Missel romain - La nouvelle traduction

Missel romain 2021 Missel romain 2021  Dès le 28 novembre, premier dimanche de l'Avent

 

En entrant dans une nouvelle année liturgique les 27-28 novembre prochains, premier dimanche de l'Avent, nos communautés accueilleront la nouvelle traduction francophone du Missel romain. Désormais, l'eucharistie sera célébrée en utilisant ce nouveau livre.  

 

 

 

Un nouveau livre

En entrant dans une nouvelle année liturgique les 27-28 novembre prochains, 1er dimanche de l’Avent, nos communautés accueilleront la nouvelle traduction francophone du Missel romain. Désormais, l’eucharistie sera célébrée en utilisant ce nouveau livre.

Certes, le livre sera neuf et donc nouveau, mais l’intérieur n’a pas été réinventé pour autant.

 

Une fidélité renouvelée aux intuitions de Vatican II

Ce missel est le fruit du Concile Vatican II. La constitution Sacrosanctum Concilium sur la liturgie[1] demandait en effet de réviser les livres liturgiques, dont le missel, pour permettre la « participation pleine, active et consciente » de l’ensemble du Peuple de Dieu à l’action liturgique, qui est l’œuvre même du Christ.[2]

L’édition typique, en latin, a été publiée en 1969, puis enrichie et à nouveau publiée en 1975, 2002 et enfin 2008. Demandée par Rome, la nouvelle traduction en langue française fut un travail de longue haleine, 15 ans, pour aboutir au livre que nous accueillerons bientôt.

Cette œuvre de traduction répond à la « triple fidélité » demandée par le Pape François en 2017[3] : fidélité au sens du texte latin original, fidélité à la langue dans laquelle on traduit, fidélité et prise en compte de l’univers du langage spirituel des fidèles.

 

Quelques exemples de nouveautés

Les plus apparentes tiennent à l’effort constant de l’Église de faire évoluer le langage de sa prière, en ajustant les gestes et les formules, pour permettre la participation de tous. L’édition met, entre autres, l’accent sur :

  • Une révision des traductions des prières, des préfaces et des dialogues rituels, compte tenu de l’évolution de la langue française.
  • La mention de l’importance du silence pour la réception fructueuse de la Parole de Dieu.
  • La mention, dans le symbole de Nicée-Constantinople, du terme « consubstantiel » remplaçant le « de même nature ». Le symbole des apôtres n’a pas été modifié.
  • Le renouvellement des formules de la préparation des dons et de la prière sur les offrandes afin de mieux manifester que Dieu est à la source de ce que nous lui offrons sous la forme du pain et du vin.
  • La proposition de 4 formules de renvoi de l’assemblée après la bénédiction finale, au lieu d’une seule actuellement.

 

Trois extraits

L’invitatoire de l’acte pénitentiel

Traduction actuelle :

« Préparons-nous à la célébration de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. »

Nouvelle traduction :

« Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché. »

 

 

Préparation des dons

Traduction actuelle :

« Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le pain de la vie. »

Nouvelle traduction :

« Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie. »

 

Renvoi de l’assemblée

Traduction actuelle :

« Allez, dans la paix du Christ. »

Nouvelle traduction :

« Allez, dans la paix du Christ. »

ou « Allez porter l’Evangile du Seigneur. »

ou « Allez en paix, glorifiez Dieu par votre vie. »

Ou « Allez en paix. »

 

Et désormais, que devons-nous faire ?

Nous allons recevoir cette nouvelle traduction qui nous enracinera davantage dans la fidélité à l’Eglise. L’année 2022 et l’ensemble du cycle liturgique ainsi déployé nous donneront le temps de découvrir et de goûter à nouveau la prière de l’Eglise célébrant l’eucharistie. Chacun pourra se renouveler dans sa foi personnelle ; nos communautés en seront enrichies.

Permettez-moi de cibler trois enjeux dans la réception de ce missel[4] :

  1. Parler de liturgie, y compris parmi les prêtres. Le sujet fut souvent sensible par le passé, où d’ailleurs on mettait en avant des « sensibilités liturgiques » trop souvent irréconciliables, hélas. Voilà pourquoi les prêtres de notre diocèse ont vécu le 19 octobre dernier une journée de formation sur ce nouveau missel, leur permettant aussi de discuter sereinement de ce lieu fondamental qu’est l’eucharistie. A coup sûr, avec les prêtres aînés et les diacres, une telle rencontre serait fructueuse dans nos doyennés.
  2. Former l’ensemble du Peuple de Dieu à l’intelligence du Mystère célébré. Comprendre et prier vont de pair, pour chaque membre de nos assemblées. Sans réduire l’eucharistie aux rubriques, à « ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas/plus faire », les baptisés ont droit à entrer dans l’intelligence de la liturgie : celle-ci est une des conditions de leur participation active. Plusieurs rencontres de présentation du nouveau missel sont déjà prévues : à Aire sur la Lys, St Martin-Boulogne, Condette, Blangy sur Ternoise, Le Touquet ou Blendecques. D’autres suivront dans les prochains mois.

 

 

Verbatim
Ce que nous célébrons est infiniment plus grand que ce que chacun en perçoit et en comprend.

Derrière chaque règle liturgique, il y a une règle d’amour : découvrez-la.

Mgr Leborgne, journée des prêtres du 19 octobre.

 

 

  1. Oser déployer la mystagogie. Faut-il en effet vraiment tout expliquer ? Notre pensée occidentale cartésienne a souvent tendance à dire que pour comprendre, il faudrait tout expliquer en amont. On a cru peut-être un peu naïvement après le concile Vatican II que l’abandon du latin pour les langues vernaculaires résoudrait comme par enchantement la question de l’intelligence de la liturgie. 50 ans plus tard, nous vivons dans un univers culturel post-chrétien, où les mots et les réalités qu’ils désignent deviennent pour beaucoup une terre étrangère. Dans ce contexte nouveau, le Missel peut être l’occasion d’une audace missionnaire : pouvons-nous proposer de nouveaux chemins pour la mystagogie, ce lieu traditionnel (au sens fort) de formation des baptisés, non pas avant ou pendant la célébration du sacrement, mais après l’avoir célébré ? Question cruciale parce que catéchétique, où justement les pasteurs, les catéchètes et les communautés sont attendus. Non pour « saisir » le mystère, mais bien pour nous « laisser saisir » par le Mystère de l’amour de Dieu. A suivre…

 

 

P. Emmanuel Fontaine, Service diocésain de Pastorale liturgique et sacramentelle.

 

 

Mélodies du missel romain

 

Le diocèse de Namur a mis en ligne les dialogues de l’ordinaire de la messe, chantés avec les partitions officielles incluses dans la nouvelle traduction francophone.

 

Voici le lien vers les partitions : Nouvelle traduction : mélodies | Service de pastorale liturgique (diocesedenamur.be)

 

Voici également le lien vers la playlist Youtube : Missel romain (2021) - Mélodies - YouTube

 

 

 

 

[1] Promulguée le 4 décembre 1963.

[2] Cf. Sacrosanctum Concilium 14.

[3] Pape François, Lettre apostolique en forme de Motu Proprio Magnum principium, Rome, 3 septembre 2017.

[4] Gilles Drouin, « Nouvelle traduction du missel romain : Enjeux théologiques et pastoraux d’une réception », La Maison-Dieu 305, 2021/3, pp. 43-61.