"Seigneur, que veux-tu pour le diocèse d’Arras aujourd’hui ?" C'est à partir de cette question que Mgr Leborgne partage dans ce document intitulé Cinq orientations d'étape : esquisse d'une vision pour le diocèse d'Arras qu'il confie aux acteurs de la mission dans le Pas-de-Calais afin de permettre à tous de s'y engager.

 

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Cette question, nous devons nous la poser au-delà de nos intuitions personnelles ou communautaires, par crainte de ne faire que fonctionner et ne plus être véritablement disciple-missionnaire.

 

Il nous semble important de recevoir ce texte personnellement ou en équipe afin de préparer notre cœur à ce que le Seigneur veut pour nous et notre diocèse. Cela implique pour chacun de se préparer à une profonde transformation de nos pratiques.

 

Pour le recevoir, nous vous proposons trois pistes détaillées dans le livret A5 que vous pourrez télécharger ci-après :

 

Nous vous proposons un retour éventuel pour continuer la réflexion et le discernement sur l’adresse synode@arras.catholique.fr

 

Dans la joie d’avancer ensemble sur ce chemin,

Marie Pierre Cockenpot, déléguée épiscopale, et l'abbé Laurent Boucly, vicaire général.

 

 

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« Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit » (Ga 5,24)

Esquisse d’une vision pour le diocèse d’Arras, cinq orientations d’étape

 

Notre diocèse est riche d’une longue et dense histoire. Il subit cependant une évolution rapide au sein d’une société elle-même en mouvement, tant dans sa relation aux religions que dans sa dynamique générale. Cela fait apparaitre de nouvelles opportunités. Mais cela aussi désarçonne et déstabilise la communauté chrétienne. Les défis qui se présentent devant nous sont de taille. La question organisationnelle se posera évidemment, elle n’est pourtant pas première.

On me demande souvent une vision pour le diocèse. J’ai longtemps été embarrassé par cette demande, pensant qu’on me demandait de produire un plan articulé et un échéancier en vue d’une organisation systématique du territoire et de la pastorale. Un certain nombre d’échanges m’ont permis de comprendre qu’une vision n’était pas d’abord de cet ordre mais plutôt du partage de quelques convictions fondamentales qui peuvent dessiner un cadre, stimuler un élan, permettre la diversité légitime de se vivre dans la communion, répondre à l’appel de la mission aujourd’hui.

Les propos ici partagés doivent beaucoup à un travail effectué par le conseil épiscopal qui m’a paru fécond et, pour une part, inattendu. Voici donc cinq orientations pastorales. Elles ne constituent cependant pas encore une vision aboutie. Elles n’en sont qu’une étape. La suite de la visite pastorale et les échanges avec vous, le travail que nous mènerons ensemble pour envisager l’avenir du diocèse me permettront de les enrichir.

 

Jésus dit à ses disciples : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre. » Jn 4,34

 

Pour envisager l’avenir, la question fondamentale est la suivante : « Que veux-tu, Seigneur, pour le diocèse d’Arras aujourd’hui ? » Que Sa volonté soit faite est ma seule ambition. Tout le reste est perte de temps. Je remarque que poser cette question souvent désarçonne : comment discerner la volonté de Dieu ? Certains craignent que ce soit l’alibi pour tout changer sans honorer l’histoire. D’autres sont accaparés par l’urgence et n’entendent pas la plus grande urgence encore de se mettre sous cette question. D’autres comprennent spontanément que cela décentre et peuvent en avoir peur. D’autres encore sont enthousiastes, mais se demandent comment faire la distinction entre intuition personnelle, ce que nous comprenons et percevons, idée d’un groupe (aussi évangélique et généreuse soit-elle) et volonté de Dieu. Il me semble que la réponse à cette question de la volonté de Dieu ne peut-être qu’une « réponse en chemin », qu’elle ne peut jamais se figer dans une compréhension que nous en aurions, mais que, cependant, nous ne pouvons faire l’économie de cette question. Sans quoi nous ne ferons que fonctionner. Nous ne serons plus disciples. Or il s’agit bien d’être disciple-missionnaire du Ressuscité, dans la grâce de l’Esprit Saint.

Pour avancer sur ce chemin, cinq orientations sont maintenant proposées.

 

 

1/ La parole de Dieu comme source vive.

 

Ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plait, sans avoir accompli sa mission.  Is 55,11

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. […] Et le Verbe s’est fait chair.  Jn 1,1…14

A la fin, en ces jours où nous sommes, Dieu nous a parlé par son Fils… Hb 1,2

 

Dieu parle. Dieu nous parle. Il y a là quelque chose d’inouï à quoi nous nous sommes sans doute trop habitués. Et que nous risquons du coup de ne plus entendre. « Tu m’as creusé une oreille, dit le Psalmiste en s’adressant au Seigneur, alors j’ai dit : ‘voici, je viens’ » (Ps 41,6). Nous mettre toujours davantage à l’écoute de Dieu qui parle est l’attitude fondamentale.
 

● Dieu parle par les Saintes Ecritures dont nous croyons qu’elles sont inspirées. A travers elles, c’est Dieu lui-même qui s’adresse à nous. Il y a là une source vive de notre foi. Méditer et prier les Saintes Ecritures est au cœur de la vie spirituelle et de l’union à Jésus. Promouvoir une lecture amoureuse, confessante et existentielle des Saintes Ecritures. Il s’agit de désinhiber les baptisés dans leur rapport à la Parole de Dieu.
 

● Dieu, fondamentalement, parle par son Fils, le Verbe fait chair. Se mettre à l’écoute de Dieu qui parle signifie donc grandir dans la communion au Fils éternel du Père qui a pris chair de notre chair et qui est mort et ressuscité. La vie sacramentelle est ici incontournable. On ne peut la relativiser. Il nous faut la redécouvrir pour nous-mêmes et la servir pour tous ceux qui font une démarche vers Dieu. Il nous faut redécouvrir – car nous n’en aurons jamais terminé avec cela – le sens profond de l’eucharistie, sacrifice, mémorial et repas. Il me semble nécessaire d’éduquer au sens de l’adoration (d’abord comme posture intérieure) et à la prière avec l’ensemble du corps (et donc des gestes qui l’expriment). La redécouverte du sacrement de réconciliation, d’autant plus dans un monde déchiré et une Eglise abimée, ne peut être négligée. Le déploiement d’une pastorale du sacrement des malades me parait opportune.
 

 ● Dieu, enfin, continue à parler. Il est le Dieu vivant qui ne cesse de se donner. Il demeure le Dieu qui se révèle et vient à notre rencontre dans l’histoire. « Mon Père est à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre » dit Jésus (Jn 5,17). Dieu parle par les événements et les signes des temps. La deuxième orientation veut y faire droit.

 

 

2/ Des communautés de discernement

Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Eglises. Ap 2,7.11.17.29 ; 3,6.13.22

 

L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé… Ac 15,28

 

A un moment tout à fait spécifique de l’histoire de l’Église en Europe, en France et dans le diocèse d’Arras, l’appel du Seigneur nous oriente résolument vers l’espérance. Autrement qu’hier, sans doute très humblement ce qui ne veut pas dire sans audace, l’Eglise est attendue comme signe d’espérance dans un monde qui en manque douloureusement.

 

Le pape François nous appelle avec vivacité à quitter une pastorale de l’entretien : nous le désirons tous. Nous pouvons cependant parfois constater que, sous le coup de l’urgence, de la pression encore forte de demande de sacrements et de funérailles ou par peur de changer d’habitudes, ou par désarroi et manque d’imagination, nous sommes tentés de nous installer dans une certaine pastorale de répétition. Un certain nombre de chrétiens engagés ne savent plus comment faire et certains connaissent un moment de déprime spirituelle, pastorale et missionnaire.

Nous n’avons d’autre choix que de nous mettre tous ensemble sous la motion de l’Esprit pour écouter ce que le Seigneur dit à l’Eglise et mettre en œuvre la volonté de Dieu. Il s’agit donc de mettre au cœur de la communauté chrétienne la dynamique du discernement. Il s’agit de nous laisser mener par Dieu là où la vie jaillit.

 

La volonté de Dieu n’est pas arbitraire, elle assume le passé, elle n’en fait pas table rase. Elle n’en est pas prisonnière non plus. Nos prédécesseurs ont voulu faire la volonté de Dieu, comme chaque génération. A chaque époque, l’Esprit a ouvert des chemins qui correspondaient aux défis qui se présentaient. Changer pour changer n’a aucun sens. Mais changer sur l’appel de l’Esprit ne disqualifie pas ce qui s’est fait hier. Cela signifie simplement qu’être fidèle au Christ Jésus « le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (Hb 13,8) dans un monde qui change, exige de nous laisser déplacer par le Seigneur selon ce qu’il veut. La fidélité exige que nous soyons toujours en mouvement.

 

Qu’attend-il de nous, personnellement, en paroisse, en mouvement, en diocèse, au niveau de l’Eglise universelle ? Le discernement de cette question est en fait notre sécurité, le roc sur lequel nos communautés pourront s’engager vers l’avenir selon l’Evangile. Ainsi, il nous faut promouvoir des communautés de discernement. Cela peut se déployer selon trois axes :

 

● Le Seigneur parle par les frères, tout particulièrement par les plus démunis. « Ce que vous faites aux plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25). Le renouveau missionnaire de l’Eglise passera par sa capacité à être non seulement l’Eglise pour les pauvres ou avec les pauvres, mais à partir des pauvres. C’est une conversion profonde à vivre. L’attention à nos frères et sœurs les plus pauvres et à leurs besoins spirituels est une manière de mettre le Christ au centre, à la source de nos communautés. Les récentes élections et la fracture qu’elles ont soulignée nous confirme dans l’écoute de la parole des pauvres. Une lecture idéologique de ce propos ne permet pas d’y faire droit et agace certains, il y a là cependant un incontournable.

 

● Articulée avec la primauté et la collégialité dont elles sont un moment, la synodalité est l’exercice communautaire du discernement de ce à quoi Dieu nous appelle. Il s’agit donc de mettre en place un cadre, de prendre des décisions et de fournir des outils qui permettent aux communautés locales de progresser dans ce dynamisme synodal, à tous les niveaux. Et ainsi de se mettre en chemin pour réaliser la volonté de Dieu pour nos communautés et notre diocèse.

 

● Cela demande de redécouvrir la riche tradition spirituelle de l’Eglise en termes de discernement spirituel et pastoral.

 

 

 

3/ Fraternité et Mission

 

Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile. 1 Co 9,6


C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaitront que vous êtes mes disciples. Jn 13,35. Cf. Jn 17,21.22-23


Il faut que le monde sache que j’aime mon Père... Jn 14,31

 

L’Eglise est missionnaire ou elle n’est pas. Le Seigneur, notamment dans la prière sacerdotale (Jn 17), précise que la première force missionnaire est la communion fraternelle. Nous sommes appelés à vivre du Christ dans la grâce de l’Esprit Saint en nous recevant du Père et en nous offrant à Lui, pour témoigner de la Bonne Nouvelle du Salut.

 

Il y a urgence. Une certaine naïveté avait fait croire que le progrès et la technique ainsi que la raison sauveraient le monde. Elle fait place à un pessimisme inquiet face à l’évolution de nos sociétés, des relations interpersonnelles comme internationales, et face au défi écologique dont l’urgence ne semble pas toujours perçue. Le Christ sauve notre intelligence et la restaure. Il s’offre dans le mystère pascal pour recréer nos relations (qu’elles soient familiales ou politiques) et nous donne l’Esprit Saint comme dynamisme unique pour relever les défis qui se présentent à nous, au-delà de nos errances et de nos apparentes ou réelles impossibilités. La mission est donc la responsabilité par excellence des chrétiens pour le monde.

 

Le Saint Père nous invite à aller aux périphéries. Dans notre diocèse, il se trouve qu’elles viennent encore à nous par les demandes de baptêmes et de mariages, les funérailles et la catéchèse, sans oublier la piété populaire.Comment donc aider l’ensemble des baptisés, clercs et fidèles, à renaitre à une fraternité évangélique profonde, et à un sens missionnaire déterminé ? Comment repenser l’accueil de toutes les demandes qui nous sont faites dans une attitude résolument fraternelle et missionnaire ? Cela appelle non seulement de repenser certains itinéraires proposés, mais une conversion de l’ensemble des communautés locales et de la communion diocésaine.

 

Il s’agit sans doute de repenser notre manière de vivre la communauté. L’avenir de l’Eglise se recevra par la multiplication de fraternités locales de tous ordres que l’eucharistie rassemble et envoie. Le quadrillage eucharistique qui a porté tant de fruits jusqu’à peu n’est plus possible aujourd’hui. Des petites fraternités, rassemblées autour de la Parole de Dieu, permettront l’existence de « communautés narthex » où certains viendront sans pour autant franchir immédiatement le « pas eucharistique » mais où ils pourront y être accompagnés.

 

Pour le renouveau missionnaire de nos instances et communautés, ne serait-il pas pertinent de faire de toute équipe de service (paroissiale, de mouvement, dans l’enseignement catholique, etc.) une équipe fraternelle à la lumière d’Ac 4,32 ?

 

Pour animer nos communautés locales et l’élan missionnaire du diocèse, nous serons sans doute invités à repenser la politique de nomination des prêtres, diacres et ALP, ainsi que l’organisation de nos structures, afin de mettre en place des équipes fraternelles et missionnaires.

 

 

4/ Personne et communauté

 

De même, nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, et membres les uns des autres, chacun pour sa part. Rm 12,5

 

« Vous êtes le temple de l’Esprit Saint » 1 Co 3,16

 

Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. – Rm 12,1-2

 

L’Eglise n’est pas faite de personnes qui se choisissent, mais de personnes qui sont appelées par le Seigneur, données les unes aux autres comme frères et sœurs pour devenir son Corps livré au cœur du monde, signe du Royaume qui vient.

Tous les baptisés du diocèse sont un don que le Seigneur fait à l’Eglise, qu’ils soient ministres ordonnés, laïcs en mission ecclésiale ou en service paroissial, ou « simples fidèles ». Ils sont le cadeau que Dieu nous fait pour la mission. Comment ne pas d’abord rendre grâce ? La question n’est pas de savoir si ce sont celles et ceux que nous attendons, mais de les accueillir pour ce qu’ils sont : dons du Seigneur pour la mission. Une certaine superficialité quand elle prend la forme des « sensibilités » ou des affinités peut faire de nous des enfants capricieux. Elle abime gravement la communion.

 

Gratitude

 

La gratitude n’est pas mièvrerie qui ne sait plus rien dire mais considération émerveillée pour le don de Dieu, reçu de lui dans sa charité. A ce titre, elle exige toujours la recherche de la communion et de la vérité, ce qui est toujours un combat. Elle sait combien la conversion est toujours devant soi : elle n’est pas un moment de notre vie mais identité dynamique et disposition à la mission. « Amour et vérité se rencontrent » déclare le psalmiste (Ps 85,11) : la correction fraternelle ne s’oppose pas à la gratitude, elle en est une expression.

La gratitude doit habiter notre accueil des périphéries quand elles viennent à nous. C’est le Seigneur qui nous les envoie. Pas forcément pour que nous fassions ce qu’elles nous demandent. Pour leur ouvrir ou les accompagner dans un chemin vers Lui, alors que souvent elles ne le demandent pas consciemment. Ce chemin est exigeant. Il les bouscule. Il nous bouscule.  L’action de grâce qui sait que la grâce nous précède, qui s’en émerveille et désire la servir dans le cœur de ceux que nous rencontrons est le socle de l’attitude missionnaire.

Il nous faut aussi progresser dans des vraies relations fraternelles. Il nous faut réaccueillir le don que Dieu fait à travers les ministères : le don de la vie consacrée, le don des ministères ordonnés, le don de la vie baptismale. Le Saint Père a récemment décidé d’ouvrir largement les ministères de catéchistes et de lecteurs. Nous nous engagerons dans les chemins que cela ouvre.

 

Sainteté

 

L’appel universel à la sainteté est l’un des messages clés du Concile Vatican II. Pour les baptisés, la sainteté n’est pas une option ou une hypothèse, elle est vocation et don. Elle est appel à la plénitude de la vie dans l’union au Christ et l’offrande au Père, elle est don vivifiant dans l’Esprit Saint. Revenir à la source, à la racine, vivre l’Evangile dans sa radicalité. La sainteté n’est pas un horizon à atteindre à la force du poignet, même si elle demande la fidélité du chemin pas à pas, mais elle est un don fait par le Seigneur, vivifiée par les sacrements et nourrie de sa Parole qui attend d’être déployé. La sainteté ne trouve pas sa fin en nous-mêmes. Elle est pour la Gloire de Dieu et le salut du monde, qui nous attend. Ni la conversion de notre Eglise ni son renouveau missionnaire ne seront possibles sans notre désir ardent de sainteté.

 

Charismes

 

Au sein de la communauté diocésaine, il nous faut progresser dans la culture de l’évaluation et de l’accompagnement de l’itinéraire pastoral (et éventuellement professionnel) des personnes.

Il nous faut apprendre à discerner les charismes et à accompagner leur déploiement dans le temps. Le charisme est un don de l’Esprit discerné en Eglise pour le service du bien commun et de la mission. S’il s’appuie sur les talents que l’on peut repérer, c’est plus qu’un talent ou un désir personnel. Les charismes sont une parole du Seigneur adressée à l’Eglise pour la mission. Il y a un enjeu décisif à y travailler.

 

 

5/ Simplicité et essentiel

Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus-Christ, ce Messie crucifié - 1 Co 2,2

 

Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra - Jn 11,25

 

Dieu est amour - 1 Jn 4,7

 

Revenir à l’essentiel, avec grande simplicité. Revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au cœur de la foi tel que le CREDO nous y introduit. Revenir à l’essentiel non pas d’abord en projetant ce que nous pensons devoir annoncer ou en nous demandant ce que le monde pourrait ou voudrait entendre, mais en nous laissant envoyer pour annoncer ce que le Seigneur nous demande d’annoncer.

 

Revenir à l’essentiel signifie accepter de n’avoir rien à défendre, pas même l’Eglise (le Seigneur s’en charge notamment à la mesure de notre union à Lui et à la lumière du mystère pascal dans lequel il entraine ceux qui le suivent).

 

Revenir à l’essentiel c’est annoncer à toute personne, quel que soit son chemin, qu’elle est appelée au salut et à la sainteté, et qu’elle est aimée, sans commencer à décliner ce qui pourrait l’éloigner du chemin du disciple mais en l’aidant à s’ouvrir à l’Esprit de Sainteté qui pourrait petit à petit façonner en elle l’être disciple.

 

Annoncer cet amour n’est en rien démissionnaire par rapport à l’appel à la conversion qui nous est à tous lancé. Au contraire : seule cette annonce donne à celui qui est appelé à la conversion de pouvoir découvrir cet appel à la conversion d’une part, ses contours exigeants d’autre part, et enfin de pouvoir en prendre les moyens. Revenir à l’essentiel nous remettra aussi devant la radicalité de la vie baptismale comme vie dans l’Esprit Saint parfois oubliée.

 

Revenir à l’essentiel dans la simplicité demande également de cultiver une profonde simplicité de la vie chrétienne et du témoignage. La simplicité s’oppose au simplisme qui n’en est qu’une catastrophique contrefaçon.

 

Simplicité me semble renvoyer à trois attitudes fondamentales :
 


Nous voici donc en chemin. Cette esquisse nous invite à faire confiance à l’Esprit Saint et à nous laisser conduire par lui afin qu’il soit vraiment l’artisan de cette aventure que nous avons à vivre ensemble !

 

Dans le souffle de la Pentecôte, le 5 juin 2022

+ Olivier Leborgne, évêque d’Arras