Démons et merveilles

Fragilités et merveilles repérées dans le diocèse

Servons la fraternité Diaconia2013  
Servons la fraternité
Servons la fraternité
 
Dans la dynamique de Diaconia 2013, chacun, seul ou en équipe de mouvement ou service ou en EAP etc. était invité à voir, à observer les fragilités et les merveilles dont il était témoin. Petits bonheurs et petits malheurs… Parmi les nombreux témoignages qui parviennent au diocèse, voici quelques pages glanées.

 

Présentation sur le site national: http://diaconia2013.fr/

 

 

Expérience de fraternité


 Un jour ensoleillé de promenade en vélo dans la campagne un couple découvre dans un bosquet d’arbres, près de l’autoroute A26, un groupe de Vietnamiens dans une situation plus que précaire. Il prévient le maire du lieu et lance u n appel. J’y réponds, prévenu par un ami, ainsi que beaucoup d’autres. Nous sommes une vingtaine de personnes. Ainsi est née la “Fraternité migrants bassin minier 62”.

Accueil de Vietnamiens réfugiés église des Brebis Accueil de Vietnamiens réfugiés église des Brebis   Je me retrouve très bien dans ce groupe où j’ai une toute petite place, plus administratif qu’actif. Chacun se détermine. Je suis chargé de récolter des vêtements et de les porter à la “Fraternité”, une association qui trie, répare et redistribue ces vêtements. J’apporte des sacs-poubelle. Un dimanche après-midi, je vais avec quelques autres déblayer le terrain : nettoyer, déraciner ranger. Je crois que ce geste ordinaire a marqué. Je fais partie de la “fraternité migrants”, quoique bien modestement… Je suis là. Notre groupe est composé de personnes d’opinions très différentes, surtout au plan de la foi, mais où l’humain reste prioritaire.

 

Le chemin de la rencontre
 

 

aumonerie des prisons aumonerie des prisons   Alain me croise dans le couloir de la prison. Je ne le connais pas et c'est même la première fois que je le rencontre. Tout de go, il me demande si je peux lui trouver les Actes des Apôtres J'acquiesce et m'empresse d'en savoir un peu plus. Il me répond que la personnalité de saint Paul le frappe et qu'il est fort intéressé par la façon dont il parle de Jésus, comme sommet de la création. J'opine dans son sens et pars sur le terrain de l'évolution très cher à Teilhard de Chardin ... et je découvre, ô surprise, qu'Alain est un lecteur assidu de l'œuvre de Teilhard de Chardin, qu'il connaît très bien.....
Alain se souvient très bien de ce tout premier contact et depuis, nous nous retrouvons assez régulièrement au gré de mes déplacements, car il ne vient pas à nos rassemblements du dimanche. Il est passionné par le livre de d'Ormesson que je lui ai prêté “C'est une chose étrange à la fin que le monde” et c'est à chaque rencontre une occasion d'affiner ensemble notre approche de Dieu et de son projet sur le monde. Un soir, Alain a perdu courage. L'annonce de sa mort m'a profondément ému et troublé. Je n'avais rien senti venir.
Mais je sais maintenant que le Seigneur m'avait placé sur le chemin de sa rencontre avec lui.

 

Au service du frère
 

 

Quelqu’un me signale un cas de détresse (femme victime de violence du mari). Il faut pouvoir lui trouver un lieu d’hébergement le jour-même, dans l’urgence. Cela soulève la question du problème du logement dû beaucoup à la rupture des couples. Des voisins (amis) proposent spontanément de l’héberger momentanément. Dans le même temps, le jour même, la municipalité fait une proposition de relogement, alors que j’étais en train de chercher un gîte.

 

Fragiles au cœur de la célébration
 

 

Notre fils a intégré un foyer d'accueil médicalisé pour personnes autistes en 2000. Nous souhaitions qu'il puisse continuer à avoir une vie de foi et avons rencontré les responsables diocésains de la catéchèse adaptée. Nous nous sommes ensuite adressés à la direction du foyer d'accueil et aux autres parents. Un groupe composé de cinq résidents, de trois bénévoles et d'une éducatrice s'est mis en route. Au début les rencontres se déroulaient au sein du foyer, puis le Directeur nous a mis un véhicule à disposition et les rencontres se font désormais au sein de la paroisse voisine.
Il y a quatre rencontres par an notamment pour les temps liturgiques importants; Noël, Pâques
Nos enfants ne parlent pas, sont très instables, peuvent mettre leur vie en danger, pourtant ils comprennent très bien l'objet de ces rencontres et vivent avec joie ces temps de convivialité et de prière. Nous vivons cette expérience comme une réponse de l'amour de Dieu pour le plus faible. Tout a été possible grâce à la disponibilité des bénévoles, la bienveillance de la direction du foyer, l'engagement de l'éducatrice et l'accueil du curé de la paroisse.

 

Notre pain de ce jour
 

 

 Nous sommes à quinze personnes autour de la table et nous échangeons sur notre vie au travers des textes de ce dimanche. Michel se met à vociférer et à critiquer avec violence la justice, le juge, les avocats, la société, le directeur du centre pénitentiaire... tout le monde y passe. Ses quatorze collègues écoutent en silence ; je n'interviens pas... et cela dure.... dure… à la limite de l'acceptable. Il finit par se taire, presque exténué. J'insiste sur l'écoute dont nous avons tous fait preuve et nous reprenons le fil de notre partage.Maison diocésaine de Raismes Les disciples d'Emmaüs  
Maison diocésaine de Raismes
Maison diocésaine de Raismes


Comme nous avons l'habitude à la fin de chaque rencontre, nous prions avec le Notre Père. En arrivant à la phrase : “donne-nous notre pain de ce jour”, je ne sais pourquoi, je m'arrête et je pose la question à Michel : “pour toi, qu'est-ce que ça veut dire 'donne-nous notre pain de ce jour’? Il répond “qu'on enlève la haine que j'ai dans mon cœur…” Et dans la foulée, nous nous disons les uns aux autres le pain dont nous avons besoin aujourd'hui et que nous demandons au Seigneur. Depuis ce jour, je ne dis plus le Notre Père sans me rappeler ce moment extraordinaire.

 

Roms à la porte de l’Eglise.
 

 

Plus particulièrement un cas que je connais : Daniela, 18 ans, deux enfants de 2 et 1 an. Elle fait la mendicité à la porte de l’église le dimanche. Une dame qui l’accompagne la signale à deux d’entre nous. Cette personne lui tient compagnie pendant l’heure de la messe au lieu d’y participer. Elle la réconforte, lui apporte des vêtements, de na nourriture.. ; Nous passons, à trois, un moment avec elle après la messe. Nous l’écoutons : son mari a été expulsé et elle vit avec sa belle-mère qui la bat. Nous essayons de résoudre les problèmes : en plus de la nourriture, le gaz, la maladie des enfants à conduire à l’hôpital. Nous nous mettons en lien avec le collectif des roms…

 

Fragile et démuni
 

 

M… 13 ans a un petit copain de 21 ans. Les parents trouvent normal qu’elle dorme chez lui. Elle décroche, sa scolarité devient de plus en plus chaotique. Elle est le plus souvent absente, fugue. Elle tombe enceinte. Elle est placée en foyer où elle accouche. Au bout de quelques mois, elle demande à revoir ses parents. Elle accepte de revenir en classe (alterne cours et stages). Elle redevient très vite absentéiste et fugue de nouveau. Les mises au point des éducateurs, établissement, parents ne débouchent sur rien. Nous sommes démunis.

 

Sur le chemin du cimetière
 

 

Il y a un an, je suis allé préparer la célébration de funérailles d'une dame. Son mari me dit de suite : "Tu sais moi je suis athée." Je ne m'attendais pas à cette franchise de la part de cet homme. Sur le coup, je suis resté muet puis, certainement aidé par l'Esprit Saint, je lui ai dit: "C'est ton droit, alors que fait-on ?" "C'est tout simple, mon épouse voulait des funérailles religieuses." Nous avons donc préparé la célébration, comme pour tout le monde, avec des paroles et des chants. A la fin je lui demande s'il pense assister à la cérémonie. Tout simplement, il me répond oui.
Le jour de la célébration, le corps arrive à l'église suivi de son époux et des enfants. Ils prennent place sur le premier banc. Je suis allé le saluer et nous avons ensuite vécu la célébration. Après la bénédiction au cimetière, il vient me voir et me dit : "Ton commentaire sur sa vie, le temps qu'elle a donné pour les autres ... c'était vraiment une belle cérémonie."
Cela m'a fait réfléchir. Je me suis dit : “il est athée et sait reconnaître ce qui est bien venant d'un autre. Et moi saurais-je reconnaître chez lui ses qualités, son amour pour les autres. Il est important de ne pas juger, de rester simple, écouter ceux qui nous semblent loin de Dieu. Seul Dieu nous aime tous avec nos différences”.

 

Au service évangélique des malades
 

 

A travers le service des malades à Lourdes, j'expérimente que l’on reçoit autant que l’on donne. Ce que l’on reçoit nous transforme : il m'est arrivé de rencontrer une jeune dame de 34 ans qui était paraplégique Elle était souriante, agréable, me parlait de son papa… Certains malades sont parfois découragés. Nous discutons avec eux. Il faut parfois beaucoup de temps. Les rapports sont différents de ceux qui se vivent à l'hôpital ou à la maison de retraite. Là on touche quelque chose de Dieu.

 

Au livre des merveilles
 

 

Au fil de nos investigations, nous avons pu nous rendre compte de la grande solidarité qui se vit dans notre paroisse! Il ne nous a pas été difficile d'y repérer toutes les «merveilles » qui se vivent. Nous pouvons, entre autres citer les gestes suivants :

  • des dames qui se relayent auprès de nos ainés (parfois esseulés) pour de menus services de la vie quotidienne: amener les repas, ouvrir ou fermer la maison, faire un peu de ménage ou tout simplement discuter avec eux.
  • un couple organise dans son clocher un Téléthon un peu particulier. Ils sont touchés dans leur vie par la maladie de leur enfant et le Téléthon est «vital» pour eux, mais malgré tout ils pensent, en l'organisant, à ceux qui ne peuvent se déplacer pour donner et ils ont mis au point avec d'autres bénévoles des clochers alentours une vente de beignets “à domicile”.
  • Il y a aussi tous les bénévoles qui œuvrent dans les associations et que celles-ci comblent ! Il y a une véritable solidarité entre eux mais aussi une solidarité “inter-associative”
  • On peut aussi trouver des gestes plus «simples» ! Ainsi quand les catéchistes organisent une vente de gâteaux avec, pour but, de récolter des fonds pour ne pas augmenter la cotisation des jeunes, tous les paroissiens et les parents se mobilisent et l'opération est un franc succès!
  • La création de la «crèche vivante» à la veillée de Noël mobilise paroissiens, parents et jeunes.
  • La “fête des baptisés” organisée pour accueillir ou ré-accueillir les parents de jeunes enfants (ou moins jeunes !) permet aux familles de rester en contact avec la paroisse !... Tout cela se vit au quotidien! Cela fait partie des merveilles de notre paroisse

Solidarités partagées

 

  • Simon part en Afrique pour 15 jours. Son frère Vianney travaille à Emmaüs. Des jeunes donnent de leur temps ou choisissent une vie professionnelle tournée vers les autres.
  • Journée du réfugié Calais 28.01.2012 Journée du réfugié Calais 28.01.2012   Au dernier cercle de silence à Saint-Omer, il y avait de nouveau du monde…
  • J’ai été accueillie à Notre-Dame de l’Alliance, qui m’aide à vivre la fidélité à mon mariage.
  • S’est confiée à moi une femme à qui le mari vient de dire, au bout de 25 ans de mariage : “C’est fini !”
  • A Calais, l’association vient d’entrer dans ses nouveaux murs, d’ici quinze ours. Il y a un bâtiment pour l’accueil des sans-abris, et cela malgré la crise. Je rends grâce.