Actes des Apôtres chapitre 5
Ananias et Saphire. Proclamation de l'Evangile
Ananias et Saphira, 1-11.
Dans les Actes, le partage des biens est un élément structurant les premières communautés. Par trois fois (en 3 sommaires) le partage des biens est évoqué : fin du ch.2, ch.4 et ch.5. Selon l’historien Flavius Josèphe, l’idéal du partage des biens semble fréquent pour de nombreux groupes religieux du 1er siècle. Il en est de même dans les Actes, ce qui ne signifie pas que les communautés soient parfaites. L’histoire d’Ananie et Saphire en témoigne. (Il en est de même au ch. 6, avec l’accroc à propos des repas servis aux veuves, ce qui donnera lieu à l’institution des diacres).
Le peuple des croyants attendait le retour tout proche de Jésus. Or Ananie et Saphire décèdent l’un après l’autre : ils n’auront pas part aux promesses du Seigneur. Leur mort brutale a pu perturber les croyants qui vont interpréter l’évènement comme une punition. Ils n’auraient pas été transparents, ils auraient gardé une part de la vente. Le reproche formulé par Pierre est différent. Il signale un mensonge qui risque de détruire la communauté. Luc introduit un mot nouveau au v.11 : le mot Eglise. En monde grec, ecclésia désignait l’assemblée délibérante des citoyens. Chez les chrétiens, l’Eglise est une assemblée de chrétiens en communion. Aujourd’hui, quelle Eglise cherchons-nous à faire grandir ?
La communauté autour des apôtres. 12-42
Aussitôt après cet évènement, une nouvelle présentation de la communauté intervient qui insiste sur la foi au Seigneur et l’unanimité de la multitude d’hommes et de femmes autour des apôtres, ce qui évoque des scènes d’Evangile où Jésus guérit et les foules l’entourent (cf. Luc ch. 6,19). C’est le troisième sommaire sur la communauté.
La deuxième partie du chapitre 5 raconte une nouvelle arrestation des apôtres. C’est une nouvelle occasion de témoigner de Jésus ressuscité devant le sanhédrin. Pour Luc l’essentiel réside dans l’œuvre du Seigneur. Une lecture rapide pourrait laisser croire à un conte de fées. Pourtant ce paragraphe donne à comprendre le monde d’hostilité auquel les premiers chrétiens sont confrontés : le cœur de la religion leur est hostile (grand prêtre et saducéens).
Entrer en résistance face au système religieux n’est pas simple : les uns comme les autres, le système comme les apôtres sont persuadés d’agir au nom de Dieu, de défendre l’honneur de Dieu le Très-haut. Plutôt que de parler de ridicule à propos des autorités, mieux vaut penser à leur impuissance devant quelques paysans qui n’ont pas fait d’études (cf. Ac.4,13). L’invitation à la prudence initiée par Gamaliel invite à mesurer le trouble des responsables juifs. Occasion de penser à la période troublée vécue durant le premier siècle, marquée par les attentes messianiques, les escarmouches contre la présence romaine et la question de Jésus que l’on pensait avoir éliminé. “Si ça vient des hommes… mais si ça vient de Dieu ?”. C’était le point de vue de Gamaliel. Mais vu du côté de Luc, tout ceci est œuvre de l’Esprit-saint. Avons-nous le même regard que Luc envers l’Esprit à l’œuvre dans l’Eglise aujourd’hui ?
Note:
On appelle "sommaires" trois courts paragraphes du début des Actes où Luc présente la vie des premières communautés : Ac 2, 42-47 ; Ac 4,32-35 et Ac 5, 12-16. Parmi les caractéristiques des communautés, on trouve : l’enseignement, la prière, la charité fraternelle et la fraction du pain. (En cherchant dans Google “Sommaire Actes des Apôtres”, on obtient plusieurs références intéressantes).