Centenaire de Dom Helder Camara

1909-1999, prophète pour la société et pour l'Eglise


Dom Helder Camara Dom Helder Camara     Des années durant, son nom et sa parole ont été censurés par la dictature militaire brésilienne. Mais son esprit profondément évangélique l’a conduit à annoncer la parole du Seigneur tout en se consacrant au service des plus pauvres, et en prêtant sa voix aux sans-voix. Son audace était prophétique. Elle sonne toujours juste. Son engagement pour la justice comme condition de la paix, pour la non-violence active, et pour une Église prophétique, servante et pauvre au service d’une humanité fraternelle restent d’actualité. Même si son successeur s’employa à détruire tout ce qu’il avait construit avec son Église, et si certains, dans la hiérarchie de l’Église, ont voulu que l’on oublie la voix de celui que Jean-Paul II, lors de sa visite à Recife en 1980, appela « frère des pauvres et mon frère ».

 

En quoi son style a-t-il marqué ?


Dom Helder Camara Dom Helder Camara  Il croyait à la responsabilité partagée, ce qui l’avait conduit à fonder la Conférence nationale des évêques du Brésil et le Conseil épiscopal latino-américain, ainsi que de nombreux organismes de promotion humaine. Pendant le Concile, il s’est efforcé de mettre en lien les uns et les autres. Il était aussi un pasteur très proche des gens, et notamment des exclus, ce qui le rendait capable d’inventer avec eux des solutions, comme une banque de la providence, précurseur des micro-crédits. Il avait aussi un véritable don pour la communication. Il a porté la Parole de Dieu au-delà des limites de son diocèse. Il parlait de son expérience et interpellait les croyants, les invitait à inventer leurs engagements pour plus de justice à cause de l’Évangile. Mais Dom Helder était aussi un grand témoin de la foi, un homme, totalement animé par le feu de Dieu, qui offrait sa vie aux pauvres, se relevant la nuit pour prier.


Son rayonnement fut intense et ses prises de paroles en faveur des pauvres ont retenti au-delà de son diocèse. Une association « Dom Helder – Mémoire et Actualité»  s’est créée à Lille dans le but de rappeler la voix de ce prophète pour notre temps. Elle souhaite donner vie au message de Dom Helder. (260 boulevard Gambetta, 59200 Tourcoing. Tél 03 20 26 19 93).

 

 

Biographie

 

Né le 7 février 1909 à Fortaleza, il devient évêque auxiliaire de Rio de Janeiro le3 mars 1952. Le 14 mars 1964 il est nommé Archevêque d’Olinda et Recife. Dom Helder a participé aux quatre sessions du concile Vatican II. Il démissionne en 1984 pour ses 75 ans. Il décède dans la nuit du 27 au 28 août 1999, à l’âge de 90 ans


Dom Helder Camara Dom Helder Camara  Dans le discours programme qu’il a publié le 12 avril 1964 en arrivant à Récife, il affirme son souhait d’une Eglise pauvre au service des pauvres. Ce fut alors le temps de l’épreuve, des dénonciations, des suspicions, des assassinats de plusieurs de ses collaborateurs (dom Henriqué) par la dictature brésilienne. Il continue à mettre en œuvre le concile, l’esprit et la lettre : liturgie, gouvernance collégiale, œcuménisme, formation des prêtres, soutien aux Communautés ecclésiales de base (Rencontre de frères), commission diocésaine Justice et Paix... Il voyage beaucoup. Reçoit de nombreux prix : 24 prix internationaux, 40 doctorats honoris causa pour « la voix des sans voix », le « prophète » d’un « monde plus respirable, plus juste et plus humain », l’héritier de Gandhi et de Martin Luther King. Il donne plusieurs conférences en Nord-Pas-de-Calais. Il voulait une église servante et pauvre.

 

Témoignage


Un jour, une délégation est venue me voir, ici à Recife: « Vous savez, Dom Helder, il y a un voleur qui a réussi à pénétrer dans telle église. Il a ouvert le tabernacle. Comme il ne s'intéressait qu'au ciboire, il a jeté les hosties par terre, dans la boue... Vous entendez, Dom Helder: le Seigneur vivant jeté dans la boue !... Il faut faire une grande cérémonie de réparation. »
- « Oui, je suis d'accord. On va préparer une procession eucharistique. On va réunir tout le monde. »
Le jour de la cérémonie, quand tout le monde était là, j'ai dit: « Seigneur, au nom de mon frère le voleur, je te demande pardon. Il ne savait pas ce qu'il faisait. Il ne savait pas que tu es vraiment présent et vivant dans l'eucharistie. Ce qu'il a fait nous touche profondément. Mais mes amis, mes frères, comme nous sommes tous aveugles. Nous sommes choqués parce que notre frère, ce pauvre voleur, a jeté les hosties, le Christ eucharistique, dans la boue, mais dans la boue vit le Christ tous les jours, chez nous, au Nordeste. Il nous faut ouvrir les yeux! " Et je disais que le meilleur fruit de la communion au corps du Christ dans l'eucharistie serait que le Christ ainsi reçu nous ouvre les yeux et nous aide à reconnaître l'eucharistie des pauvres, des opprimés, de ceux qui souffrent. C'est sur cela que nous serons jugés le dernier jour...

 

Méditation

 

«Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l'accomplir » (Matthieu 5, 17).
«Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jean 13,34).
«La justice est le minimum absolu de l'amour" (Paul VI).

 

Lire sur le site de la conférence des évêques 

Une exposition composée de 18 panneaux de 70cmx100cm, textes et photos est disponble auprès de l'association.Il est possible de la réserver : domhelder@wanadoo.fr  

 

 

Parole, profession de foi de Dom Helder Camara


Je crois en Dieu qui est le Père de tous les hommes et qui leur a confié la terre.
Je crois en Jésus-Christ qui est venu pour nous encourager et nous nous guérir,
Pour nous délivrer et nous annoncer la paix de Dieu avec l’humanité
Je crois en l’Esprit de Dieu qui travaille en tout homme de bonne volonté
E crois que l’homme vivra de la vie de Dieu pour toujours.

Je ne crois pas au droit du plus fort, au langage des armes, à la puissance des puissants.
Je veux croire aux droits de l’homme, à la main ouverte, à la puissance des non-violents.
Je ne crois pas à la race ou à la richesse, aux privilèges, à l’ordre établi.
Je veux croire que le monde entier est ma maison.
Je veux croire que le droit est un, ici et là, et que je ne suis pas libre
Tant qu’un seul homme est esclave.

Je ne crois pas que la guerre et la faim soient inévitables, et la paix inaccessible.
Je veux croire à l’action modeste, à l’amour aux mains nues et à la paix sur terre.
Je ne crois pas que toute peine soit vaine.
Eve et que la mort sera la fin.
Mais j’ose croire, toujours et malgré tout, à l’homme nouveau.
Je ne crois pas que le rêve de l’homme restera un rêve.
J’ose croire au rêve de Dieu même :
Un ciel nouveau une terre nouvelle où la justice habitera.

 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 9517 visites

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