par les Equipes Saint- Vincent). Je vais te citer un cas qui m’a remplie de joie : une épouse de personne détenue me disait son désarroi du fait qu’elle n’avait jamais osé avouer à leur enfant que son père était en prison. Je lui ai conseillé d’en parler à son mari ; celui-ci étant d’accord, elle a expliqué la situation à son fils et en a éprouvé un grand soulagement ; quand elle m’a annoncé la chose, j'avoue m’être sentie utile. »

Avant la retraite, notre bénévole était infirmière libérale, donc déjà bien réceptive à la misère humaine.

En rentrant de cet entretien, une phrase trottait dans ma tête : “ce que vous aurez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’aurez fait…” Depuis un an, un organisme Siges est venu en parallèle, apporter une aide plus administrative, réservations parloir, garde des jeunes enfants et diverses animations.

 

                                   Page extraite du N°171 de Regard en Marche (février 2011)