Le séminaire de Lille
la formation aux ministères
Formation au ministère presbytéral.
Dans quelques jours le séminaire interdiocésain de Lille organisera un Week-end portes ouvertes, les 16 et 17 mai. Fondé en 1931, après la création du diocèse de Lille, c’est aujourd’hui un institut de formation qui accueille une quarantaine de jeunes hommes de sept diocèses, envoyés par leur évêque, des provinces du Nord et de Champagne-Ardenne.
Quelques chiffres
Parmi les séminaristes, 34 séminaristes issus de huit diocèses et 7 futurs religieux. 15 séminaristes sont originaires du diocèse de Lille (soit 1 pour 100.000 habitants) et 19 proviennent de sept autres diocèses (soit 1 pour 250.000 habitants). Lille aura donc un contingent notable de jeunes prêtres, ce qui n'est pas le cas des sept autres diocèses. Cependant, dans le diocèse de Lille, les prêtres de moins de 40 ans sont passés de 505 en 1958 à 14 en 2006, soit 36 fois moins. Pour le diocèse d’Arras, on comptait en 1958: 409 prêtres de moins de 40 ans et 124 prêtres de plus de 70 ans sur un total de 1143. En 2008 : 11 prêtres de moins de 40 ans - 222 prêtres de plus de 70 ans sur un total de 307. Chaque diocèse est donc appelé à compter sur moins de prêtres, et à envisager différemment la place des ministres ordonnés.
Qui sont-ils?
L’âge moyen des séminaristes est de 27-28 ans. Certains ont déjà eu une expérience professionnelle d’une ou plusieurs années. Certains sont diplômés universitaires, d’autres ont suivi une année au séminaire d’Orléans afin d’acquérir un niveau baccalauréat. La plupart d’entre eux ont été orientés par les services diocésains des vocations. Un certain nombre sont issus de familles chrétiennes. Les entrants ont une expérience centrée sur le Christ, l'Eucharistie et très souvent l'Adoration. Cependant leurs connaissances religieuses sont généralement assez faibles et, au séminaire, un effort sérieux est nécessaire pour appréhender le savoir indispensable au sacerdoce. Pour certains, il existe un parcours différent au cours duquel ils continuent leur vie universitaire ou en entreprise et prennent un week-end par mois, de discernement et de formation.
Quelles formations?
La formation aux ministères est définie par deux textes, l’un de Jean-Paul II, l’autre de la conférence des évêques de France. Les orientations sont définies autour de quatre piliers qui doivent les aider à savoir rendre compte de leur foi au plus juste. Ce sont :
- La formation humaine : homme inséré dans une communauté humaine, gestion de groupe etc.
- La formation spirituelle, où ils découvrent le champ très diversifié des spiritualités, au-delà de la sienne propre. Prière personnelle (méditation, lectures) et communautaire (office des heures, eucharistie)
- La formation pastorale : participation à la vie des paroisses, des mouvements
- La formation intellectuelle : la Bible, la théologie, les philosophies, l’histoire des religions, de l’Eglise, etc.
Pour soutenir et compléter cette formation existe une vaste bibliothèque. Bien sûr l’accès à l’Internet leur permet d’autres ouvertures, où ils apprennent avec leurs enseignants à discerner dans la foire au religieux ce qui peut être utile à la foi catholique. Dans leur formation pastorale des liens sont constants avec les laïcs de l’école de formation des animateurs laïcs (Cipac), et avec les animateurs pastoraux en activité en paroisses. Travail personnel et travaux de groupes sont associés car, dans leur ministère, il leur faudra savoir échanger et débattre. Un tuteur pédagogique les aide à structurer leur pensées, leurs découvertes, à prendre confiance en soi, à discerner les bons outils. Certains cours sont dispensés par des enseignants de haut niveau, à la faculté de théologie de Lille. Les deux premières années sont un parcours général d’initiation aux différentes matières ; les quatre années suivantes développent les matières abordées en premier cycle
En interne et en externe
Ces jeunes hommes qui se préparent au ministère presbytéral logent sur place, du lundi au vendredi. En fin de semaine, ils sont ‘insérés dans une pastorale en paroisse… Durant ces six années une grande attention est portée à la vie spirituelle. Au bout de ces six années de formation, ils savent qu’ils auront à participer à des formations en continu, soit sous forme de sessions, soit par la lecture, ce qui suppose pour eux, de savoir préserver un espace personnel de formation tout au long de leur vie.
Ils sont ordonnés diacre au cours de la cinquième année, et passeront la sixième à mi-temps entre insertion pastorale et vie au séminaire. Au cours de cette année avant l’ordination presbytérale, l’attention est portée sur l’aptitude à vivre dans une communauté de chrétiens, sur l’aptitude à l’écoute, sur l’aptitude à la rencontre de chrétiens d’horizons différents, de niveaux sociaux différents. Ces trois aptitudes sont des repères dans ce qu’on pourrait appeler le « profil d’un pasteur ».
A partir d’une Interview du père Akonom, supérieur du séminaire, et de Mgr Pascal Delannoy
Les vocations en France et en Europe.
Il est courant de parler de crise des vocations. La baisse des vocations a commencé il y a bien longtemps, dès le 19ème siècle, mais s’est accru depuis le milieu du XXème siècle. Y-M Hilaire demande à nuancer le terme de crise et préfère demander : de quels prêtres l’Eglise a besoin ? Il appartient aux communautés paroissiales et aux évêques de répondre à cette question.
Les ordinations en France?
Le chiffre des ordinations de prêtres séculiers en France a décru à partir de la guerre d'Algérie et la fermeture des petits séminaires et son déclin s'est accéléré avec la crise religieuse et culturelle aiguë qui a sévi de 1965 à 1977 ; on est passé de 825 ordinations en 1956 à 646 en 1965 et à 99 en 1977. Depuis cette date, une stabilisation s'est produite autour de 100 à 120 par an. Il faudrait cependant ajouter à ce chiffre les ordinations provenant des instituts séculiers
En Europe
En Europe occidentale, la France relativement stable à un niveau assez bas, se situe entre des pays du Nord où les ordinations sont très peu nombreuses (Pays-Bas, Belgique) ou en déclin (Allemagne, Irlande) et une Ibérie (Espagne, Portugal) où elles demeurent plus élevées que chez nous. En revanche, l'Italie, qui connaît la même mutation de civilisation que nous, a quatre fois plus de jeunes prêtres que la France.L’Europe du Centre Est (Pologne, Slovaquie, etc.) a beaucoup d'ordinations et peut envoyer des missionnaires dans d'autres pays.
Répartition des jeunes prêtres en France
1 ) Les diocèses qui ont des prêtres relativement nombreux
Certains diocèses ont des prêtres relativement nombreux, ceux qui ont créé des séminaires dès les années 1980 à partir de diverses expériences: Toulon-Fréjus, qui a fait appel pour partie à des vocations venues de l'extérieur; Belley, qui a fondé à Ars un séminaire international, et Paris (84 sém. En 2005) qui a rénové la formation sacerdotale dans les domaines du discernement et de la fondation spirituelle (apprentissage de la prière, la lecture expliquée de toute la Bible, un stage d'un mois en hiver auprès des pauvres et des malades, une grande retraite en mai. Après ce temps d’initiation, deux cycles de formation, deux ans de philosophie, puis quatre ans de théologie à l'École-Cathédrale de Paris, les séminaristes étant logés dans des maisonnées rattachées chacune à une paroisse. Sont assez nombreux les séminaristes des diocèses de Strasbourg et Metz (statut concordataire).
2) Les diocèses qui ont un certain nombre de jeunes prêtres
En particulier dans certaines régions demeurées relativement pratiquantes: (par exemple, entre 1990 et 2002, Nantes a 36 ordinations, Rennes 29. Pour la même période Lyon a 60 ordinations, Lille en a 28. Certains diocèses ont fait appel à des prêtres venus de l'extérieur. Ainsi les diocèses de l'lle-de-France, du Sud-Est méditerranéen et de l'Est du Massif Central.
3) Les diocèses qui ont peu de jeunes prêtres
C’est une vaste zone peu pratiquante qui va des Pyrénées aux Ardennes englobant Champagne et Picardie. Ce sont les anciennes chrétientés franc-comtoises, alpestres et du Sud du Massif central. La plupart ces diocèses n'ont guère fait appel à des prêtres venus d'ailleurs ou étrangers.
A partir d’un document de Y-M Hilaire publié par l’AECR (Association pour l’étude des comportements religieux.
Témoignage
Sébastien Roussel
Séminaire de Lille. Une bonne vision de l'Église de France
Sébastien ne sait pas d'où vient sa vocation. Il se souvient qu'a l'âge de 7 ans déjà, il était attiré par la vie presbytérale. À chaque étape de la vie, sa vocation s'est confirmée. La crise d'ado au sortir du collège n'y a rien fait. Sept années de travail à la communauté de commune de l'Atrébatie dans la mise en valeur du patrimoine n'y a rien fait non plus. La vocation de Sébastien a tenu bon. Il voulait être prêtre diocésain.
« Pour devenir diocésain, constate Sébastien, l'idéal est d'entrer dans un séminaire près de chez soi. » Nous avons la chance d'avoir un séminaire à Lille. Il accueille des étudiants du Nord-Est de la France. Ils viennent de huit diocèses sans compter celui qui vient du Havre. « En étant à Lille, l'insertion locale peut se faire dans mon pays. Ça facilite beaucoup de choses dans la connaissance de mon diocèse. » Ceux qui viennent de Reims ou de Langres n'ont pas cette chance. Pourtant Sébastien trouve intéressant de partager ses journées avec des séminaristes venus d'autres départements : « On a la chance de constater les différences vécues dans les autres diocèses. À Lille, nous avons un panel intéressant. Ça donne une bonne vision de ce qu'est l'Église à travers la France. »
Le séminaire de Lille accueille actuellement trente-cinq séminaristes. Cinq d'entre eux sont originaires du Pas-de-Calais : deux en troisième année, Sébastien en deuxième année et deux en première année.
Pour recevoir tout ce monde, le séminaire de Lille a des atouts indéniables. Grâce à sa rénovation récente, il est très confortable. Le cadre est agréable et il permet à chacun de se préserver un minimum d'autonomie. « Il nous permet de grandir de façon personnelle », confie Sébastien. Le bâtiment est impressionnant. Cela a provoqué une réaction étonnante chez Sébastien. « Je me suis senti tout petit. J'ai pris la mesure de ma place dans l'Église. En voyant la taille de la maison, j'ai pris conscience que la tâche est grande. »
J. C.