A Crémisan, entre Jérusalem et Bethléem

Jérusalem 3 Jérusalem 3  Les propriétés conjointes des Salésiens et Salésiennes devaient être séparés par le mur de la honte, dans la vallée de Crémisan, en Cisjordanie. La Cour suprême israélienne a demandé le 11 août à Israël que les couvents des sœurs et des frères salésiens soient du même côté palestinien du mur de séparation. Les juges se sont réunis lundi 4 août pour valider ou non le tracé du mur dans cette région au sud de Jérusalem. Les autorités israéliennes doivent leur faire parvenir leur réponse avant le 4 septembre prochain.

Précisions d'Audrey Radondy : « Cette décision de justice ne peut pas être considérée comme finale, a tempéré Tzvi Avni, l’avocat des sœurs salésiennes. Mais la Cour a pris en considération l’importance du respect des droits et des libertés religieuses ainsi que de l’unité des couvents salésiens. »

 

58 familles, 450 enfants pénalisés par le mur.

Le tracé initial du mur, contesté depuis plus d’un an, doit isoler Bethléem et Beit Jala. Il priverait ainsi de leurs terrains 58 familles, pour la plupart chrétiennes, dont l’unique ressource provient de leur ferme.

Les religieuses Salésiennes sont inquiètes pour l’avenir des 450 enfants défavorisés qu’elles accueillent au sein de leur école. Les jeunes devraient en effet passer chaque jour par un check-point et étudier dans un environnement quasi-carcéral. Beaucoup de familles ont déjà annoncé qu’elles retireront leurs enfants de l’école si ce mur devait être construit.

Les Palestiniens et les chrétiens ont porté l’affaire jusqu’à la plus haute autorité judiciaire d’Israël. Ils demandent que le mur soit construit selon un second tracé, proposé par une ONG. Mais le père Ibrahim al-Shomali, le curé de Beit Jala, dit n’avoir « pas beaucoup d’espoir », notamment à cause de l’opération « Bordure protectrice » en cours dans la bande de Gaza.

Source Radio Vatican, 11.08.2014

 

« Pleurer sur Jérusalem »

Parmi les crises au Moyen-Orient il y a le difficile (impossible) rapport entre Palestiniens et Israéliens. L’histoire est longue et l’on cite souvent la création de l’Etat d’Israël en 1948. On oublie dès lors de parler des conséquences de 14-18, avec la dislocation de l’empire ottoman, le non-renouvellement auprès de la France de la protection des lieux saints, etc. Sans ignorer le passé, c’est bien aujourd’hui que des hommes et des femmes souffrent. Les pèlerins en Terre sainte gardent au cœur ce lieu “Dominus flevit”, où le Christ a pleuré.

 

Pleurer comme Jésus lors de sa dernière montée à Jérusalem. L'apôtre Luc (19,41-43) raconte: « Quand il fut proche de la ville, il pleura sur elle. » À chacun de mes pèlerinages à Jérusalem, je vais au mont des Oliviers, jusqu'au sanctuaire appelé «Dominus flevit », pour y célébrer une messe face à la cité « où tout se tient pour ne faire qu'un » (psaume 122) et contempler le panorama grâce à une grande verrière. Luc nous dévoile pourquoi ces larmes de Jésus sur la ville : «Ah! Si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux! » Le même évangéliste avait déjà cité les lamentations du Sauveur : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes, que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous n'avez pas voulu I» (Luc 13,34

 

Deux mille ans après, j'ai devant moi une Jérusalem divisée par le « conflit israélo-palestinien », une des tragédies les plus lancinantes de notre époque. On ne revient jamais indemne de Jérusalem — si du moins on a compris qu'il s'agit de peuples tous les deux sémites, descendants d'Abraham et meurtris par une histoire jalonnée de passions et de frustrations.

Pleurer sur Jérusalem, c'est pleurer aussi sur nous-mêmes, chrétiens « spirituellement sémites », avait osé dire Pie XI. Les Eglises chrétiennes en Palestine, défigurées par de vieilles querelles, s'interrogent sur leur vigueur pour rendre plus visible un témoignage de fraternité. Elles se montrent très soucieuses de la paix à Jérusalem, clé majeure d'un trousseau nécessaire pour ouvrir la paix sur toutes les terres du monde.

L'archevêque Mamberti, proche collaborateur du pape, parlant à l'Assemblée de l'ONU le 27 septembre 2011, déclare que, dès 1947, une résolution a prescrit la « base juridique pour l'existence de deux Etats » : l’Etat d'Israël a vu le jour aussitôt, alors que les Palestiniens attendent encore après soixante-cinq ans. Le Vatican a plusieurs fois rappelé que « le Saint-Siège est favorable a un statut internationalement reconnu pour la partie de Jérusalem où les Lieux saints des trois religions monothéistes sont ouverts aux croyants ».

 

Débouchera-t-on enfin sur la paix ? Certains reprennent confiance en écoutant un communiqué d'évêques européens et américains de la Coordination Terre Sainte 2012, après leur visite a Jérusalem, à Naplouse et à Gaza : “Nous avons entendu et faisons nôtre cette conviction : être pro-israélien c'est aussi être pro-palestinien. Cela signifie être pro-justice pour tous [...]. Aboutir à un accord négocié est urgent. » Ils rejoignent le professeur Jean Halpern : “Les habitants de Jérusalem apprennent jour après jour à se redécouvrir mutuellement les uns les autres sans les masques façonnés par les stéréotypes réciproques. Ce lent et difficile apprentissage de la reconnaissance de l’autre quel qu'il soit peut être la voie d'une commune libération... L'unique et l’universel, le réel et l’imaginaire, l'éternel et l’actuel, le sacré et le profane, l'harmonie et les tensions, Jérusalem, c'est tout cela à la fois. »

Oui, tout cela est aussi entre nos mains pour ne plus pleurer sur Jérusalem. Mais il y a un “mur”...

 

Cardinal Roger Etchegaray, “L’homme à quel prix ?” La Martinière 2012

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