Un sapin, une creche, des bougies?
Pour comprendre Noël, symboles et récits
Accueil, maison St Joseph à Bethléem, ensemble pastoral créé par le patriarcat catholique syrien d’Antioche, en 1970)
"A l'auberge, il n’y avait pas de place pour eux !
Autour de Noël
Un sapin, une crèche, des bougies, de la lumière, des guirlandes, des cadeaux... de où cela vient-il ?
L’origine de notre mot Noël vient du latin natalis, naissance, nativité. Fêter noël, c’est fêter la naissance de Jésus.
Un seul évangéliste, Luc, évoque la nativité, mais son intention était ailleurs. Il ne donne aucune date. De rares éléments permettent une estimation de la naissance vers -5 ou -6 avant notre ère. C’est seulement vers 330 que l’on voit apparaître à Rome une fête de Jésus, le 25 décembre. Dès les origines du christianisme la fête principale concernant Jésus-Christ était la fête de Pâques.
Pourquoi le 25 décembre ?
Il existait à Rome, autour du 25 décembre, une fête importante en l’honneur de Mithra, un dieu d’origine perse. Sa religion était en concurrence avec le christianisme grandissant. Au début du IVème siècle, christianisme devient religion officielle dans l’empire. En même temps que Mithra, Rome comme bien d’autres religions, fêtait le solstice d’hiver, le moment où le soleil reprend de la vigueur au cœur de l’hiver. Rome reprend peut-être une veille tradition celte où l’on fête la lumière gagne sur les ténèbres. C’était le Sol invictus ou Soleil vainqueur. Or c’était aussi une des manières de désigner le Christ… Les chrétiens ont donc associé la fête de Jésus à la fête de la Lumière. « «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière» (Isaïe 9,1).
Oui mais, le solstice, c’est le 21, et Noël le 25 ?
La différence de date est le résultat d’un problème de calendrier. Depuis Jules César on avait fixé un calendrier qui ne correspondait pas exactement au calendrier solaire. Le décalage s’est accentué jusqu’en 1582, année où le pape Grégoire décide d’une « remise à jour » du calendrier, comme on remet à l’heure une montre qui retarde. Cette année-là, on sauta dix jours, mais on conserva la date de Noël au 25 décembre par respect pour les décisions du concile de Nicée (325). Chez les chrétiens d'Orient qui ont gardé le calendrier julien, Noël sera fêté le 7 janvier à cause du décalage de 13 jour avec le calendrier julien.
Les cadeaux ?
Les romains, huit jours durant, faisaient la fête, les saturnales, du 17 au 24 décembre. Le christianisme a cherché à éradiquer le paganisme et les orgies de la fête du soleil. Il fallait pense rau don que Dieu faisait à l’humanité en la venue de Jésus son fils. Dans la logique de Noël, on va donc se montrer généreux, en offrant des cadeaux, particulièrement aux enfants. Mais comme ces cadeaux sont censés venir du ciel, le donateur tentera ou feindra de rester anonyme. Selon les pays, les cadeaux sont apportés par le Christ lui-même; par les rois mages, par saint Nicolas ou son substitut «laïque» le Père Noël.
La tradition des cadeaux aux enfants a été popularisée par le luthéranisme. Auparavant, c’est en effet à la Saint-Nicolas, au Jour de l’an ou à l’Épiphanie que les enfants recevaient leurs cadeaux. La plus ancienne tradition connue la fait remonter en 1559, à Nuremberg (Allemagne), où on note le passage du « Kindleinbescheren", du Jour de l’an à Noël. C’est d’ailleurs la demande de jouets qui a suivi qui serait à l’origine du premier marché de Noël!
Pour les chrétiens aujourd'hui, les cadeaux symbolisent le don de Dieu fait aux hommes en la personne de Jésus-Christ.
Les santons ajoutés aux crèches, surtout provençales, représentent la vie locale, celle d'hier, mais aussi d'aujourd'hui, en témoignage à l'humanité de Dieu présent à notre monde. D'autres se sont dépouillées jusqu'à l'extrême dans l'intention d'inviter au regard intérieur tourné vers l'essentiel de la foi: Dieu devenu homme par amour pour nous.
La crèche, une tradition médiévale.
Elle rappelle le récit de la naissance de Jésus. Les mages y sont ajoutés le jour de l’Epiphanie. Le mot vient du latin cripia, mangeoire et, selon Origène (IIIème siècle), on montrait aux pèlerins de Bethléem la mangeoire qui aurait servi de berceau à Jésus.
Mais c’est dans la tradition des mystères du Moyen-âge, ces saynètes mimant les évangiles de l’enfance devant les Eglises au moment de Noël qu’il faut chercher l’origine de la crèche actuelle. La tradition rapporte que c’est saint François d’Assise qui, en 1223, eut l’idée de célébrer Noël avec les habitants dans la forêt toute proche de Greccio: une crèche vivante. L’idée se répandit rapidement dans toute l’Europe avant que, sous l’influence notamment des jésuites, on se mette à utiliser des crèches sculptées. Il n'y avait alors aucune représentation de Marie et Joseph, et la présence de Jésus, c'était l'eucharistie.
Le sapin et la crèche.
Deux éléments du décor de Noël, à l’origine indépendants l’un de l’autre, se sont trouvés associés au fil des siècles, dans l’occident chrétien.
L’arbre du paradis.
Au cours du Moyen-âge, la présentation des mystères sur les parvis des cathédrales jouait devant le peuple chrétien des scènes bibliques, et parmi elles l’histoire d’Adam et Eve avec l’arbre du jardin d’Eden. Garni de pommes, il signifiait l’arbre défendu (Genèse ch. 3). Cet arbre symbolisait en même temps la croix du Christ dont l’Incarnation sauve l’humanité. Dans sa lettre aux Corinthiens ch. 15, saint Paul avait associé le premier Adam au Christ, nouvel Adam.
Le sapin de Noël
Le sapin est connu à Sélestat en Alsace dès 1521, pour les fêtes de Noël. Cependant il existait dans les lointaines traditions païennes la présence de l'arbre symbole de vie. Au moyen-âge chez nous,Devant la difficulté de trouver un pommier avec ses fruits en plein décembre, on choisit alors un sapin. Bien plus tard les boules de décoration se feront en verre On installa l’arbre toujours vert dans les maisons où il est plus ou moins richement décoré mais, à son faîte, doit briller une étoile qui rappelle celle qui apparut aux Rois mages et qui annonçait la fin du voyage, le havre de la paix auquel aspire tout chrétien à la fin de la recherche de Dieu. Privilégié en Allemagne par les protestants, plutôt que la crèche, le sapin revient en France en 1837, grâce à la princesse Hélène de Mecklembourg, belle-fille de Louis-Philippe par son mariage avec le duc d’Orléans. Elle fit élever un sapin devant les Tuileries à Paris. Grâce à ses aiguilles toujours vertes, le sapin symbole d’immortalité, représente quelque chose de la vie au cœur de l’hiver –et de la nuit-
L’association de la crèche et du sapin.
Notre décor de Noël aujourd’hui associe la crèche de François d’Assise et le sapin de Noël, héritier de l’arbre des mystères du Moyen-âge. La crèche n’est donc pas un accessoire au sapin de Noël. Les deux éléments, d’origines indépendantes, se sont trouvés associés au cours du deuxième millénaire. Autant le sapin a une origine à la fois païenne et chrétienne, autant la crèche n'a qu'une signification religieuse. On pourra regretter de voir s’estomper, ces dernières années, l’association de ces deux éléments lors des festivités de fin d’année pour ne garder que le sapin… Il dépend de nous de garder non seulement la féérie des fêtes de la lumière, mais aussi la crèche et le sapin, qui serviront à rappeler et faire comprendre les symboles de la foi, quand petits et grands sont rassemblés.
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L'âne et le boeuf
L’âne et le bœuf, absents des Evangiles, ont été associés par des évangiles apocryphes pour rappeler une phrase d'Isaïe, 1,3 : "Un boeuf connait son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître: Israël ne connait pas, mon peuple ne comprend pas!" Pas flatteurs mais trés évocateur! Saint Augustin y voyait une allégorie des païens et du peuple juif.
Mais les lecteurs perspicaces de Matthieu auront remarqué que la parole de l'ange à Joseph en Egypte ressemble étrangement à la parole de Yahvé à Moïse :
Matthieu 2, 19-20 "Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d'Israël ; car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant." Il se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, et rentra dans la terre d'Israël"; et au livre de l'Exode, après la vocation de Moïse au buisson ardent :
Exode 4, 20: "Yahve dit à Moïse : "Va, retourne en Egypte, car ils sont morts, tous ceux qui cherchaient à te faire périr." Moïse prit sa femme et son fils, les fit monter sur un âne et s'en retourna au pays d'Egypte. … Tu diras à Pharaon : Ainsi parle Yahve : mon fils premier-né, c'est Israël. Même l'âne est signalé. Matthieu médite la vie de Jésus à l'image de celle de Moïse.
Les créches furent d'abord des représentations dans les églises, avant d'être installées dans les maison, à partir du XVème siècle. Les crèches d'aujourd'hui ont beaucoup évolué, certaines sont davantage folkloriques avec de nombreux santons, mais la plupart gardent le souci de signifier notre présence et notre vie quotidienne autour de Jésus. L'interdiction de la messe de minuit, lors de la Révolution française a, involontairement, développé une 'liturgie domestique', dans la nuit.
Les Messes de Noël.
Dès le VIème siècle s'est établie la tradition de trois messes de Noël....
La messe de minuit ou messe des anges célèbre la naissance de Jésus et le chant des anges. La messe de l'aurore célèbre la venue des bergers de de l'adoration matinale de Jésus. Enfin, La messe du jour célèbre la naissance de Jésus et sa venue comme lumîère du monde : en pleine lumière.
On célébrait aussi une messe de la vigile (veille), appelée messe de l'Emmanuel en mémoire de l'annonce par les prophètes de la venue de l'Emmanuel : "Dieu avec nous".
L'étoile, les mages
Seul Matthieu, dans les récits de l'enfance évoque les mages et l'étoile qui les aurait guidés d'Orient jusqu’à Bethléem. Il est inutile de vouloir l'identifier à un évènement cosmique qui se serait produit à la naissance de Jésus. Pour Matthieu, c'était une invitation à relire le psaume 72, ou le texte d'Isaïe 60, 1-2. Pour les premiers chrétiens d'origine juive, c'était une manière de faire comprendre l'aboutissement en Jésus des Promesses: "Tous viendront de Saba, apportant de l'or, de l'encens et rendant gloire à Dieu". Ce n'est que bien plus tard, après le 5ème siècle que la légende fait venir de Perse trois 'rois' mages (devin). Au 7ème siècle on leur donne les noms de Melchior, Balthasar et Gaspard. Plus tard, au 15ème siècle, on leur attribue des races, signe de l'universalité rassemblée autour de Jésus. La galette se rattacherait à un culte solaire pré-chrétien.
Appelée épiphanie, la fête du 6 janvier signifie "la manifestation de Dieu" à tous les hommes de la terre.
Parmi les récits d'évangile, la nativité est sans doute le récit le plus repris dans l'art chrétien, au point de faire de la naissance de Jésus un "en-soi" séparé de tout l'enseignement dont sont porteurs les évangiles. Derrière les images graves ou joyeuses de la Nativité se devine l'annonce de la passion, voir Luc, présentation au Temple. Jésus nait au monde terrestre pour faire naître les hommes à la vie divine. C'est le sens de la méditation de St Jean: "il est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu... à ceux qui l'ont reçu, il donne de devenir enfants de Dieu".
Voir aussi: l'arbre de Jessé; ou préparer la crèche ou encore, le site de caté-ouest
Vivre Noël 2009 autrement Méditation sur les icones orthodoxes