Vocation diaconale des communautés

Eglise d'Arras n°9

 

Depuis plus d’un an, le chantier diaconia2013 est en chantier. Après la journée des EAP, avec l’abbé Luc Dubrulle, peut-être avons-nous envie de respirer un peu, compte tenu des autres sollicitations en cours (activités en paroisse, anniversaire Vatican II, etc.). Pourtant nous faut encore mesurer sur quoi se fonde la diaconie et agir encore et toujours pour que notre cœur et notre esprit demeurent vigilants. Le texte ci-dessous proposé par le service national diaconia2013. Ce texte ne prend pas en compte les acteurs de solidarité hors Eglise.

 

Ce texte vise à donner des outils afin d’aider diverses instances d’Eglise (par exemple une paroisse – à travers son Conseil Pastoral ou son Equipe d’Animation Pastorale –, un diocèse – à travers son Conseil Diocésain de Pastorale –, une aumônerie, un groupe de prière, une équipe d’Action Catholique, une congrégation religieuse etc.) à faire le point sur la diaconie. Le texte ne peut pas être repris tel quel. C’est en quelque sorte un vivier dans lequel puiser, afin d’élaborer des questions pouvant servir pour un temps de relecture et de discernement. Pour qu’un travail en profondeur se fasse, cela supposera sans doute de revenir plusieurs fois sur le thème.

Les points soulevés ici pourront donc faire l’objet de différentes rencontres (ou de différents temps au cours d’une récollection s’étendant sur une journée entière).

De plus, différents types de rencontres peuvent voir le jour à partir de ces questions ; il convient notamment de bien choisir le registre dans lequel le partage aura lieu : s’agit-il d’un temps de relecture et de méditation, de réflexion, de débat ? En fonction de cela, les questions pourront être reformulées.

 

La diaconie, un appel à évangéliser nos relations

La « diaconie » est ici comprise comme action sous-tendue par l’amour de Dieu, qui s’affronte aux logiques du monde (marquées notamment par la compétition, le calcul, le besoin de se protéger des autres, etc.). C’est donc un appel à laisser toutes nos relations, nos manières de nous rapporter les uns aux autres, s’imprégner de l’Evangile, c’est-à-dire des attitudes qui furent celles du Christ, grâce auxquelles la Bonne Nouvelle nous a touchés (sa manière d’accueillir les malades, les publicains et les pécheurs, les femmes, les enfants, les fous et les possédés, les lépreux, etc.)[1].

Parler « diaconie », c’est donc ouvrir un champ très vaste, et c’est entreprendre un travail sans fin, car nous savons tous que nous n’en avons jamais fini avec l’accueil de Dieu. En même temps, c’est aussi laisser en nous des questions grandir, qui peu à peu font de nous des veilleurs :

Qu’en est-il de ceux qui ne font pas de bruit, qui pourraient bien disparaître de nos préoccupations et être ensevelis dans le silence ?

Qu’en est-il de ceux dont la fréquentation paraît – à première vue du moins – peu gratifiante ?

 

Qu’en est-il de ceux qui souffrent, soit en le faisant savoir parfois bruyamment, soit en s’isolant ?

Qu’en est-il de ceux qui sont en échec, qui subissent l’humiliation ou l’abandon ? Qu’en est-il de ceux qui sont sous le jugement des autres, sans trouver de défenseur ?

Tous ceux-là, pour une communauté qui prend au sérieux sa vocation diaconale, sont comme autant de pierres de touche : ce sont eux qui lui indiquent de manière sûre le chemin du Serviteur, c’est-à-dire du Christ tel qu’il s’est avancé vers nous.

 

1- la diaconie et l’ordinaire de la vie communautaire

Parce que la diaconie de l’Eglise touche tout le champ relationnel de la communauté chrétienne, elle ne se limite pas aux engagements caritatifs ou solidaires. Elle interroge donc aussi l’ordinaire de la vie de la communauté. A chaque fois la question sera : saisissons-nous les occasions de laisser la fraternité évangélique s’exprimer et prendre davantage consistance ? Quelques exemples :

- Quels bons moments de fraternité pouvons-nous nommer, dans la vie de la communauté ?

- Est-ce que cela fait revenir en mémoire tel chant de louange, tel psaume ou cantique, telle scène biblique ?

- Qu’en est-il de l’attention aux membres de la communauté qui traversent un passage difficile (maladie, deuil, problème de travail, de couple) ; cela suppose une écoute et une présence discrètes, où l’on se dispose à répondre aux appels avec tact et discernement. Cela peut se vivre sur un mode spontané ou bien organisé.

- Comment l’accueil du tout-venant est-il pensé et mis en oeuvre, de sorte que ceux qui sont souvent mal vus ou oubliés (par exemple les très pauvres) ne se sentent pas comme un chien dans un jeu de quilles ?

- Comment les principaux services d’Eglise (catéchèse, liturgie, préparation aux sacrements) s’approprient la question de l’accueil des plus fragiles, et se soucient de faire un chemin avec eux ?

 

2- les personnes fragiles dans la communauté

Comment les personnes les plus fragiles de la communauté sont-elles sollicitées pour participer à sa vie ? La communauté s’attend-elle à recevoir aussi la Bonne Nouvelle de leur part ?

- Que chacun fasse mémoire en lui-même de telles personnes rencontrées, avec qui il ou elle a pu faire un bout de chemin, qui compte désormais dans son histoire.

- Que chacun mesure ce qu’il a découvert à cette occasion, comment il/elle a été transformé, enrichi, simplifié par cette rencontre.

- Est-ce que cela fait affleurer à la mémoire telle ou telle scène de l’Evangile ?

- Et la communauté, a-t-elle l’occasion de faire de la place aux plus fragiles ? Qu’en reçoit-elle ?

- Qu’est-ce qui peut aider à ce qu’ils soient appelés à apporter leur contribution spécifique ?

- Comment manifeste-t-elle ce qu’elle reçoit d’eux ? Peut-elle le dire, exprimer sa gratitude ?

 

3- les chrétiens engagés dans le service de l’humanité

Il y a des chrétiens déjà engagés dans le service de l’humanité, que ce soit par le biais de leur profession (métiers des soins, secteur social, éducation), ou via un engagement dans le champ associatif, syndical ou politique. Le plus souvent, il s’agit d’activités dans des lieux qui ne sont pas d’Eglise. Ces chrétiens peuvent vivre leur engagement de bien des manières ; certains y voient un élément important de leur réponse au don de Dieu ; dans ce cas tout spécialement, il est important de les accompagner.

- Ont-ils des lieux pour relire ce qu’ils font, et notamment y repérer ce qui résonne comme une Bonne Nouvelle (qui se reconnaît à la joie qui ouvre et simplifie) ?

- Comment la communauté peut-elle les solliciter pour avoir un retour sur ce qu’ils découvrent sur leurs lieux d’activité ? En les invitant à raconter ce qu’ils ont découvert ? En les interrogeant sur les questions, inquiétudes, convictions qui sont les leurs ? En les sollicitant pour partager leurs prières à la communauté ? En allant visiter leurs lieux d’engagement ? En suscitant auprès d’eux des « Aaron » qui pourront s’essayer à formuler ce qu’eux-mêmes ont du mal à dire ?

- Ces personnes, dans la mesure où elles vivent leur engagement comme une réponse aux appels de Dieu, pourraient-elles être envoyées par la communauté chrétienne ? (cela peut se faire sans doute de bien des manières : envoi et bénédiction à l’occasion d’une eucharistie, envoi par le conseil pastoral oral ou écrit, ou simplement par le curé de la paroisse).

 

4- les mouvements et institutions d’Église au service de la solidarité

Il y a sans doute sur la paroisse, des activités qui relèvent de la solidarité, dans le cadre de mouvements ou d’institutions d’Eglise (CCFD, Secours Catholique, Conférences St Vincent de Paul, Equipes St Vincent, Service Evangélique des Malades, Foi et Lumière, ACAT, etc.). Ceux qui y sont engagés ont fait tout un chemin avec des personnes dont on ignore en général beaucoup. Le travail qui se fait là est souvent admirable, mais trop peu connu de la communauté.

- Ceux qui sont engagés sur ces terrains sont-ils entendus par la communauté ? Comment s’intéresse-t-elle à ce qu’ils font ? Leur donne-t-elle l’occasion de partager ce qu’ils vivent là ? Y compris leurs difficultés, hésitations, question ?

- Se sentent-ils invités à donner un retour à la communauté ? (sous forme de récit, de sensibilisation à des situations qui peuvent échapper à beaucoup, d’intentions de prière à partager)

- Serait-il envisageable qu’ils donnent l’occasion à la communauté de vivre quelque chose avec ceux qu’ils connaissent ? (des rencontres qui peuvent avoir lieu à l’occasion de fêtes, de célébrations, ou bien qui peuvent prendre une forme plus régulière comme les « tables ouvertes »).

- Bref : peuvent-ils être comme des médiateurs, qui aident à ce que, peu à peu, des personnes d’autres horizons fassent partie des préoccupations de la communauté, voire de son histoire ? Peut-on envisager que des amitiés naissent entre les membres de la communauté et elles ?

- Peuvent-ils aider la communauté à prendre conscience de situations d’injustices graves qui demandent à être reconnues et dénoncées ?

 

5- les acteurs au service de pastorales spécifiques

Il y a peut-être dans le secteur, un hôpital, une prison, une aire de stationnement de gens du voyage, qui relèvent de pastorales spécifiques. Y a-t-il des occasions que quelque chose passe entre la paroisse et ces lieux-là ? On peut penser à l’échange de nouvelles, des contacts, des visites, des temps forts partagés, l’invitation à des célébrations ou des temps de prières, etc.

 

6- la diaconie de la communauté, un appel à devenir veilleur

La communauté peut se fixer comme objectif d’entrer davantage dans l’attitude du veilleur, par rapport au lieu où elle est. Comment sa prière et sa manière d’écouter la Parole de Dieu est-elle travaillée par ce souci ?

- Quels moyens se donne-t-elle pour connaître les situations de ceux qui sont en souffrance, isolés, en situation précaire ? Quelle est son écoute ? Comment peut-elle s’organiser pour cela ?

- Laisse-t-elle résonner ce qu’elle entend ? C’est-à-dire : comment se laisse-t-elle toucher ?

- Cherche-t-elle à entrer en contact avec ceux qui sont en difficulté ?

- Repère-t-elle des appels ? Serait-elle prête à faire quelque chose ? (bien des formes sont possibles : depuis encourager des membres de la communauté à rejoindre des initiatives prises par ailleurs, jusqu’à monter un projet spécifique. Les services et mouvements diocésains peuvent accompagner la réflexion de la communauté et aider dans le montage des projets paroissiaux).

- Quelle prière naît des questions ici soulevées ? Pourquoi ne pas l’écrire pour s’en souvenir et pouvoir revenir avec insistance la confier à Dieu ?

 

NB : tout cela peut conduire à définir et confier des responsabilités nouvelles reconnues par la communauté

Etienne Grieu, nov 2010

Diaconia 2013

Conférence des Evêques de France, 58, avenue de Breteuil - 75007 Paris

diaconia2013@cef.fr - http://www.diaconia2013.fr


 

 

En voir plus : Messe conférence de Saint Vincent de Paul d'Audruicq

 

 

 

[1] 1 La Bonne Nouvelle en effet, c’est d’abord la résurrection de Jésus Christ. Mais elle n’est vraiment Bonne Nouvelle que parce qu’il s’agit précisément de celui qui s’était livré à nous de la manière dont il l’a fait. Ainsi, nous pouvons accueillir sa résurrection comme la confirmation de ce que sa manière d’être révélait le visage du vrai Dieu.

 

 

 

 

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