Méditation sur l'icône de la Nativité

Tradition byzantine

Méditation sur l'icône de la Nativité

Icône de la nativite Icône de la nativite  
peinte par Maria Rosa Perejoan, Franciscaine - Jérusalem
peinte par Maria Rosa Perejoan, Franciscaine - Jérusalem

L’icône de la nativité, de tradition byzantine et slave peut nous dérouter, car elle réunit plusieurs scènes disparates, anecdotiques. Pourtant la profondeur du mystère de l’incarnation y est décrite.

 

Au centre du paysage rocheux, évocation du désert dans lequel la tradition place l'événement, se détache le groupe constitué par le Christ couché dans la crèche et par sa Mère étendue sur une couche écarlate.

 

L'âne et le bœuf qui entourent l'enfant ne sont pas seulement un détail pittoresque visant à rappeler le contexte pastoral de la Nativité. Ils renvoient à un verset du livre d'Isaïe « Le bœuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is 1, 3). Cette phrase, interprétée dans une perspective chrétienne, signifie que les animaux reconnaissent dans le fragile nourrisson la présence du Dieu, créateur de l'univers, alors que les hommes ont peine à admettre ce mystère.

 

Comme l'enseigne Paul, Dieu se vide de sa divinité-même par son Incarnation pour devenir un homme, une créature (Ph 2, 7). Paul parle de la « kénose» pour désigner cette « action de se vider » du Christ. Cet événement crucial fait du Christ « un signe en butte à la contradiction » (Lc 2, 34), puisque tous ne reconnaîtront pas Jésus comme le Messie.

 

Sainte Anne icone nativité Jésus Sainte Anne icone nativité Jésus  L'icône cherche à mettre en évidence ce paradoxe du Dieu fait homme. Son humanité est bien réelle, comme le suggère la pose de la Vierge. Même si son enfantement fut virginal, elle est couchée, comme toute femme après le travail de l'accouchement. Par sa taille imposante l’artiste signifie son importance dans l'événement. C'est en elle que Dieu a pris chair, elle est l'instrument du plan divin qui réalise le salut de l'homme. Sans le consentement de la Vierge au moment de l'Annonciation (Lc 1, 38), cette rencontre entre Dieu et l'homme n'aurait pu se faire. À travers la Vierge, c'est toute l'humanité qui accepte l'Incarnation du Verbe.

 

Regardons maintenant l'enfant emmailloté, immobile dans la crèche placée au sein d'une grotte obscure. Il rappelle le corps du Christ enseveli dans son linceul. Ce que l'image montre de façon allusive, les textes liturgiques le proclament : la naissance du Christ et toute sa vie terrestre se comprennent dans sa mort et sa résurrection qui délivrent l'humanité de la malédiction de la mort.

 

Dans la partie supérieure de l'image, deux groupes, de part et d'autre de l'étoile, se répondent. À gauche, les mages chevauchent, guidés par l'astre. En face, un ange annonce l'événement du Salut à un berger.

 

Les Pères de l'Église ont parfois opposé ces témoins de la Nativité, respectivement évoqués par Matthieu et par Luc. Aux gens les plus simples des fils d'Israël, la révélation est donnée directement, par un messager divin. Les hommes de science, eux, parviennent à la connaissance par un long cheminement. Ils annoncent les peuples qui se convertiront au Christ, né dans le monde pour sauver non seulement les Juifs, mais l'ensemble de l'humanité.

 

L'étoile, placée au-dessus « de l'endroit où était l'enfant » (Mt 2, 9), semble émaner d'un segment de cercle. Dans le vocabulaire de l'art chrétien, cet élément désigne l'espace divin. Ainsi est soulignée l'origine divine du Christ.

 

À l'inverse, le bain de l'enfant, figuré dans l'angle inférieur droit, vise à montrer la réalité de l'Incarnation. Ce détail de la vie quotidienne a été introduit pour répondre à certaines doctrines qui remettaient en cause la nature humaine du Verbe incarné.

 

Joseph, en bas à gauche, est toujours représenté à l'écart pour montrer qu'il n'est pas le père de Jésus. Son attitude méditative illustre le doute qui s'empare de lui, face à l a conception virginale (Mt 1, 19)

Il ne faudrait cependant pas croire que Dieu condamne le doute des hommes. Sur certaines icônes, la vierge ne regarde pas son fils. Elle est tournée vers Joseph dans une attitude de douceur compatissante.

Le Christ ne s’impose pas aux hommes de manière brutale ou spectaculaire. Il attend que leur cœur s’ouvre à la révélation du mystère. Alors il peut leur manifester la gloire qu’ll tient du Père.

(Compilation de plusieurs commentaires)