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JMJ 2013 Rio de Janeiro

Un pape heureux d'être pape et sans complexes pour servir l'homme et l'Evangile

JMJ - Rio JMJ - Rio   La rencontre du pape François avec les jeunes venus en Argentine pour les JMJ 2013 a dépassé les espérances et surpris. Il est vrai que l’exubérance et la religiosité des pays de l’Amérique du Sud dépasse de beaucoup celles de l’Amérique du Nord (JMJ au Canada, en 2002). Ce n’est pas la seule explication. On a pu voir un pape heureux d'être pape et sans complexes pour servir l'homme et l'Evangile. Les contenus de ses interventions ont retenu l’attention.

 

Quand Benoit XVI a convoqué les JMJ à Rio, nul n’imaginait alors que le pape serait issu d’un épiscopat d’Amérique latine. Depuis mars 2013, quelque chose de nouveau régnait dans l’Eglise, avec une fraîcheur depuis longtemps oubliée. Le pape avait su attirer la sympathie des foules, et les foules espéraient… Ce que les chrétiens et nombre d'hommes de bonne volonté auront retenu c'est d'abord son sourire et cette attitude d'être accueillant à tous ceux qui se présentaient devant lui. Ce sont les gestes et les discours. Discours à la foule, discours aux évêques, conférence de presse au retour, dans l'avion. Sa "présence" et sa "proximité" ont fait penser au bon pape Jean, au point que certains disent: “le bon pape François".

 

Un message bien accueilli
L'invitation à sortir des églises pour porterJMJ - Rio JMJ - Rio   le message de Jésus au-delà des  cercles habituels à été répétée. Cela peut rappeler le geste de Jean XXIII ouvrant les fenêtres pour signifier ce qu'il attendait du concile. Maintenant il s'agit de sauter par la fenêtre pour rejoindre ceux pour qui le Christ est venu. Le contenu de ses discours rejoint explicitement les grandes intuitions qui ont marqué le pontificat de Paul VI. En rappelant les besoins du dialogue de l'Eglise avec le monde, François rejoint Gaudium et Spes dont les premiers mots devraient encore résonner au cœur de beaucoup: “Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ…”

 

Les discours de François n'étaient pas des cours de morale, et encore moins de morale sexuelle. Le pape a abordé les questions de pauvreté; il est allé dans une favela. Il a parlé d'engagement dans la société. "Allez, sans peur, pour servir!" ; ou encore “Ne laissez pas les autres être les acteurs du changement. Offrez une réponse chrétienne aux inquiétudes sociales et politiques qui surgissent dans différentes parties du monde". Message simple et direct que chacun peut faire sien. Encore faut-il suivre le chemin de service du Christ, tout au long de son existence, le jeudi-saint, mais aussi les autres jours.

 

Le pape a invité les évêques à être vigilants face aux questions existentielles de l'homme d'aujourd'hui... Il invite à une révolution de la tendresse, de la miséricorde. Il appelle à la rupture avec les pastorales éloignées et disciplinaires qui privilégient les principes, les conduites, les procédures organisatrices. C'est à une réelle conversion pastorale qu'il invite, au-delà de l'Amérique latine tous les évêques et les pasteurs du monde entier. Comme saint François d'Assise reconstruit la chapelle ainsi le pape espère reconstruire l'Eglise avec des pierres saines.

 

Comme une autre "encyclique" papale

Rio-JMJ Rio-JMJ    L’attitude du pape envers les évêques, à Rio, reflète la conception qu’il a du gouvernement de l’Église. Ce n’est pas un discours ex cathedra, mais celui d’un qui frère parle à ses frères. En cela il rejoint la définition du concile Vatican II (Lumen gentium, ch.3) : il prend la place de premier (et non au-dessus), dans un collège épiscopal à qui revient “collégialement” la charge du gouvernement de l’Église. Il ne décide pas tout seul de manière arbitraire ou monarchique.
Dans le discours à ses "frères" de l’épiscopat latino-américain, le 28 juillet, à Rio de Janeiro, le pape François a appelé à une réforme en profondeur de l’Église universelle, à partir du cœur des chrétiens. Il parlait aux 45 évêques du Comité de coordination du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), mais chacun a compris qu’il s’adressait en fait à l’Église universelle. Son discours s’appuyait sur les documents de la dernière assemblée du CELAM à Aparecida, qu’il avait présidée.

 

Dimensions de la Mission
“La Mission exige de susciter la conscience d’une Église qui s’organise pour servir tous les baptisés et les hommes de bonne volonté. Le disciple du Christ n’est pas une personne isolée dans une spiritualité intimiste, mais une personne en communauté pour se donner aux autres. La mission impliqueRio-JMJ Rio-JMJ   par conséquent appartenance ecclésiale. Le fait d’être disciple missionnaire implique de comprendre l’identité du chrétien comme appartenance ecclésiale, demande que nous explicitions quels sont les défis en cours de la dimension missionnaire du fait d’être disciple. Je n’en souligne que deux : le renouveau interne de l’Église et le dialogue avec le monde actuel”.

 

Insistance sur une Eglise synodale
Le premier défi suppose une conversion pastorale. Elle implique de croire dans la Bonne Nouvelle, croire en Jésus-Christ porteur du Royaume de Dieu, dans son irruption dans le monde, dans sa présence victorieuse sur le mal, croire en la conduite de l’Esprit-Saint et en l’Eglise Corps du Christ. De cette conviction vient la question : “ Faisons-nous en sorte que notre travail et celui de nos prêtres soit plus pastoral qu’administratif ? Qui est le principal bénéficiaire du travail ecclésial, l’Église comme organisation ou le Peuple de Dieu dans sa totalité ?... Sommes-nous conscients de la responsabilité de reconsidérer les activités pastorales et le fonctionnement des structures ecclésiales, en cherchant le bien des fidèles et de la société ?”
Le pape insiste alors sur la synodalité à tous les niveaux de l’Église : ainsi des conseils diocésains, mais aussi des conseils paroissiaux, pastoraux ou pour les affaires économiques. Ces conseils doivent devenir des lieux de « participation des laïcs dans la consultation, l’organisation et la planification pastorale », dit-il, tout en avouant : « Je crois que nous sommes très en retard en cela. »

 

Le rapport de l’Eglise au monde
Pour le pape François, il semble évident de poser comme base du rapport au monde le dialogue et l’empathie, comme le décrit le début de Gaudium et Spes. Cela appelle un changement : “La réponse aux questions existentielles de l’homme d’aujourd’hui, spécialement des nouvelles générations, en prêtant attention à leur langage, comporte un changement fécond qu’il faut parcourir avec l’aide de l’Évangile, du Magistère et de la Doctrine sociale de l’Église”. C’est un appel à prendre en compte “les différents imaginaires collectifs qui configurent différentes villes. Si nous restons seulement dans les paramètres de "la culture de toujours", au fond une culture de base rurale, le résultat sera finalement l’annulation de la force de l’Esprit Saint”.


Pas de conclusion, mais un avenir ouvert
Quelques esprits malicieux espéraient un faux-pas, une erreur dans la communication. Il n’y en a pas eu. Même en le sollicitant sur les questions piégées, les journalistes ont eu une réponse, réponse ouverte : sur la réforme de la Curie, sur la place des femmes dans l’Eglise, ou encore sur les homosexuels : “Qui suis-je pour juger les homosexuels ?” ! Il ne s’est pas non plus laissé piéger par les questions autour de la théologie de la libération… le pape souhaite “des missionnaires joyeux, ouverts, simples, qui n’ont pas peur de sortir dans la nuit, de croiser la route, de s’insérer dans les conversations, même avec les plus indifférents. Il faut partir de la périphérie, de ceux qui sont le plus loin, aller vers les pauvres, les vieux, les malades, les chômeurs.”… Il y a donc de quoi faire avant le prochain rendez-vous à Cracovie.
Abbé Emile Hennart
 

Photo Intermirifica

 

Le dossier du site de la Conférence des évêques sur les JMJ

La rencontre du pape avec les évêques d'Amérique latine

Les diocèses de Lille Arras Cambrai au JMJ

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 3066 visites