Notre Dame en Pas de Calais
Quelques élèments de la piété mariale
A ArrasLe diocèse d'Arras possède de nombreux hauts lieux dédiés à la Vierge Marie : Notre Dame de Boulogne, Notre-Dame des Ardents, Notre-Dame des Miracles, Notre-Dame de Lorette, Notre-Dame du Perroy et, en bien des paroisses, grottes et chapelles, de pieuses traditions honorent la bienheureuse Vierge Marie. L’écho des pèlerinages, N° spécial 1984, dénombrait sur le diocèse pas moins de 44 lieux de pèlerinages en l’honneur de la Sainte Vierge. Lors de la restructuration du diocèse en paroisses nouvelles, plus du tiers des nouvelles paroisses érigées le seront sous le vocable de Notre-Dame ou de Marie (35 sur 102). En plusieurs lieux des neuvaines sont organisées. Plusieurs d’entre elles sont l’occasion d’une véritable retraite à domicile, avec temps de prière et prédications chaque jour pour mieux découvrir tel ou tel aspect de la foi chrétienne, de prendre le temps avec Marie, de se tourner vers Jésus pour le prier, le suivre et lui confier chacune de nos vies. (Arras, Boulogne, Béthune, Arras, St-Omer, Senninghem etc.). C'est aussi l'occasion de grandes manifestations/processions dans la ville. Ainsi à Aire-sur-La-Lys en 2004, ainsi à Arras en 2005. On ne pourra ici rendre compte de tout.
Notre Dame…
Le titre de Notre-Dame attribué à Marie apparaît au XIème siècle. Ce vocable parcourt la France entière qui se couvre alors de cathédrales dédiées à Notre-Dame : Paris, Reims, Chartres, Verdun, Strasbourg, Amiens, Arras. Ce n’est pas un hasard si l’expression naît en même temps que se développe l’amour courtois avec ses poèmes et son culte de la femme, volontiers idéalisée. C’est un sentiment de respect, de confiance et d’affection qui s’exprime envers Marie, reine en majesté qui trône auprès de Notre Seigneur de toute justice. La Vierge Marie, auprès du Christ, est la protectrice de tout le peuple chrétien. Des pèlerinages et toute une littérature autour des miracles de Notre-Dame se développent. Les prêches de Saint Bernard pour la première croisade ne sont pas étrangers à la nouvelle dévotion et aux pèlerinages locaux, pour ceux qui ne peuvent se rendre en Terre sainte pour les croisades.
Arras : Notre Dame des Ardents
A Arras, la neuvaine à Notre-Dame des Ardents
se fête la semaine avant la Pentecôte
Au XI° siècle, Arras est en pleine expansion. Dès les années 1050, on y construit une cathédrale dédiée à Notre-Dame. Les moins de l'abbaye Saint-Vaast et les chrétiens ne la trouvant pas assez grande en construisent une autre à partir de 1160. Il fallait y honorer ce qu'il est considéré d'appeler "le miracle des Ardents".
Comme en beaucoup de villes de France, le mal des Ardents fait rage à la fin du printemps, au moment où les dernières céréales qui ont passé l'hiver, ont pu être infectées par une moisissure. Mais la science ne le sait pas encore. A Chartres, on boit l'eau du puits à proximité de la cathédrale. A Paris on organise des processions en l'honneur de Sainte Geneviève. Ailleurs on invoque saint Antoine. Des ordres religieux -en particulier les Antonins- organisent les soins aux malades. A Arras, deux ménestrels sont à l'origine d'une bien belle histoire.
Dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mai de l'année 1105, Itier, de Tirlemont dans le Brabant, fut favorisé d'une vision merveilleuse: une femme toute vêtue de blanc lui apparut en songe et l’invite à se rendre à Arras, auprès du prêtre Lambert. Il devra convaincre le religieux d’entre en prière et de faire confiance à la Dame qui lui confiera un cierge, dans la nuit de la vigile de Pentecôte. L’eau purifiée par quelques goutte de cire de ce cierge guérira les malades. La Belle Dame demande à Itier d’associer un autre ménestrel, Norman, du comté de Saint-Pol. Or une haine mortelle sépare les deux hommes.
Au cours de tournois alors que la jalousie et la haine s'étaient un jour glissées entre eux, Norman avait tué le frère d'Itier! Une inimitié profonde s'était donc établie entre ces deux Ménestrels et faisait craindre une nouvelle effusion de sang, s'ils se retrouvaient jamais ensemble. La Belle Dame apparut aussi à Norman et lui demanda la même chose qu’à Itier.
Les deux ménestrels se retrouvent auprès de Lambert. Cette réconciliation est reçue comme un don du Seigneur par l’intermédiaire de Notre-Dame. Ainsi Itier, Norman et Lambert se trouvent associés dans cette belle histoire, où guérison des cœurs et guérison des corps sont étroitement associés. La Vierge apparut dans la cathédrale, descendant de la voûte, portant un cierge qu’elle remet à Lambert.
On ne tarda pas à appeler le cierge miraculeux de sainte chandelle ou « Joyel ». Quelques gouttes de sa cire, répandues dans l'eau, donnaient à celle-ci des vertus curatives merveilleuses qui arrêtèrent l'épidémie du “mal des ardents ”. De nombreuses églises de Flandre et d'Artois reçurent des cierges, auxquels quelques gouttes de la sainte cire conféraient les mêmes propriétés miraculeuses. La sainte chandelle fut vénérée pendant six cents ans et, mêlée à de l'eau, elle guérissait les plaies, les inflammations, les ulcères.
En 1215, on éleva, sur la place du petit marché, une pyramide où ce cierge sacré fut déposé dans une châsse d'argent. La veille de la fête-Dieu et les quatre jours suivants, on allumait la sainte chandelle et on la montrait au peuple. L'église actuelle Notre-Dame des Ardents, sise à quelques pas du lycée d'État, a été édifiée au milieu du XIX° siècle. Le cierge y est toujours présenté dans son écrin, appelé Joyel.
La cathédrale d'Arras, dédié à Saint Vaast, évangélisateur de la région, est aussi dédié à Notre-Dame de l'Assomption depuis le XIXème siècle, à la demande de Mgr de La Tour d'Auvergne.
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