Les anges de Saudemont au Louvre-Lens

Exposition

Les anges de Saudemont au Louvre-Lens

Les anges de Saudemont sont la fierté du musée des beaux arts d’Arras. Ces deux statues en bois polychrome de la fin du XIIIe siècle sont dans un état de conservation exceptionnel. En France, très peu de bois polychrome de cette époque ont traversé les siècles. Ils trouveront une place d'honneur dans l'exposition du Louvre-Lens « D'or et d'ivoire » consacrée aux apports des artistes du gothique flamboyant français aux artistes pré-renaissance italiens.

Les anges de Saudemont appartenaient à un groupe de six statues de 135 cm portant les instruments de la Passion (les arma Christi), disposé autour d’un autel majeur de la cathédrale Notre-Dame en cité d’Arras. Cathédrale dont il reste le transept qui constitue la nef de l’église Saint-Nicolas en Cité actuelle.
La Révolution a éparpillé les statues. Deux des six anges ont été retrouvés dans une modeste chapelle dans la campagne du village de Saudemont. Ils étaient  recouverts d’un enduit qui leur donnait l’aspect de la pierre. La découverte est signalée à Mgr Jean Lestocquoy (1903-1984), conservateur des Antiquités et objets d'art du Pas-de-Calais. Il est frappé par la similitude avec les anges au sourire de l’école rémoise. Conscient de l'importance de la trouvaille, Mgr Lestocquoy alerte la direction des monuments historiques et obtient le classement des deux statues par arrêté du 29 novembre 1958. Une restauration est décidée et les deux anges, débarrassés de leur carapace finalement protectrice, révèlent une admirable dorure en deux tons d'or posée sur des apprêts d'ocre jaune et d'ocre rouge. La chair des mains et du visage est argentée à la feuille.

L’exposition « D’or et d’ivoire » de l’été 2015 au Louvre-Lens mettra en lumière la richesse des échanges artistiques entre la capitale du royaume de France et l’actuelle Toscane entre 1250 et 1320. Elle lève le voile sur les relations entre les grands foyers de création artistique que sont à l’époque Paris d’un côté, Florence, Sienne et Pise de l’autre. Cette exposition a été possible grâce aux prêts exceptionnels d’une vingtaine de musées européens, dont celui d’Arras.

anges au Louvre 3 anges au Louvre 3  Le transfert d’œuvres exceptionnelles comme les anges de Saudemont demande mille attentions. Toute œuvre prêtée à un musée est convoyée par le conservateur du musée d’origine. Le conservateur du musée d’Arras, Anne Esnault, a assisté à l’enlèvement des pièces. Avant le déplacement, elle les a examinées en détail et a dressé un constat de départ. Elles ont été placées dans des caissons climatisés. Une précaution importante pour des objets en bois aussi anciens. Des cales en mousse ont été sculptées sur mesure pour prévenir les chocs éventuels pendant le transport. Les sculptures ont quitté Arras dans un camion banalisé.
Au Louvre-Lens, les anges ont été accueillis par les commissaires de l’exposition : Marie-Lys Marguerite, directrice de musées de Saint-Omer  et Xavier Dectot, directeur du Louvre-Lens. À leur tour, ils ont examiné les statues sous l'œil d'Anne Esnault, pour vérifier si elles sont conformes au constat de départ.
Les deux anges ont ensuite été placés dans leur vitrine. Pour signifier qu'ils appartenaient à un ensemble, ils ont pris place entre les silhouettes des anges absents. Pour des raisons d'esthétique, la vitrine présente cinq anges et non pas six.

L'exposition D'or et d'ivoire rassemblera 125 œuvres, presque toutes d'expression religieuse. Le Louvre-Lens recevra ces jours-ci un Christ de Prato (Italie) qui rejoindra une Vierge et un saint Jean pleurant du musée de Cluny à Paris. Les trois pièces qui appartenaient au même ensemble, seront réunies pour la première fois depuis le XIXe siècle.

D'or et d'ivoire du 27 mai au 28 septembre. Louvre-Lens. Fermé le mardi.

Jean Capelain

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 2440 visites