Tournehem

Eglise Saint Médard

Eglise St Médard Tournehem  
Eglise St Médard
Eglise St Médard

 

TOURNEHEM

Eglise Saint Médard

 

 

 

 

L’église actuelle n’est pas très ancienne, elle ne remonte qu’à la fin du XVIIème siècle et le début du XVIIIème.

Reconstruite une première fois au XVème siècle par Antoine de Bourgogne,  fils naturel de Philippe le Bon et seigneur du lieu, elle a du souffrir des différents conflits qui ont affecté la région pendant le courant du XVIème siècle.

 

Faute de documents historiques, il n’est pas possible d’évaluer qu’elle a été l’étendue des désolations consécutives aux différents sièges et pillage (1542-1552-1595), ce dont on est certain, c’est que l’église a été durablement mutilée lors du pillage par les soldats de Turenne en 1667 au point de devoir être reconstruite dans son ensemble à partir de 1698.

 

Aujourd’hui l’église présente donc un vaste ensemble composite dont le plus gros de l’œuvre atteste la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle mais dans lequel on remarque encore quelques parties plus anciennes témoins d’une longue histoire.

Ainsi on voit encore quelques parties provenant de la grande église collégiale élevée au XVème siècle par le Grand Bâtard de Bourgogne mais plus étonnante encore est la nef qu’Enlart fait remonter à la fin du XIIème siècle roman et qui se trouve assez curieusement conservée dans ce contexte gothique.

 

Portail du XVème, il a reçu au XVIIIème une grande embrasure en plein cintre dont la date est donnée sur le claveau 1719.

Nef romane fin du XIIème siècle d’après Enlart (Héliot n’est pas aussi catégorique, il pense qu’elle pourrait aussi bien être du XVIIèmesiècle).

Petite porte avec archivolte en accolade au-dessus de laquelle on restitue la date suivante

AN 1552 NO.

Au-dessus du petit portail d’entrée est sculptée en relief la date : 1668, année probable de la réfection du bas-côté nord mutilé après le « raid français »de 1667.

Le chœur rebâti entièrement en 1757 (pierre saillante sur le mur nord) ne conserve aucune trace des constructions primitives.

 

 

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Le mobilier de l’église

 

Le mobilier de l’église est l’un des plus exceptionnels de notre région. Un hasard fort rare a fait que la paroisse a toujours été administrée par des marguilliers et des curés intelligents qui ont su protéger et même accroître le formidable patrimoine de leur église. Pendant la tourmente  révolutionnaire même, ils ont su tirer parti de la spoliation d’autres édifices religieux pour enrichir le leur.

 

Le retable : il constitue à lui seul l’une des plus belles pièces de l’église.  Il a  été exécuté en 1725 par les frères Piette, les plus célèbres sculpteur audomarois. La partie centrale de ce retable comporte une gloire et elle entourée par deux belles statues en chêne grandeur nature : à droite Saint-Eloi , à gauche Saint-Médard. Plus haut, dans un fronton cintré, on voit le Christ qui s’élève dans une nuée vers son Père.

 

Le maître autel : il consiste en deux parties bien différentes, la table d’autel en chêne sculpté a été achetée par la paroisse à une commune des environs de Merville. Sa réfection et son adaptation au mobilier de l’église et en particulier au retable a été confiée au menuisier Barte.

 

Le tabernacle, quant à lui, provient de la chartreuse de Sainte Aldegonde d’où il a été rapporté en 1792. Sur cette œuvre qui date sans doute du début du XVème siècle, les détails d’ornementation abondent au oint de former même un ensemble un peu lourd, du moins chargé.

Nous ne remarquerons donc que les trois bas reliefs : en dessous, Jésus rompant le pain avec deux disciples (sans doute s’agit-il de l’épisode des compagnons d’Emmaüs), sur les cotés : le sacrifice d’Abraham et David suivi des guerriers pénétrant dans le temple.

 

De chaque coté sont sculptées, à droite, la représentation de l’espérance tenant une ancre, et à gauche, la statue de la foi et de la charité tenant d’une main un calice et de  l’autre une torche enflammée.

 

Au dessus de ce vaste ensemble plane le Père Eternel qui semble tendre les bras à ceux qui s’approcheront de la table sainte, tandis que sur une banderole on peut lire  « Hic Est Filius Meus Dilectus ».

           

Les boiseries : les boiseries aux motifs corinthiens qui font le tour du chœur ont été exécutées, de même que les deux confessionnaux, au cours du XVIIIème siècle.

           

 

Les stalles : elles proviennent de Sainte Colombe, abbaye de Blendecques ruinée pendant la révolution. Elles s’adaptent fort bien aux boiseries récemment restaurées du chœur . A gauche, très belle statue de Saint Jean Baptiste, à droite Sainte Catherine .

           

La chaire : sa date en est donnée sur le fronton : 1730. Elle est l’œuvre de Jean Antoine Vanderssel . Sur la cuve , quatre panneaux représentant les évangélistes avec leurs attributs et leurs livres.

           

Les autels latéraux : Ils sont tous deux de style corinthien et sont peints comme le Maître Autel . Celui du sud, dédié à Saint Médard, possède un tableau représentant le Saint en pied. L’autel nord, qui parait un peu poins ancien, possède le tableau d’une Assomption assez dégradé. Dans la niche du haut une statuette de vierge de type espagnol.

           

Les peintures flamandes : l’église possède, accrochée aux colonnes de la grande nef, une remarquable série de huit tableaux peints sur bois provenant de l’Abbaye Sainte Colombe de Blendecques et acquise pendant la Révolution.

Ils représentent : 1°Entrée à Jérusalem, 2°La Cène, 3°Jésus au jardin des oliviers, 4°Le tribunal de Caïphe, 5°La Flagellation, 6°L’Ecce Homo, 7°Pilate se lavant les mains, 8°La Résurrection.

Puis, ces panneaux sur bois étant peints sur les deux faces, on peut encore voir : Saint Jean dans l’île de Pathmos, la Pentecôte, la messe de Saint Grégoire, etc…

 

Ce qui accroît encore l’intérêt de ces peintures, c’est que plusieurs d’entre elles sont semblables aux panneaux bien connus de l’église de Chambly (Oise) et il serait intéressant de déterminer laquelle de ces deux séries est la copie de l’autre. En tout cas, il semble bien que l’artiste inconnu qui a exécuté ces œuvres datées fin XVème commencement XVIème a été influencé par Memling ou par Gérard David.

 

Peintures du chœur : dans le chœur on peut encore voir quatre grands tableaux très détériorés, provenant comme les orgues du prieuré de Saint André-lez-Aire. Ils représentent : 1° Une Cène, 2° Une descente de croix,  3° L’adoration des mages, 4°L’Adoration des bergers.

 

 

Les orgues : c’est le 7 mars 1792 que l’officier municipal de Tournehem acheta l’orgue du prieuré Saint-André-les-Aire pour le protéger de la Révolution. On confia le soin de transférer l’instrument au facteur Jean-François Guilmant de Saint-Omer ainsi qu’aux menuisiers Chifflart et Thuilliez et le 26 mai de la même année le tout était remonté dans l’église de Tournehem. On ne connaît malheureusement pas le nom du facteur qui construisit cet orgue. Néanmoins, on trouve inscrit deux fois la date de 1755 sur les parois latérales du buffet. Faut-il penser qu’il s’agit de l’année de construction ou d’une restauration ?

Dans ce dernier cas, l’instrument daterait du début du XVIIIe siècle.

 

L’orgue de Tournehem possède encore une très grande partie de ses tuyaux d’origine car, malgré une restauration en 1850 par Van Peteghem, l’instrument réussit à échapper aux mauvaises restaurations entreprises depuis le XIXe siècle et il put être classé monument historique en mai 1939.

 

Etant à l’abandon depuis plusieurs années, l’orgue vient d’être restauré de 1974 à 1976 par la maison Mulheisen de Strasbourg. Il convient particulièrement bien à l’exécution de la musique française classique.

 

Pour être complet, il faut remarquer également :

- une petite console du XVIIe siècle dans la partie droite du coeur.

- deux beaux anges en bois se tenant en adoration à gauche et à droite du maître autel.

- deux lustres en bois sont suspendus dans les deux nefs latérales Ils sont recouverts de peinture et seront restaurés.

- un bras de saint Médard est exposé sur le petit autel “sud”.

- une belle vierge du XVIe siècle, elle provient de l’église de Guémy. Elle fait face au petit portail d’entrée et semble souhaiter la bienvenue.

- le Christ qui fait face à la chaire a été retrouvé par hasard entre le grand retable et la sacristie, il est difficile de dire son ancienneté.

- Le chemin de croix de l’église est composé de tableaux peints à la main. Ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais il est bien composé et les couleurs sont belles.

- à remarquer, pour finir, une belle vierge placée dans le coeur. Elle est très fine et d’une expression sereine et douce.

- L’escalier du clocher est très travaillé et très ancien. Le nouvel escalier qui monte aux orgues est tout récent, mais il respecte le style de l’église.

 

 

Les cloches : la cloche actuelle pèse 631 kilogrammes et elle porte l’inscription suivante : “Je me nomme Marie-Eugénie mon parrain est Mr Vandroy, maire de la commune, ma marraine Mme Trogneux, née Eugénie Decroos.

Mr Fouble-Binet président de la fabrique et adjoint. J’ai été fondue en 1874 pour Tournehem et bénite par Mr Foulon curé de la paroisse depuis vingt ans”.

Le métal de cette cloche provient d’une autre cloche qui avait été fondue en 1849 pour Tournehem. Le fondeur Bécus l’avait fondue le 12 avril 1849 et l’avait garantie, par déclaration signée, jusqu’à sa mort. Le 3 février 1850, la cloche se fêlait en sonnant ses funérailles (anecdote rapportée par G. Acremant dans le Courrier du Pas-de-Calais du 5 mai 1905).

 

                                                                                                                    

                                                                                                          Un paroissien 

 

 

La pierre tombale

Bien que l’on puisse penser qu’il y en ait eu jadis davantage, on ne voit plus dans l’église qu’une seule pierre tombale. Il s’agit d’un carré de marbre blanc placé dans le dallage de la basse nef sud près de l’autel Saint-Médard et dont voici l’inscription :

D.O.M

CY GIST M. JEAN BAPTISTE BENOIST

VIVANT PRETRE CURE DE TOURNEHEM ET DOYEN DE DISTRICT

DECEDE LE HUIT JUILLET 1742

AGE DE 66 ANS AYANT ESTE 33 ANS CURE DUDIT LIEU LEQUEL A TOUJOURS ESTE ZELLE POUR LA DECORATION DE SON EGLISE

REQUIESCAT IN PACE