En Eglise, célébrer la Parole de Dieu
Formation en liturgie, Maison diocésaine à Arras
En eglise célébrer la Parole de Dieu
De très nombreux animateurs en liturgie ont répondu à l’invitation du service de liturgie pour une journée de formation avec, comme intervenante, Mme Michèle Clavier, Directrice de l’Institut de théologie pratique (Institut catholique de Lille).
Le rapport à l'Ecriture, hier et aujourd'hui
Dans une première partie de sa conférence, Michèle Clavier rappelait les évolutions de l’Eglise tant dans son rapport à la Parole de Dieu que sur la participation des laïcs dans la vie de l’Eglise et dans sa liturgie. C’est plutôt par quelques allusions qu’elle rappelait la distance dans laquelle les laïcs étaient tenus vis-à-vis de l’Ecriture : on ne devait pas la lire. Ce faisant l’Eglise catholique a ignoré les fortes paroles des Pères de l’Eglise, comme saint Jérôme : « Ignorer les écritures, c’est ignorer le Christ lui-même »
Fort heureusement au cours du XXème siècle le renouveau biblique (et ecclésial) a été reconnu et encouragé par les papes. Ce renouveau trouve son expression dans la constitution dogmatique Dei Verbum de Vatican II. Par exemple : « Dans les Saints Livres, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu'elles constituent, pour l'Eglise, son point d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Eglise, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. Dès lors ces mots s'appliquent parfaitement à la Sainte Ecriture: "Elle est vivante donc et efficace la parole de Dieu" (He 4,12), "qui a le pouvoir d'édifier et de donner l'héritage avec tous les sanctifiés" » Dei Verbum n°21. Le dernier synode romain sur l’Ecriture, voulu par Benoit XVI en octobre 2008 confirme, s’il en est besoin, la nécessité du bon usage de l’Ecriture en Eglise. Le renouveau du rapport à l’Ecriture est aussi caractérisé par les dispositions prises pour donner accès à plus de textes bibliques au cours des liturgies dominicales. Le lectionnaire s’est fort enrichi par rapport à celui d’avant le concile, rendons grâce à Dieu pour cette liturgie.
L’Ecriture est nourriture vitale pour tous les croyants. Autrefois on parlait tout au plus de la table de l’Eucharistie, puis on a parlé de la table de la Parole pour signifier le lieu où Dieu se donne en nourriture. Mme Clavier signalait aussi une troisième table où Dieu se donne, c’est la table de la charité, le service du frère. Ce service de la charité, pour Benoit XVI et Jean-Paul II, est inséparable du service de l’Eucharistie.
Place centrale de la Parole de Dieu dans toute liturgie.
L’intervenante a rappelé que la célébration de la Parole de Dieu plonge ses origines dans la tradition juive du culte synagogal : pas de liturgie authentique sans lecture et sans appropriation de la Parole. Ainsi on ne porte pas la communion aux malades sans qu’il n’y ait lecture de la Parole de Dieu. Les liturgies des premiers siècles en Eglise n’avaient pas besoin de Temple, mais elles se passaient au sein d’assemblées réunies autour de la Parole, comme l’affirme déjà le ch2 des Actes des apôtres v.42, ou encore Actes 20, 7-12. L’Assemblée fut, dès les origines, dominicale, autour de la Parole (enseignement des apôtres) et de l’Eucharistie.
Aujourd’hui encore l’Eglise se constitue en assemblées, non par devoir, mais parce qu’elle aime son Seigneur et ses frères. Jean-Paul II l’a encore rappelé dans sa lettre apostolique Dies Domini, “Le jour du Seigneur”. Le dimanche est la célébration du Christ mort et ressuscité, jour d’action de grâce et source d’espérance. Michèle Clavier concluait cette partie de son intervention en rappelant Ecclésia 2007, congrès de la responsabilité de toute l’Eglise : L’Eglise naît de la Parole et elle est au service de la Parole. La Liturgie de la Parole est un lieu essentiel pour toute communauté chrétienne, elle est conversation entre Dieu et les hommes.
Mise en oeuvre pratique
Dans une troisième partie, l’intervenante développait un certain nombre de points pour la mise en œuvre des liturgies de la Parole sans en oublier les prolongements éthiques, c’est-à-dire les dimensions de charité et solidarité qui découlent de l’accueil de la Parole. Retenons ces souhaits : donner goût et faim de la Parole, développer des liturgies plus accessibles ; se reconnaître appelés et envoyés. Faire que le peuple de Dieu soit participant de toute liturgie (si, du moins, le mot signifie action du peuple) ; respecter les différentes étapes d’une liturgie : accueil constitution de l’assemblée, lectures et réponses par le chant et le silence, homélie et commentaire, confession de la foi, prière universelle, action de grâce et bénédiction. Il revient aux animateurs de veiller à toutes ces étapes pour servir le peuple assemblé. Divers documents techniques furent remis aux participants. Ils eurent à travailler en ateliers des documents officiels (extraits de Dei Verbum). Pourquoi ne les reprendrait-on pas dans les équipes locales de liturgie ?
Intervention de Mgr Jaeger
En Eglise célébrer la Parole de Dieu En fin de journée à Arras, Mgr Jaeger venait remercier chacun de sa participation. Il venait aussi proclamer un texte dans lequel –contrairement aux propos qu’on lui prête ici et là- il souhaite que les chrétiens développent des célébrations de la Parole, en particulier le dimanche là où il n’est pas possible de se rassembler pour l’eucharistie. Bien entendu, on ne s’improvise pas animateur de célébrations de la Parole. Monseigneur est revenu sur la déclaration concernant les funérailles. Cette déclaration n’appelle pas à une présence obligatoire d’un prêtre, ce qui est décemment impossible dans le diocèse. Elle invite à trouver un juste équilibre dans la participation des laïcs et des ministres ordonnés lors des célébrations de funérailles. Dans sa monition Mgr Jaeger renvoie au texte des orientations publié le 13 mai 2005.
E.Hennart