Dès l'avent, tournés vers Pâques
Eglise d'Arras N°21 - 2006
Liturgie décalée
Le premier dimanche de l’avent, alors que chacun installait des pôles de lumière dans la nuit pour célébrer le temps sacré des fêtes de fin d’année, ou la venue du petit enfant qui inaugure un avenir de justice et de paix, la liturgie invitait les chrétiens à regarder, avec saint Luc, le jour de Dieu, à la fin des temps. Ce jour-là sera temps de révélation, temps où les disciples relèveront la tête.
A chacun, qui prépare le 25 décembre, la liturgie invite à regarder le Christ de Pâques, et, tout à la fois, le dernier jour où il entrera dans son Royaume de gloire. Ce jour-là, toutes les nations afflueront vers lui.
En attendant ce jour, des chrétiens continuent à passer le flambeau, permettant à des enfants et des jeunes de s’inscrire dans la longue lignée des saints d’hier et d’aujourd’hui… ceux qui bâtissent jour après jour, la fraternité, la solidarité, le vivre ensemble, ceux qui reçoivent du Père le cadeau de la Vie, qui s’en saisissent, non pour eux-mêmes, mais pour partager cette vie avec tous les frères en humanité. Sur ce chemin, des prêtres, des diacres, des religieuses, des laïcs s’activent pour que ce monde devienne offrande agréable à Dieu. Plusieurs pages apportent quelques témoignages. Bien d’autres seraient à ajouter, où l’homme est aux prises avec le quotidien souvent douloureux et difficile, un quotidien semblable au désert où la voix crie « aplanissez la route, comblez les ravins abaissez tout obstacle montagneux… partagez avec celui qui n’a rien ! ». Mais pour faire ce monde, mon Dieu que c’est long !
Voici Noël, ce n’est pas le temps de l’oubli, mais de l’espérance. De la crèche au crucifiement, chacun est invité, à la lumière de Pâques, à comprendre le mystère de l’amour de Dieu envers tous les hommes, manifesté par Jésus devenu frère en humanité, et premier-né d’une humanité nouvelle. Prenons la main que Dieu nous tend !
Joyeux Noël
Célébrer le mystère de la foi.
Dès l’Avent, tournés vers Pâques
Beaucoup se souviennent du document « Aller au cœur de la foi », c’est-à-dire au cœur de l’évènement pascal : mort et résurrection du Christ qui nous réconcilie avec le Père détail de l'évangiliaire d'Egbertet nous invite à vivre cette réconciliation entre nous. Le chemin proposé invitait à suivre le déroulement de la veillée de Pâques
A l’occasion de la mise en chantier des orientations pour la catéchèse, une équipe a été chargée de relire l’histoire de la liturgie. L’objectif est de proposer des temps de catéchèse communautaires autour des temps liturgiques, en s’inspirant de la grande Tradition.
Parmi les fruits de cette enquête :une réflexion sur la manière de vivre l’entrée dans l’année liturgique. Dès la fin du premier millénaire, la liturgie proposait pour le premier dimanche de l’année, la lecture de l’entrée de Jésus sur un ânonJésus à Jérusalem, (l’actuel “dimanche des rameaux”).
Les moines artistes qui ont décoré d’enluminures l’évangéliaire d’Egbert (vers 980 à Reichenau) ont représenté cette scène qu’il nous faut « décoder », car la représentation porte en elle bien des dimensions symboliques qui dépassent le simple reportage au sujet de Jésus sur un ânon.
Au centre, Jésus sur un ânon, dans la posture solennelle du roi de gloire. De chaque côté deux groupes de 6 qui semblent former cortège. A l’arrière plan, un arbre.
Détail miniature EgbertL’attitude hiératique de Jésus invite à penser à l’entrée de Jésus dans
En avant de la scène un autre groupe de 6 personnes, désigné par le mot ‘judei’. Les opposants, appelés ‘les juifs’ dans l’évangile de Jean, seraient-ils devenus eux aussi disciples. Eux aussi acclament de Christ. En ajoutant 6+6 nous obtenons le chiffre de la totalité, chiffre du peuple tout entier rassemblé autour de Jésus. C’est l’espérance proclamée par l’Ecriture, que les gens de toutes nations, races et cultures seront rassemblés autour du Christ quand il reviendra pour rassembler tous les élus.
Entrée de Jésus à Jérusalem. Egbert, détail
Les trois couleurs des manteaux jetés sous le Christ se trouvent réparties dans les deux groupes et confirment ainsi l’hypothèse que ce tableau représente le temps de l’accomplissement, et non plus le temps de l’attente. L’arbre en arrière plan peut faire penser à la malédiction du figuier maudit… sauf qu’ici, semble-t-il il fournit les branches nécessaires à l’acclamation du sauveur : l’arbre de
Cette interprétation inspirée par Louis Ridez peut retenir notre attention au moment où l’on se prépare à accueillir le petit Jésus dans la crèche… Tournons les yeux vers le cœur du mystère : il est grand le mystère de la foi » dit-on après la consécration… Oui, il est grand, incompréhensible ce geste d’un Dieu qui se fait l’un de nous, qui est méprisé par notre humanité au point d’être crucifié… mais nous croyons que Dieu l’a relevé d’entre les morts.
Pour ceux qui n’ont pas la mémoire du père Ridez pour remonter à la fin du premier millénaire, il leur suffit de fredonner le cantique très connu : « il est né le divin enfant… » avec le second couplet : ‘de la crèche au crucifiement Dieu nous livre un profond mystère… de la crèche au crucifiement, il nous aime inlassablement’. La calendrier liturgique est bâti autour d’un centre, le Christ mort et ressuscité, fêté à Pâques.
Note « l’évangéliaire d’Egbert ». Une cinquantaine d’enluminures ornent l’évangéliaire de l’évêque de Trêves. Elles furent réalisées vers 980. Aujourd’hui l’œuvre fait partie du patrimoine mondial. Un CD-ROM luis est consacré, disponible 45 , rue St Jean-Baptiste de