Message de Mgr Jean-Paul Jaeger à l'occasion du Centenaire de l'Armistice du 11 novembre 2018

10 et 11 novembre 2018

 

MESSAGE[1] À L’OCCASION DU CENTENAIRE

DE L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE

 

Chers amis,

 

Monseigneur Jaeger Monseigneur Jaeger  Le 11 novembre 1918, le clairon, puis les volées de cloches annonçaient la fin de combats meurtriers. Ils avaient fait plus de 18 millions de morts. Cent ans plus tard, tandis que nous faisons à nouveau sonner les cloches de nos églises, il n’est pas difficile d’imaginer le soulagement de soldats exténués et d’une population traumatisée. Le cauchemar prenait fin.

                        L’armistice n’est pas encore la paix. Il a fallu plusieurs années pour signer des traités. L’exigence des vainqueurs allait imposer des conditions que les vaincus d’hier allaient subir comme autant d’humiliations. Ces nouvelles blessures portaient en elles-mêmes les germes de la guerre suivante et les atrocités qu’elle cacherait.

                        Un conflit s’arrête toujours. La paix n’est jamais définitivement gagnée. Il est déjà bien et bon de ne plus faire la guerre. Il faut indéfiniment apprendre à construire et à reconstruire la paix.

                        Une grande partie des territoires de notre diocèse porte encore les stigmates de la « grande guerre. » Les nombreux cimetières militaires rappellent les vies et les familles brisées chez nous, près de nous et loin de nous. Les célébrations du « Centenaire pour la paix », et spécialement le rassemblement « Faites la Paix » en Avril dernier, nous ont redit qu’au-delà des hommages légitimes, nous avons, plus qu’ailleurs, le devoir d’être des artisans d’une paix juste. Nous savons qu’elle est fragile.

                        Le développement du savoir, de la science, de la technique, la multiplication et la diversité des moyens de communication ne garantissent pas à tous les coups, la bonne entente et la fraternité. Des hommes, des peuples ne sont jamais à l’abri de l’égoïsme, de la domination, de l’exclusion.

                        Faire taire la violence et les armes par lassitude, écrasement ou appauvrissement ne suffit pas. Notre humanité ne peut pas faire l’économie d’un regard renouvelé sur chacun de ses membres et sur elle-même. Elle se nourrit de la fraternité, du respect, de la reconnaissance, du partage, de la solidarité, de la coopération. Autant de trésors dont notre mission est de les enraciner dans le cœur de chacun, de les développer dans la vie quotidienne, pour qu’ils réussissent à s’imposer aux pouvoirs politiques, économiques, financiers, sociaux et culturels qui rêvent de conquérir le monde.

                        Durant cette assemblée dominicale, dans une prière unanime pour la paix, demandons au Prince de la paix, la grâce de servir et non d’être servis. Il n’y a que cette voie pour garantir l’avenir de notre humanité.

 

Mgr Jean-Paul JAEGER,

Evêque d’Arras, Boulogne et Saint-Omer

 

[1] Ce message peut être lu au début des assemblées dominicales de ce dimanche 11 novembre 2018.