Communiqué de Mgr Jaeger

Au service de la mission de l'Egllise

COMMUNIQUE

DE MONSEIGNEUR JEAN-PAUL JAEGER

 

 

Mgr Jaeger Mgr Jaeger  Une large couverture médiatique et des réactions d’origines diverses ont entouré ma décision de ne pas  signer une  nouvelle convention d’accueil de Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA, prêtre mis à la disposition de notre diocèse pour 3 ans par l’Evêque d’Obala au Cameroun. La culture médiatique en décide ainsi : des explications sont attendues, presque exigées.

Il me faut d’abord repréciser le cadre général de la situation que je vais évoquer plus bas. Une convention a été signée entre l’évêque d’Obala et celui d’Arras. Moyennant certaines aides de la part du diocèse d’Arras pour la formation de ses séminaristes, l’évêque d’Obala met en permanence 3 de ses prêtres à la disposition de celui d’Arras. Chacun d’eux est prêté pour une période de 3 ans, éventuellement renouvelable 1 fois.

C’est au titre de cet accord que Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA est arrivé dans le diocèse en septembre 2013. Il a d’abord été prêtre associé à la paroisse Notre Dame en Cité d’Arras, puis en 2014, prêtre associé dans les paroisses « Notre Dame de pitié du pays de Bapaume » et « Notre Dame du  Bois de l’Arrouaise. » Il a alors résidé à Bapaume, puis, à sa demande, dans le presbytère d’Hermies, rénové par la municipalité que je remercie.

Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA n’a donc jamais été le curé d’Hermies ou le prêtre affecté  à Hermies. Il collabore avec Monsieur l’abbé Éric MERLIER, curé, à la vie de deux paroisses pour un total de 16 000 habitants.

La convention signée entre l’Evêque d’Obala arrive à échéance. L’évaluation globale m’a conduit après réflexion et consultation de mes proches collaborateurs à ne pas demander à l’évêque d’Obala la reconduction de la convention. Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA n’est donc pas renvoyé, il est encore moins licencié ! Il n’est pas privé de moyens de subsistance comme je l’ai lu. Il rentre dans son diocèse à l’expiration de la convention. Son évêque retrouvera l’un de ses prêtres.

Dans les derniers mois de ce triennat, il m’a été rapporté que le presbytère assez récemment occupé par Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA ne servait pas qu’à l’hébergement du prêtre et à l’accueil de personnes reçues dans le cadre de l’exercice de son ministère.

Le débat sur le célibat consacré  est permanent dans l’Eglise et dans la société. A cette heure, il me revient, cependant, tant par conviction que par mission,  de le promouvoir et d’aider mes collaborateurs prêtres à le vivre, à le respecter et à en manifester la richesse. Le mariage ne constitue d’ailleurs pas une garantie contre les errements personnels. Il peut même en amplifier les tourments.

Un élément extérieur s’est invité dans la relation nouée avec une paroissienne, lui donnant l’allure d’une comédie de boulevard. Lorsque les acteurs de ce mauvais Vaudeville sont prêtre et paroissiennes engagées, se rencontrent sur le même terrain pastoral, la suite et les répercussions sont facilement imaginables. Chacun a le droit d’avoir son opinion sur l’exercice de la vie affective des prêtres. Tous s’accorderont pour reconnaître, au minimum, que celle-ci ne doit pas perturber directement ou par ses effets collatéraux, la vie et la mission des communautés et des divers groupes de responsabilité.

 Malgré plusieurs interpellations auxquelles ont répondu des promesses répétées, la relation et ses répercussions n’ont pas cessé. Les faits ont été confirmés par les personnes concernées elles-mêmes. Ma décision n’est donc pas fondée sur des ragots.

Une telle situation divise quand un prêtre doit rassembler. Des fidèles et des responsables souffrent. Ils ne le proclament pas dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Ils le font savoir à leur évêque.

J’estime que malgré toutes les qualités personnelles qu’il a pu déployer et l’attachement qu’il a suscité, Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA n’est plus en mesure de remplir, ici et maintenant, la totalité de la mission que l’Eglise confie à un prêtre  lorsqu’elle l’envoie exercer le ministère du Christ Pasteur. Cette mission est bien plus large et spécifique que ne le laisse supposer l’énumération de capacités reconnues et appréciées par des personnes qui affirment elles-mêmes ne pas être croyantes et se soucier fort peu de  la vie en Eglise.

Quoi qu’il puisse se dire et s’écrire, je n’ai affronté dans mon ministère d’évêque que quelques rares situations analogues. Toutes ont tourné au drame. Les relations qui fascinent ont leurs limites et se banalisent. Elles peuvent sombrer aussi bien que d’autres dans la haine, la jalousie, la mesquinerie, la rupture. C’est alors que l’évêque est informé et qu’il est sommé de punir celui qui a fait de la compagne ou de la partenaire d’hier, la victime d’aujourd’hui.

Il est des scènes que je ne veux plus revivre, non pas pour mon égoïste tranquillité, mais pour des personnes, voire un enfant, et pour l’Eglise.

Je n’ai pas lu cela dans les livres ou des articles, j’en ai fait l’expérience.

Cet ensemble de considérations m’a conduit à prendre une décision que je déplore.

Je remercie sincèrement Monsieur l’abbé Alexis-Marie ONOMO ETABA pour une collaboration qui a porté un certain nombre de bons fruits. N’aurais-je pas fait preuve de Miséricorde à son égard en cette année où, à l’invitation du pape François, je la prêche tellement ? Des appels au changement et des propositions pour y parvenir sont restés sans suite. Je ne l’ai pas relevé de l’exercice du ministère de prêtre. Il le remplit jusqu’à l’extinction de son contrat. Il n’est donc pas sanctionné. Près de son évêque et avec lui qui le connaît mieux que moi, il saura opérer le discernement nécessaire.

Je dis ma gratitude à tous les prêtres du diocèse qui ont pu être blessés par une formule de circonstance qui croit mieux défendre une opinion en semant la suspicion généralisée. Ce que vivent ces prêtres, au prix parfois de rudes combats intérieurs, témoigne de la puissance de l’Amour venu de Dieu et de leur totale disponibilité.

Qu’il me soit permis d’ajouter la reconnaissance de tout le diocèse et la mienne aux prêtres venus d’ailleurs. Des faux pas – il faut reconnaître humblement qu’il n’y en a pas eu qu’un, ce qui explique en partie la fermeté de ma position -  ne sauraient discréditer l’ensemble de ces frères qui déploient des trésors d’énergie, de foi et de générosité pour renforcer, malgré les énormes obstacles culturels qu’il faut parfois surmonter, la présence et le ministère de prêtres trop peu nombreux chez nous. Nous ne mesurons pas toujours ce que nous attendons d’eux.

J’éprouve une grande sympathie pour Dylan et les jeunes qui se sont dépensés avec leur fougue et leur cœur pour défendre la cause de « leur abbé », même si un abbé n’est jamais à personne et ne fera toujours que passer, même à Hermies !  Leur témoignage et leur investissement me touchent bien que je n’en partage pas tous les objectifs.  Je comprends parfaitement qu’aujourd’hui une partie, au moins, des motivations de ma décision leur échappe. Le temps leur permettra d’évaluer leur action. Ils auraient eu certainement grand intérêt à apprendre auprès du Père Alexis-Marie l’usage du « Voir – juger – agir » de l’Action Catholique.  Je leur promets, s’ils le veulent, de leur trouver un accompagnateur ! Un prêtre, venu d’Afrique ou d’ailleurs, peut les aider, mais c’est à eux que l’avenir appartient.  Bonne route les jeunes !

J’apporte mes encouragements à toute la communauté diocésaine qui est appelée, au-delà des blessures ponctuelles, à relever le merveilleux défi de l’Evangélisation. C’est lui qui mérite notre mobilisation !

 

 

Arras, le 13 août 2016

 

                                                                                                              + Jean-Paul JAEGER