Atelier de poterie de l'abbaye Saint-Paul
Le père Schreurs a repris la production
L’atelier de poterie de l’abbaye Saint-Paul de Wisques a dû cesser son activité vers la fin des années 80 à cause de la pénurie de vocations. En octobre 2013 la venue de l'Indre d’un groupe important de moines de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault, appartenant à la même congrégation des bénédictins de Solesmes, a donné une nouvelle jeunesse à l’abbaye. Les nouveaux moines ont voulu reprendre l’activité de poterie, tout en continuant l’atelier de carreaux de faïences existant, les fameux « saints patrons ».
Les premières poteries ont été vendues dès Pâques 2014.
L'atelier produit une gamme très large de poteries de grès. Elles sont soit décoratives (croix, médaillons, lampes, assiettes décorées, etc.) soit utilitaires (bénitiers, brûle-parfums, assiettes, verres, jattes, bols, cruches, vases, bougeoirs...) Deux moines travaillent habituellement à l’atelier. Mais les autres moines leur apportent leur aide de temps en temps car, à côté du travail spécialisé qui a demandé une formation, en particulier le tournage des pots, il y a un travail plus simple, que tous sont capables d’accomplir. Ainsi toute la communauté collabore aux réalisations de l’atelier.
S'il ne nie pas que la poterie apporte une certaine, quoique relative, aide financière à la vie de la communauté, le responsable de l'atelier, le père Benoît-Joseph Schreurs, ressitue son travail dans son contexte monastique : « Le père Abbé m’a demandé d’apprendre la poterie, dans notre abbaye d’origine, en vue de notre envoi à Wisques et de l’ouverture d’un atelier de poterie ici. Il s’agit donc d’une œuvre d’obéissance. Sinon, cela n’aurait pas de sens pour un moine. Je ne suis pas venu au monastère pour faire de la poterie mais pour faire la volonté de Dieu, le chercher et l’aimer. Ceci dit, c’est un métier qui me plaît, car il permet d’utiliser toutes ses facultés, tant intellectuelles que pratiques. Saint Benoît, dans le chapitre de sa Règle qui traite des artisans du monastère, insiste beaucoup sur l’esprit d’humilité et d’obéissance dans lequel ils doivent accomplir leur travail.
C’est ce que j’essaie de faire, avec la grâce de Dieu. C’est pourquoi je n’ai aucune prétention artistique. J’essaie de faire des poteries simples, avec des formes traditionnelles, sans recherche d’effets. Les moines travaillent dans l’anonymat, uniquement pour l’amour de Dieu. Ils ne signent jamais leurs œuvres, même si, inévitablement, il y a toujours un petit côté personnel à chaque pot, car deux potiers n’ont jamais exactement la même façon de faire. Je fais des objets qui me semblent agréables à voir. Certains ont un défaut, ce qui est bon pour l’humilité, mais cela donne aussi un côté « artisanal » au pot… Ce qui plaît à certains clients Je crois que, souvent, les gens achètent les pots pour aider un peu les moines. Ceci dit, on ne reste pas insensible lorsqu'ils apprécient les produits qui sortent de notre atelier. C’est encourageant pour tous les frères qui y travaillent. ».
Et le père Benoît-Joseph de conclure qu'on pourrait tirer bien des leçons de la poterie pour la vie monastique car « pour que la terre, l'argile, nous obéisse il faut pour ainsi dire dialoguer avec elle, lui obéir à notre tour. Notre Père Saint-Benoît ne demande-t-il pas que les frères « s'obéissent mutuellement » pour parvenir ensemble au But ? ».
Propos recueillis par Jean-Paul Chavaudra, Regard en Marche
Légende photo : Le père Schreurs alimente le magasin en poteries.