Soirée publique : réception du rapport de la CIASE
Retour sur les différentes soirées publiques :
Maison diocésaine d'Arras - le lundi 29 novembre 2021
La soirée consacrée au Rapport Sauvé et aux suites à lui donner a réuni beaucoup de monde dans une salle presque trop petite de la Maison diocésaine d’Arras.
Le visionnage de la remise du rapport à la CEF introduit la soirée. Vient ensuite le témoignage de Marie-Noëlle. Posé. Un ton presque monocorde qui fait ressortir la souffrance et l’incompréhension face à l’indicible subi par l’enfant qu’elle était. Un indicible qui est dit, après une longue amnésie. Marie-Noëlle ne reste pas enfermée dans ce passé douloureux toujours présent. Elle veut comprendre, elle veut aussi dire. Dire, crier pour que cela ne se reproduise plus. Dénoncer l’omerta. Pour que l’Église, c’est-à-dire nous tous les baptisés qui formons le corps du Christ, laïcs et clercs, agissions, réagissions. Marie-Noëlle fait quelques propositions, puis retourne à sa place, discrètement, comme elle était montée sur l’estrade.
Et là, petit flottement : Matthieu, 45 ans, prend la parole. Ce n’est pas prévu, cela déstabilise l’organisation de la réunion. Il est une victime. Il doit parler. Il le fait, sans aucune animosité. C’est poignant. Comment ce jeune a-t-il survécu ? Il se le demande. L’amnésie post-traumatique a enfoui au plus profond de lui-même et pour de longues années l’horreur subie de manière récurrente. Et puis, nouveau flottement : Jean-François, 49 ans, insiste, il réclame la parole. Il la prend. Il a subi la même violence, la même horreur, infligée par le même prêtre, vécu la même amnésie. Sa parole est plus agressive, les mots plus crus. La souffrance est là. Glaçante. Au sens propre du terme. Nous sommes tous sous le choc de la vérité qui nous est présentée. Mgr Leborgne remercie les intervenants, leur propose une rencontre, dès ce soir.
Un temps de silence. Pour digérer, pour respirer après le choc. Puis un temps de partage avec son voisin. La parole est ensuite donnée à l’assistance. Certains pointent la solitude des prêtres. D’autres dénoncent l’attitude des responsables ecclésiaux : omerta des clercs, des laïcs ; minimisation des faits ; déplacement des abuseurs dans une autre paroisse ; hypocrisie. Et aussi : que faire, comment prévenir pour que cela ne se reproduise plus ? Des pistes sont ouvertes : parler, annoncer, informer et surtout regarder autour de soi pour détecter des signes, d’abus comme de souffrance.
Nous rentrons chez nous, différents de ceux que nous étions en arrivant.
Anne d’Hautefeuille
L’église de Saint-Pol-sur-Ternoise - le lundi 22 novembre 2021
Nous étions nombreux ce lundi soir à avoir répondu à l’invitation de notre Evêque Mgr Leborgne pour recevoir et parler du rapport de la CIASE ( Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise ).
La rencontre a débuté par la proclamation de l’évangile de Matthieu 25 / 31-46 sur le jugement dernier.
Mgr Leborgne a ensuite introduit la soirée en rappelant le « choc » qu’a provoqué pour l’Eglise de France la remise du Rapport de la Commission Sauvé le 5 octobre dernier. Il a également présenté les principales décisions prises au cours de l’assemblée plénière des Evêques de France à Lourdes du 2 au 8 novembre.
Des extraits de l’intervention de M. Jean Marc Sauvé ont été visionnés.
Mme Marie Noëlle Henry a livré son témoignage en tant que victime.
M. Philippe Barras a fait une présentation des principaux enseignements du Rapport Sauvé à l’aide d’un diaporama.
Les participants ont été invités à partager en petits groupes sur ce qui venait de leur être présenté.
La rencontre s’est alors poursuivie par un temps d’échanges et de questions réponses avant de se conclure par un moment de prière commune.
Jean Lesur
Salle paroissiale de Lumbres - le vendredi 12 novembre 2021
La grande salle paroissiale de Lumbres est pleine pour la première des cinq rencontres organisées par le diocèse.
20 heures Monseigneur Leborgne nous accueille.
Après la lecture d'une page d'évangile (Matthieu 25, 31-46) , la vidéo de Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) nous est projetée, vidéo extraite de la présentation du rapport de la commission en octobre dernier.
Pour compléter notre information, un diaporama présente en huit « slides » le rapport avec les chiffres précis des agressions au sein de l’Église catholique et objective la façon dont l’Église a ou non traité les cas portés à sa connaissance.
Après ce premier temps nous apportant une information précise sur la situation et l'ampleur du problème, c'est Marie-Noëlle qui est venue nous partager son vécu. Un témoignage poignant d'une femme qui à l'âge de 15 ans fut victime d'un viol par une religieuse. Marie-Noëlle parle vrai, explique , s'indigne des mots qu'elle a entendus ou de ceux qui n'ont pas été dits. Malgré toute cette souffrance Marie-Noëlle, aujourd'hui encore, témoigne de sa foi, de son adhésion sans réserve au message de l'évangile. Le silence qui règne dans la salle traduit combien, tous, nous sommes bouleversés par son témoignage.
Troisième temps de cette soirée : une invitation à réagir, à prendre la parole. Pas facile de parler après ce que nous venons d'entendre. Peu à peu des réactions, des questions s'échangent entre voisins certaines paroles seront reprises devant l'ensemble du groupe
22 heures, comme annoncé dans l'invitation, la réunion s'achève par un temps de prière.
La réunion fut animée par une psychologue, pertinence de la décision d'avoir recours aux compétences d'une professionnelle de l'écoute.
Découvrant l'annonce de ces cinq soirées je m'étais dit : « Bravo, c'est courageux mais c'est ce qu'il faut faire ». Après ces deux heures écoulées j'ai le sentiment d'avoir vécu un moment très dense, utile, indispensable.
Marie-Noëlle, dans son témoignage, interpellait l’Église, l'institution, mais aussi chacun d'entre-nous, souffrant par exemple de ne jamais entendre au cours des prières universelles l'évocation de ce drame. Cette soirée, la forte participation , les mots entendus devraient la convaincre qu'une « page » est tournée, que ce ne sera plus comme avant. Ne pas se dérober , vouloir la vérité, toute la vérité c'est aussi ce qui « protégera » tous nos prêtres ou religieux innocents et qui ne doivent pas souffrir d'un amalgame irresponsable et délétère.
Francis Vandebeulque
La prochaine rencontre à lieu le 7 décembre 2021 à l’église de Rang-du-Fliers.