le Samedi 09 mars 2013


Vendredi 8 mars à Saint-Omer et le lendemain à Arras, le père Jean-Marie Petitclerc, prêtre salésien, polytechnicien, éducateur spécialisé diplômé d'une maitrise de science de l'éducation et expert des questions de l'éducation dans les zones sensibles, est venu faire partager son expérience et ses convictions à un auditoire à qui il a ouvert- ou rouvert- les yeux sur le monde des ados d'aujourd'hui.

 

Son expérience, ce « fils » de Don Bosco, la tire de plus de 20 ans de vie au milieu des jeunes des cités :

« Actuellement, je dirige l’association Le Valdocco, fondée en 1995 à Argenteuil dans le climat d’une cité traumatisée par la violence des émeutes urbaines du début des années 90. Cette association est née de la rencontre entre un collectif d’habitants inquiets pour le devenir de leurs enfants et des salésiens de Don Bosco désireux de ré-expérimenter le modèle de leur fondateur dans la réalité contemporaine de la banlieue. L’association a ouvert en 2005 une antenne sur le Grand Lyon et en 2012 une antenne sur Nice. Elle gère des équipes d’éducateurs de rue, des centres d’accueil de jour pour adolescents décrocheurs, des services d’accompagnement éducatif et scolaire, un service de médiation familiale, un atelier chantier d’insertion et un foyer d’adolescents en grande difficulté habilité par le ministère de la justice. Il s’agit, dans cette association, de mettre en œuvre la pédagogie de Don Bosco fondée sur la confiance et l’alliance. »

 

A l'adulte qui lui dit : « Les jeunes d'aujourd'hui, je ne les comprends pas », il répond : « Pour comprendre, il s’agit d’apprendre à connaître. Et pour connaître, il faut apprendre à les rejoindre ; on s’intéressera, comme dit Don Bosco, à ce qui les intéresse. L’important, c’est le regard que l’on porte sur eux : ce doit être un regard de foi, d’espérance et d’amour. A ceux qui croient qu’on ne peut lier une relation d’amitié qu’avec quelqu’un qu’on connaît, Don Bosco inverse la proposition : c’est seulement s’il sent notre amitié que le jeune se découvrira. Il vous apprendra alors à le comprendre.

 

J’aime redire avec force la pointe du discours tenu par Jean Bosco en 1883, lors de son voyage triomphal en France: 'Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ils ne vont pas tarder à s’occuper de vous' .Posture prophétique de ce grand éducateur ! Si nous tardons à donner une véritable place dans notre société à chaque jeune, quelle que soit son appartenance ethnique, culturelle, religieuse, si nous tardons à les aider à préparer un véritable avenir, ne nous étonnons pas alors qu’ils commencent singulièrement à « s’occuper » de nos institutions ! J’aime également citer ce mot qu’il aimait répéter à ses adolescents le soir : « Sans votre aide, je ne puis rien faire. » Accompagner le jeune, sur le plan éducatif, nécessite de faire alliance avec lui. »

 

Educateur... et prêtre : « Il y a un lien entre la prière et l’action. J’essaie d’agir en homme de prière et de prier en homme d’action. Agir en homme de prière, c’est être capable de discerner l’image du Christ derrière celle de ces adolescents abîmés par la vie. « Celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est moi qu’il accueille. » Prier en homme d’action, c’est porter dans sa prière tous ces visages rencontrés, en suppliant le Père, quand il nous arrive d’être fatigué, de nous donner son regard pour voir en chaque jeune les trésors qu’Il a déposés dans leur cœur. »

Propos recueillis par Jean-Paul Chavaudra

 

Notes de la conférence en document pdf téléchargeable