"Que Saint Joseph veille sur toutes nos familles"

Message de Mgr Jaeger, évêque d'Arras

Message de Monseigneur Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras, à l'occasion de la saint Joseph, saint patron de l'Église universelle et des pères de famille​. Joseph est célébré le 19 mars.  

 

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Chers amis,

 

            Depuis le mardi 17 mars 2020 à midi, notre pays est plongé dans un demi-silence. L’impérieuse consigne : « Restez chez vous » nous prive des présences les plus familières et nous impose une bien étrange retraite.

            Un simple virus impose sa loi et remet en question sur toute la surface de la terre les paramètres de la vie personnelle, sociale et internationale. Un rude combat est engagé. Les bouleversements inquiètent, mais ils nous réveillent.

            Notre première pensée rejoint les personnes malades, fragiles, vulnérables, isolées. Nous disons notre gratitude aux soignants qui déploient tous les moyens de leurs compétences pour traiter, accompagner et guérir. Ils font preuve d’un dévouement de tous les instants. Il nous appartient à tous et à toutes de mettre à leur disposition les moyens qui leur permettront de rester en première ligne. Nous n’oublions pas les familles en deuil qui ne pourront pas déployer les rites funéraires qui favorisent habituellement la prière et apportent soutien et réconfort.

            En 2020, il est presque impensable d’admettre de ne pas tout décider, gérer et maîtriser. Le choc de l’impuissance de notre désir contre la réalité est insupportable. La crise dans laquelle nous sommes entrés remet violemment en cause les principes qui ont orienté les choix individuels et collectifs au cours des dernières décennies.

            L’humanité a été souvent secouée. Démunie pendant et après l’épreuve, elle s’est relevée en revenant à l’essentiel et en sauvegardant son bien le plus précieux : la vie. L’issue heureuse n’a été possible que par le renforcement de la solidarité et de la fraternité.

            Oui, il nous faut aujourd’hui affronter ensemble, au jour le jour, une situation que nous recevons comme un immense défi à relever. De façon étonnante, il nous faut être unis sans nous voir. Les moyens de communication dont ne bénéficiaient pas nos aînés rompront la solitude.

            Le prophète Daniel exprime la détresse d’un peuple comblé qui soudain perd tout. C’est le moment de l’exil : « Il n’est plus en ce temps, ni prince, ni chef, ni prophète, plus d’holocauste, plus de sacrifice, plus d’oblation, ni d’offrande d’encens, plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde.[1] »

            Nous éprouverons souvent dans les temps qui viennent le sentiment d’être en exil, loin de ceux qui pourtant sont proches, loin des lieux qui nous rassemblent, loin de nos collègues, de nos camarades, loin de notre clocher, loin de nos communautés, loin de l’Eucharistie.

            Nous pourrons cependant poser un autre regard sur les membres de la famille avec lesquels nous sommes confinés, percevoir combien nous manque la présence de tous ces visages dont nous sommes tenus éloignés.

            Comme le prophète, nous demanderons à Dieu : « Délivre-nous en renouvelant tes merveilles.[2] »Quand se ralentit par la douloureuse force des choses le rythme de l’existence, nos cœurs sont prêts à retrouver une présence que nous avons fini par ne plus remarquer, celle de Dieu qui jamais ne nous abandonne.

            Il ne suffit pas de retrouver le chemin de la prière pour que prennent immédiatement fin les tribulations. A travers le dépouillement qui nous est imposé, l’Amour de Dieu met en lumière en nous et en nos semblables la beauté d’une humanité que nous défendrons aujourd’hui et demain parce qu’elle émerveille Dieu lui-même et qu’elle est notre joie.

            J’ai déjà eu l’occasion de faire quelques propositions pour vivre fraternellement, dans la foi et la prière cette période dont nous ne pouvons pas pour le moment pressentir la durée. Vous retrouverez ces suggestions et d’autres sur le site diocésain.

            Saint Joseph que nous célébrons en ce jour a veillé humblement et fidèlement sur Jésus, sur Marie. Près de lui et sous sa vigilance, la mère et le fils se sont préparés à la mission que Dieu leur confiait.

            Que saint Joseph veille sur toutes nos familles et guide la marche d’une Eglise qui, plus que jamais, est appelée à servir à la suite de son Seigneur !

 

 

 

                                                                                   + Jean-Paul JAEGER

                                                                                      En la fête de Saint Joseph

                                                                                       19 mars 2020

 

 

 

 

[1] Daniel 3, 38

[2] Daniel 3, 53

 

 

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Article publié par Service communication du diocèse d'Arras • Publié • 12111 visites