Icône de la nativité du Christ

Tradition de l'église oprientale, Novgorod, 15ème siècle, Russie

 

 

Les icônes de la tradition orientale de l’Eglise nous réconcilient d'emblée avec la fête de Noël et nous font oublier l'excitation qui l'accompagne. Il y règne une telle paix, une telle harmonie ; tout est en fête, c'est-à-dire dans la joie. Les astres rayonnent dans les cieux, les rochers s'ouvrent pour accueillir leur Créateur, les animaux sont pacifiés, les bergers partagent leur joie avec les anges, les mages galopent joyeusement vers la découverte de la Vérité révélée par l'étoile. Tout baigne dans la lumière, une lumière d'un éclat tout particulier.

 

Eglise de la nativité, Bethléem, méditation et contemplation La naissance de Jésus  
Eglise de la nativité, Bethléem, méditation et contemplation
Eglise de la nativité, Bethléem, méditation et contemplation

 

 

 

 

 

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Selon les iconographes quelques détails expressifs peuvent varier, selon qu'elles sont de Novgorod ou d'André Roubiev. Le bain de l'enfant, détail très humain sur l'accouchement, et l'affairement inévitable autour d'un nouveau-né, témoigne de la réalité de l'Incarnation du Fils de Dieu qui a tout vécu des hommes, sauf le péché. Même s'il marque son icône des fruits de sa méditation et de sa contemplation, l'iconographe est très fidèle à l'esprit de l'Évangile
 
église grecque orthodoxe de Bethléem Nativité, détail,  
église grecque orthodoxe de Bethléem
église grecque orthodoxe de Bethléem
 
Tout d'abord le doute de Joseph sur la virginité de Marie et l'origine divine de Jésus. Dans le bas de l'image Joseph est assis accablé, la tête dans les mains. Même à cette heure, il est tenté par le démon du doute, sous l'aspect d'un vieux berger. (Saint Joseph ne sera pas le seul dans l'histoire de l'humanité à douter de ce mystère, trop grand pour l'entendement humain.)
 
Bethléem, détail La naissance de Jésus  
Bethléem, détail
Bethléem, détail
 
Puis nous voyons ces personnages de haut rang que sont les mages à la recherche du Roi des Juifs. Ils représentent les maîtres de la science antique. Ils sont enseignés par les astres et, grâce à une étoile, ils prennent la route à la recherche d'un roi qui vient de naître et vont trouver un enfant couché sur la paille. Dans certaines icônes, ils viennent directement, selon d'autres, ils font un détour par delà une montagne. Mais ce n'est pas encore l'adoration de l'Épiphanie. Nous en sommes au moment de la réalisation du mystère de l'Incarnation.
 
S'il a fallu aux savants une longue recherche pour arriver jusqu'à Dieu, les bergers, eux, ont reçu la Bonne Nouvelle directement des anges, sans transition ni préparation. Les bergers vont rejoindre le "berger d'Isaël".
 
L'évangéliste ne mentionne pas l'âne et le boeuf. La logique supplée au récit, grâce au prophète Isaïe : Joseph pour voyager avait un âne et la crèche était remplie de foin pour nourrir les bêtes. L'iconographie de Noël fait ainsi référence à la prophétie d'Isaïe : " Le boeuf reconnait son bouvier et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien. " (Isaïe 1, 3.)
 
Devant la grotte, Marie est allongée dans la position habituelle d'une jeune accouchée qui se repose. Sa silhouette est monumentale, elle tient une grande place dans la composition de l'icône; cela exprime l'importance de la Vierge dans le mystère de l'Incarnation : Marie, par la naissance de son Fils, devient Mère de Dieu, Théotokos en grec. Fréquemment, elle tourne le dos à l'enfant.
 
Bethléem, détail La naissance de Jésus  
Bethléem, détail
Bethléem, détail
 
Dans certaines icônes, elle regarde avec compassion Joseph, qui est dans le doute et à travers lui l'humanité tout entière plongée dans les ténèbres de l'ignorance. Sa main semble alors désigner le nouveau-né, et, par ce geste, elle guide tout homme vers le Fils de Dieu. Dans d'autres icônes, elle est en méditation " Marie conservait cela dans son coeur. " (Luc 2. 19).
 
Enfin toute la composition picturale est centrée sur la grotte, vers elle tout converge. C'est comme une spirale dont le point central serait ce trou sombre d'où luit la Lumière. Jésus est là, comme s'il était issu de la terre elle-même. Cette image nous donne le vrai sens de l'Incarnation. Lorsque Adam a été créé, il a été tiré de la terre, aujourd'hui - le second Adam - le Christ, recrée l'homme dans sa personne.
 
Mais la signification de cette grotte nous conduit à celle du tombeau. Le Fils de Dieu a pris notre condition humaine : il est né de la terre et retournera à la terre, lors de son ensevelissement : " Le premier homme, issu du sol est terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel... Et de même que nous avons revétu l'image du terrestre, il nous faut revêtir l'image du céleste" (1 Corinthiens 15, 47,49).
 

Et comme le Fils de Dieu est venu parmi nous, de même le Fils de l'Homme, Jésus ne peut être enfermé dans la ténébre d'une grotte. Il sera lumière de Pâques.

source: infocatho@cef.fr

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