Confinement ....mais pas isolement

On peut-être séparer physiquement et rester proche spirituellement

David Godefroit_p07 David Godefroit_p07  

Vivre la semaine sainte en tant que prêtre durant ce confinement. C’est être isolé de manière physique mais non au plan spirituel et relationnel.

Il est vrai que durant la semaine sainte, les années précédentes, c’était l’occasion de rencontrer une foule immense, pour le dimanche des Rameaux où beaucoup viennent pour bénir leur buis. Ce buis qu’ils vont accrocher dans leur maison, qu’ils vont porter sur la tombe de leurs défunts. Il y a généralement aussi la messe chrismale où prêtres et diacres ont la joie de se retrouver autour de leur évêque, le jeudi saint avec les paroissiens, les enfants qui apportent leur lettre de désir de communier, le vendredi saint, pour le chemin de croix et la célébration de la Passion, la veillée pascale avec les catéchumènes et le dimanche de Pâques.

Oui, cette année, tout ce petit monde a manqué physiquement mais il était présent dans mes prières.

Depuis le début du carême, avec l’EAP, nous avions proposé « Dieu sur mon portable », un verset biblique que j’envoie chaque jour à 100 personnes par SMS. Verset biblique que les paroissiens étaient invités à méditer durant la journée. Ce SMS a permis durant cette période de confinement à garder le contact avec les paroissiens et à transmettre des infos.

Chaque jour, j’étais en communion avec le presbyterium en célébrant la liturgie des heures et l’eucharistie.

Dans mon presbytère, le dimanche des Rameaux et le dimanche de Pâques, j’ai célébré l’eucharistie avec ma famille grâce au moyen moderne de communication, par Messenger, en visioconférence.

Le lundi, mardi et mercredi, j’ai célébré seul dans mon presbytère, seul physiquement mais en pensant à toutes les victimes du coronavirus, notamment 2 de mes paroisses, à toutes celles et ceux qui sont à leur service et à notre service durant cette période de confinement. Le mardi, j’ai pensé particulièrement à mon évêque Monseigneur Jean-Paul JAEGER, mes frères prêtres et diacres, que j’aurai dû retrouver à la cathédrale d’Arras, notamment ceux qui fêtent cette année un jubilé.

Le mardi matin, en communion avec le presbyterium, j’ai vécu le temps de célébration que l’Abbé Jean-Christophe Neveu nous avait proposé.

Le jeudi saint, à 12H, j’ai vécu le temps de prière commune pour l’évêque, les prêtres et les diacres. Ce temps de prière même vécu seul était intense car nous étions en lien les uns avec les autres, porté par nos confrères. C’était aussi l’occasion de redire mes engagements pris lors de mon ordination presbytérale.

Ce jeudi saint, vendredi saint et veillée pascale, je les ai vécus à l’église de Lapugnoy avec un seul paroissien. Ce paroissien, Nicolas, représentait la communauté chrétienne des paroisses « Sainte Trinité sous Roquelaure » et « Notre Dame de la Clarence en Auchellois ».

Le jeudi saint, j’ai d’abord déposé 9 bougies neuvaine, une pour chaque clocher, cela symbolisait que chaque membre de mes paroisses était dans mes prières, et j’ai aussi déposé un gros cierge, celui-ci représentait les victimes du Covid-19, leurs familles et tous celles et ceux qui sont à leur service. Durant la célébration, nous avons également prié pour les enfants qui se préparent à la première communion et qui ne pourront comme prévu, vivre leur première communion en mai, ces enfants devaient durant cette célébration me remettre leur lettre de désir de communier.

 

Le vendredi saint, à 15H, j’ai médité le chemin de croix que les sœurs du Carmel de Fouquières avaient composé, j’étais en communion avec elles, un très beau chemin de croix et j’ai terminé en méditant avec le très beau chant « O croix d’amour » qu’une paroissienne m’a fait connaître auparavant.

Ce vendredi soir, c’était l’office de la Passion et de la mort de notre Seigneur Jésus Christ. La procession de la croix, avec la croix de Taizé. Cette croix que j’ai déposée, et sur laquelle, nous avons déposé des lumignons, ceux-ci représentaient tous les paroissiens qui s’unissaient avec nous par la pensée et la prière. Cette croix que j’ai contemplée, que j’ai adorée, Christ qui s’est donné pour nous et qui a donné sa vie. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » Jean 15, 13. Cette parole d’Evangile que j’avais choisi pour devise à mon ordination presbytérale.

Le samedi saint, au matin, en union avec les prêtres et diacres, j’ai vécu le temps de prière marial, se confier à Marie. Marie qui nous a été confiée au pied de la croix, Marie qui porte nos souffrances. C’était encore une occasion de confier notre monde qui vit un temps de crise.

La veillée pascale, j’avais apporté dans l’église le cierge pascal de chaque clocher, 9 au total qui ont brûlé durant toute la célébration, ces lumières qui éclairaient cette nuit, la nuit où tout a repris vie. Les cloches qui ont annoncé la Résurrection du Christ, une très belle liturgie avec les textes fondateurs de l’Eglise. Durant cette veillée pascale, nous avons confié les catéchumènes qui ce jour auraient dû vivre les sacrements de l’initiation chrétienne, notamment Jonathan, Magalie, Méziane et Pauline, catéchumènes de mes paroisses. Ces catéchumènes que j’avais revu lors de l’appel décisif à Arras le 1er mars. Après la veillée pascale, j’ai déposé sur le bord de mes fenêtres des bougies pour être en union avec tous les catholiques qui célèbrent en cette nuit cette Bonne Nouvelle, la résurrection du Christ.

Les funérailles ont jalonné ma semaine, cinq célébrations durant cette semaine. Depuis le confinement, avec un des membres des équipes funérailles, je célèbre les funérailles, soutenir et renforcer les équipes mais aussi accompagner les familles en deuil dans leur épreuve, leur donner l’espérance que la mort n’est pas la fin de tout, il y a la Vie éternelle que Jésus nous promet.

Durant la semaine sainte, j’ai aussi échangé par Messenger avec des résidents de l’Ehpad « La Manaie » d’Auchel, avec lesquels, nous avons pris le temps de prier.

Merci au « Jour du Seigneur », « KTO », « LCI » et « BFM-TV » qui ont retransmis sur leur chaîne de belles célébrations durant cette semaine sainte, des célébrations qui ont réjouis mon cœur et celui des paroissiens.

Cette semaine a été aussi l’occasion de prendre des nouvelles des prêtres, des paroissiens, de la famille et des amis. Depuis le confinement, Le téléphone et la messagerie ne chôment pas. Merci au Seigneur, pour tous ces moyens technologiques qui nous permettent de dialoguer, de communiquer.

Une semaine sainte qui a été très différente des années précédentes, vécue dans le confinement mais enrichie dans la prière et les relations.

Depuis le mois de Mars, nous vivons une période difficile, cette pandémie du Covid-19 qui fait des ravages dans le monde entier, cette période de confinement qui pèse mais qui est importante pour lutter contre le Coronavirus. Merci aux soignants ! Un seul mot d’ordre « rester à la maison ». Oui, respectons les consignes, gardons courage et espérance, soyons unis les uns les autres dans la prière, le Christ a vaincu la mort, nous vaincrons cette crise.

 

                                                                                                                             Abbé David GODEFROIT