Lettre pastorale de Mgr Leborgne à tous les baptisés du Pas-de-Calais
"C'est vraiment lui le Sauveur du monde !" (Jean 4,42)
Lettre pastorale de Mgr Leborgne à tous les baptisés du Pas-de-Calais
C’est vraiment Lui le Sauveur du monde ! (Jean 4, 42)
Chers amis, chers frères et sœurs,
Le 25 octobre dernier, j’étais installé à la cathédrale comme nouvel évêque d’Arras. Depuis, malgré les contraintes liées à la pandémie, j’ai pu vivre un certain nombre de rencontres, visites, réunions et célébrations, découvrant progressivement le Pas-de-Calais et l’Église qui y vit, riche de son histoire, de ceux qui la composent, confrontée aussi, de manière parfois interrogative, à de nouveaux défis.
Être évêque, c’est épouser une terre et un peuple pour le servir, y vivre l’Évangile avec les baptisés dans la communion toujours renouvelée au Christ, et oser sans cesse de nouveaux chemins pour l’annonce de l’Évangile. Avons-nous suffisamment conscience, frères et sœurs, que le Christ est « vraiment le Sauveur du monde », que nous avons l’incroyable grâce de croire et que cela nous donne une responsabilité plus que jamais actuelle pour la mission ?
La pandémie bouscule nos habitudes. Nos relations sont abîmées (distance sanitaire requise, masques, absence de visites pendant trop longtemps à nos anciens en Ehpad et à nos malades à l’hôpital, etc.), mais il me semble que nous avons là bien plus qu’une crise sanitaire et économique. Ce sont les fondements même d’une société européenne en paix depuis 70 ans et d’une société occidentale qui croyait pouvoir dominer le monde et la création à force de progrès et de technologies qui sont contestés. Ces événements, qu’il est sans doute trop tôt pour relire en profondeur, surviennent alors que la déchristianisation de nos territoires apparaît de plus en plus, et que les équilibres mondiaux semblent très précaires (évolutions climatiques rapides et inquiétantes, équilibres géopolitiques malmenés, crise migratoire accrue, etc.). L’Église et les chrétiens sont aujourd’hui réveillés et stimulés pour répondre à cette question : « Quelle est ton espérance ? »
Quel que soit le nombre encore important de demandes sacramentelles ou liturgiques dans notre diocèse, nous sommes devenus minoritaires. L’appel du Christ continue cependant à résonner, vivifiant, stimulant. Et l’Église, dans sa pauvreté même, dans le mouvement d’une purification exigée par la crise des abus, est plus que jamais appelée à faire retentir l’espérance du Christ ressuscité.
C’est dans ce monde-ci — que Dieu ne cessera d’aimer et qu’il désire voir entrer dans le salut réalisé en Jésus — et avec ces convictions que je désire vous dire :
— d’une part, ma profonde joie d’être à votre service pour l’annonce de l’Évangile et ma gratitude de ce que le Seigneur nous donne les uns aux autres comme frères et sœurs pour être signe du Royaume — car vraiment nous le sommes ;
— d’autre part, combien je compte sur vous pour me faire mieux connaître notre diocèse, son histoire, les personnes qui l’habitent, les défis qui s’y présentent, l’Église que l’Esprit Saint suscite, avec ses forces et ses fragilités, et chercher ensemble quelle est la volonté de Dieu aujourd’hui pour nos communautés et l’Église dans le Pas-de-Calais.
C’est pourquoi j’ai souhaité une visite pastorale de l’ensemble du diocèse. Je la commencerai en janvier 2022 et espère pouvoir la conclure en décembre 2023.
Une visite pastorale n’est pas seulement la rencontre « des professionnels de la pastorale » ni l’inventaire de tout ce qui existe ou de ce nous faisons. C’est à votre rencontre que je désire venir, communautés paroissiales, aumôneries, écoles, mouvements et communautés. C’est avec vous, l’ensemble des baptisés, que je désire rendre grâce pour ce que le Seigneur a fait ces dernières années et entendre ce à quoi Il nous appelle pour les années à venir.
Ainsi, cette visite pastorale aura deux versants :
— Le premier, d’action de grâce : que repérons-nous du travail du Seigneur dans la vie de nos villes et nos villages, des hommes et des femmes avec lesquels nous vivons, et de nos communautés ces dernières années, et comment apprenons-nous à en rendre grâce ?
— Le second, de discernement : avec Jésus, notre « nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jean 4, 34). Dans tout ce que nous avons vécu et vivons aujourd’hui, que discernons-nous des appels du Seigneur pour les années à venir, pour nos communautés et pour l’ensemble du diocèse ?
La manière de préparer cette visite et de la vivre vous sera progressivement présentée. Nous essaierons de suivre une méthodologie véritablement synodale, qui permettra au plus grand nombre, donc à vous, d’y participer.
Dès maintenant cependant, sachez que vous serez invités à participer à deux journées : l’une de récollection spirituelle pour entrer dans l’esprit de cette visite et nous disposer à ce que l’Esprit Saint veut en faire ; l’autre d’échange sur les deux questions centrales de la visite pastorale (Que repérons-nous du travail du Seigneur dans notre communauté et comment en rendons-nous grâce ? Que discernons-nous des appels du Seigneur, à travers ce que nous vivons, pour faire sa volonté aujourd’hui et dans les années à venir ?).
Chers amis, chers frères et sœurs, l’eau que Jésus veut nous donner « deviendra […] source jaillissante pour la vie éternelle. » (Jean 4, 14). Et, par nous, pour le monde. Le Seigneur tient ses promesses. Par des chemins nouveaux aujourd’hui, mais plus que jamais ! L’aventure est exigeante. Mais elle est si belle !
Je confie à Marie, si intensément invoquée dans notre diocèse, et à saint Benoît-Joseph Labre, cet homme libre et toujours en mouvement, à la recherche de la volonté de Dieu, cette visite pastorale et sa préparation.
Viens, Esprit Saint !
À très vite,
Arras, le 8 septembre 2021
+ Olivier Leborgne,
Évêque d’Arras, Boulogne et Saint-Omer.