Actes chapitre 12
Pierre emprisonné, libéré, autre destinée
Des références à l’histoire générale méritent notre attention. La mort d’Hérode (petit-fils d’Hérode le Grand) rapportée par Luc l’est aussi par Flavius Joseph. De même les relations d’Hérode avec le courant pharisien, ce qui explique les attaques contre les judéo-chrétiens de Jérusalem, pas seulement contre les hellénistes. Le ch.12 est une manière symbolique d’écrire le conflit entre Hérode et Dieu. C’est une relecture théologique de l’histoire. A la fin, Hérode meurt. Pierre disparait pour une autre destinée, et “la Parole de Dieu croissait et se multipliait”.
Ici se termine la première partie des Actes où Pierre était le personnage principal. On est encore à Jérusalem pour peu de temps. Le ch13, avec l’envoie en mission de Barnabé et Paul est le départ de l’aventure en terres païennes qui aboutira à Rome.
Luc ne cherche pas une reconstitution rigoureuse de faits historiques. Sa rédaction est une catéchèse à destination de ses lecteurs : Dieu et son Esprit guident l’expansion de l’Eglise. Pierre, lui, est complétement passif. L’œuvre de Luc, Evangile et Actes, est scandée par quatre “disparitions” : la mort de Jésus, celle d’Etienne, la disparition de Pierre, la disparition de Paul. Mais un refrain demeure : “C’est aux païens qu’a été envoyé le salut de Dieu : eux, ils écouteront”. Ou encore : “La parole de Dieu croissait et se multipliait”.
En écrivant le ch.12, Luc a voulu établir des rapprochements avec la sortie d’Egypte, délivrance fondatrice d’Israël. La libération de Pierre est située la semaine de Pâques ; c’est de nuit ; les ordres sont de se hâter, de mettre sa ceinture et ses sandales, etc. Autre rapprochement, c’est comme un décalque de la résurrection : c’est une femme qui découvre la libération de Pierre ; c’est au son de la voix ; elle est bouleversée et dans la joie ; elle transmet aux autres. La lumière dans la prison peut aussi faire penser à la nuée qui guide les Hébreux.
La mort rapide et brutale d’Hérode est interprétée comme une punition divine, d’autant plus qu’il se prenait pour un dieu. Sans doute y a-t-il là une réplique de la première libération de Pierre et Jean en 4, 21, où était évoqué le psaume 2 : “Pourquoi ces peuples murmurent en vain (contre Dieu) ?”. Sans doute y a-t-il aussi une parole de Luc pour raviver la confiance des chrétiens au moment où ils subissent, eux aussi, des persécutions.
Jean surnommé Marc. Selon son habitude, Luc annonce d’avance les étapes suivantes. Jean-Marc est présent au début de l’expédition de Barnabé et Paul, au ch.13. Il porte un double-nom, parce que nous sommes ici au confluent de deux civilisations : la juive et la gréco-romaine : Jean est surnommé Marc (l’évangéliste). Les lecteurs des Actes doivent connaître Marc et son évangile, rédigé dix ans plus tôt. Autres double-noms : Saul qui devient Paul 13, 9. Joseph surnommé Barnabé.
Il y a au moins deux Jacques : celui que Hérode fait exécuter. Il est frère de Jean, fils de Zébédée (cf. Luc 5,10). L‘autre Jacques, frère du Seigneur, sera responsable de l’Eglise de Jérusalem.