La maison diocésaine saint Vaast
103, rue d'Amiens à Arras
La maison diocésaine saint Vaast, sise au 103, rue d'Amiens à Arras possède une longue histoire. Après avoir été couvent des religieuses du Saint Sacrement, elle est devenue le grand séminaire de 1906 à 1970. Aujourd’hui c’est tout à la fois le lieu qui accueille les nombreux services du diocèse, administratifs et pastoraux. Une aile du bâtiment accueille la maison Jean XXIII lieu de vie des prêtres ainés. Une partie non négligeable des bâtiments est offerte aux groupes qui organisent des formations, que ce soit d’Eglise ou de la société civile.
Les vitraux de la chapelle, réalisés 1927 sont une une rapide évocation de la destination initiale des lieux: la formation des prêtres diocésains.
Un petit oratoire permet aux groupes de retraitants de trouver un lieu de recueillement. Ce lieu est la chapelle habituelle des prêtres aînés du foyer Jean XXIII.
VITRAUX: Les représentations de la messe :
On remarquera, dans ces vitraux, que c'est l'affaire du prêtre, nulle présence des chrétiens, hormis un enfant de chœur, la théologie d'alors accordait peu de place aux fidèles, qui "assistaient à la messe", pendant laquelle ils pouvaient réciter des prières et lire des oeuvres pieuses )
Cinq moments d'une ordination :
Les vitraux de la chapelle
Le projet et sa réalisation
Le thème général des vitraux était commandé par la destination même des lieux, à savoir l'édification des séminaristes. Il fallait honorer le thème du Christ prêtre et le sacrement de l'Eucharistie.
Ainsi, dans le chœur, autour de la représentation de la Trinité, quatre vitraux rappellent des scènes de la vie du Christ en rapport avec l'eucharistie: le partage du pain, la Cène, Cana et Emmaüs, et deux concernent l'appel des disciples: la pêche miraculeuse et l'appel des disciples au bord du lac.
Les vitraux latéraux sont composés de deux parties distinctes. La partie supérieure, honore les saints patrons des séminaires: Charles Borromée, Thomas d'Aquin, Jean-Marie Vianney et François de Salle, ainsi que saint Vaast, patron du diocèse. Sont proposés à la méditation des séminariste: la sainte famille et la présentation de la sainte Vierge au Temple; Saint Jean l'évangéliste; Jean Bosco et Vincent de Paul (pour leur ministère auprès des pauvres et des orphelins.
Les vitraux du chœur, autour de la représentation de la Trinité invitent à méditer la vie du Christ: l'appel des disciples lors de la pêche miraculeuse, l'eau changée en vin et le pain distribué aux foules; la sainte Cène.
Les vitraux présentent en leur partie inférieure: côté gauche, des scènes de la messe; côté droit cinq moments d'une ordination sacerdotale.
Les vitraux en leur partie supérieure
Deux vitraux représentent l'un la Présentation (ou consécration) de Marie au Temple, l'autre St Joseph veillant sur l'enfant Jésus, quatre représentent les patrons des séminaristes: Thomas d'Aquin, le théologien, qui reçoit cette éloge céleste: "te bene scripisti de me:" (tu as très bien parlé de moi); Charles Borromée, qui plaide en faveur de la reprise du concile de Trente, François de Salles et Vincent de Paul apôtre de la charité, qui furent au 16° siècle d'ardents défenseur de la réforme du concile de Trente. Le saint curé d'Ars modèle de prêtre, Saint Vaast patron du diocèse. Louis de Gonzague et Saint Jean à Patmos
Il existe un intéressant échange de courrier entre le maître verrier (Benoît) et le supérieur du séminaire (le chanoine Caron). Il fait apparaître le mûrissement du projet, les orientations qui présidèrent aux choix définitifs, mais aussi certains détails qu'on ne saurait inventer:
Concernent Saint Vaast. Initialement ce devait être saint Benoît Labre. Mais, écrit le verrier: "pour la dernière scène, vous nous avez donné à choisir entre Benoît Labre ou saint Vaast. Je crois qu'une scène locale serait très goûtée, par exemple Saint Vaast baptise à Arras les nouveaux convertis".
Saint Vincent de Paul devait être présenté recevant les clercs retraitants à Saint Lazare. Mais le projet a été abandonné parce que trop de soutanes noires auraient terni la luminosité de l'ensemble. Aussi a-t-on préféré Vincent de Paul apôtre de la Charité.
François de Salle évangélise la Savoie a remplacé le projet où il demande à l'évêque Granier de soutenir la réforme tridentine. Mais cela aurait constitué une sorte de double du vitrail de François de Salle devant un évêque, et il y avait déjà Charles Borromée demandant à Pie IV la poursuite du concile de Trente. Le titre initial était François de Salles évangélise le Châblais.
L'échange de courrier témoigne aussi de choix plus fondamentaux. Ainsi c'est tout la surface disponible qui est traitée en représentation, alors que la plupart des verriers de l'époque proposent un médaillon imagé entouré de "grisaille". (pour un moindre coût). Mgr Julien et Mgr Lobbedey feront les frais de limite de budget: ils devaient être représentés, l'un dans l'imposition des mains, l'autre dans la monition aux séminaristes. Seules leurs armoiries seront représentées.
Le choix de vitraux "forts et naïfs" l'a emporté sur les emblèmes ou symboles: l'agneau pascal, le pélican, la grappe de raison, les épis, le calice, les pains de proposition figurent dans le second projet des vitraux du chœur entourant la Trinité. Au détour d'une lettre on trouve aussi trace des querelles théologiques et artistiques de l'époque: "les verrières sont traitées dans un roman modernisé, car il faut être de son temps, mais nous nous mettons bien en garde contre le soi-disant art moderne, qui souvent ne s'inspire que de doctrines modernistes et nie, non en mots, mais en figures la divinité de Notre Seigneur".
La disposition actuelle des dix vitraux est le fruit d'une incompréhension entre le maître verrier et le supérieur. En effet, en haut de la nef, la Vierge Marie devait avoir en face d'elle Saint Joseph; saint Jean devait avoir en vis-à-vis François de Salle; Charles Borromée correspondre à Vincent de Paul; Louis de Gonzague au curé d'Ars, saint thomas à saint Vaast. Il reste au visiteur à imaginer ce qu'aurait pu produire cette correspondance.
En réponse à un courrier dans lequel le supérieur du séminaire avait manifesté un certain agacement devant le retard pris à la mise en oeuvre des vitraux. Mr Benoit aurait répondu: "c'est vrai, mais qu'est-ce que ces quelques semaines de retard face à l'éternité?"
La facture de l'autel s'inspire de celui de l'église saint Pierre à Douai, chapelle du Sacré-Cœur. La porte de tabernacle en bronze s'inspire de l'annonciation de Fra Angelico. En quittant la chapelle, on peut apercevoir, derrière les orgues Cavaillé-Coll une petite rosace représentant sainte Cécile, patronne des musiciens.
Description des vitraux
Le chœur, de gauche à droite : six scènes d'évangiles encadrent une représentation de la Trinité.
Vitrail Maison diocésaine d'Arras
La pêche miraculeuse.
L'évangile de Luc rapporte une pêche miraculeuse, au petit matin, alors que les disciples rentraient bredouille. Jésus les invite à lancer encore le filet. Saisis d'effroi devant la quantité de poissons prise, ils tombent à genoux devant Jésus. Pierre s'écrie: "éloigne-toi de moi, je ne suis qu'un pêcheur"; Jacques et Jean font de même.
Jésus dit alors à Pierre:"sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ".L'évangéliste Jean, au ch. 21, rapporte autrement, cette pêche miraculeuse à la suite de quoi Jésus prend à part Pierre, lui demande par trois fois "Pierre, m'aimes-tu?... , et à ,qui il confie le troupeau "sois le berger de mes brebis.
La multiplication des pains.
Le récit de multiplication des pains se retr Vitrail Maison diocésaine d'Arrasouve six fois dans les quatre évangiles. On y découvre le contraste entre Jésus, qui prend soin de la foule comme un berger prend soin de ses brebis, et les disciples, débordés devant la foule et qui demandent de la renvoyer.
On a vu dans ces récits une sorte de catéchèse sur l'eucharistie. On recevra aussi les paroles de l'évangile de Jean, où chacun est mis devant le choix de suivre ou non Jésus.
Beaucoup ont du dire: "non, je ne mange pas de ce pain là!", c'est-à-dire, "non, je ne suis pas prêt à donner ma vie en nourriture pour le monde". Les disciples par la voix de Pierre disent: à qui irions-nous? tu as les paroles de la vie éternelle.(Jean 6, 60-69).
La Cène.
Vitrail Maison diocésaine d'Arras Le premier récit de la Cène a été écrit sous la plume de l'apôtre Paul, dans 1 Corinthiens, 12, 23-27. Paul témoigne ainsi que les communautés chrétiennes ont repris ce geste de Jésus.
Dans l'expression "faites ceci en mémoire de moi", ce n'est pas simplement la répétition des gestes de Jésus la veille de sa mort qui est demandée, mais le mise en accord de notre vie, de nos attitudes et paroles avec celles du Christ Jésus.
L'assemblée autour de repas de Jésus est composée de tous ceux qui acceptent de mettre leurs pas dans les pas du Seigneur, qui reçoivent de lui sa vie, son Esprit pour la vie du monde.
Vitrail Maison diocésaine d'Arras
Les personnes de la Trinité.
Représentés selon les goûts de l'époque, on y voit la colombe, le Christ en majesté portant la croix et le Père, en vieillard barbu.
Commandée par la nécessité, cette représentation n'est sans doute pas la mieux inspirée des vitraux de la chapelle.
Vitrail Maison diocésaine d'Arras Emmaüs.
Deux disciples fuyaient Jérusalem après la mort de Jésus. Il sont rejoint par un troisième personnage, avec qui ils s'entretiennent sur les Écritures, en rapport avec les derniers évènements qu'ils ont vécu.
Au cours d'un repas à l'auberge, lors du partage du pain, ils comprennent alors que le Seigneur est avec eux, vivant, ressuscité. L'exégèse reconnaît dans cette présentation de Luc une représentation de l'effort des premières communautés chrétiennes pour relire les évènements de la vue de Jésus en rapport avec l'ensemble du Premier Testament.
C'est à cela qu'aujourd'hui encore les chrétiens sont invités: la confrontation de leur existence avec la Parole de Dieu et la célébration du Christ dans le partage de 'l'eucharistie. (Luc 25, 13-35)
Cana.
Vitrail Maison diocésaine d'Arras "Le premier signe que Jésus a accompli", nous rapporte Jean ch.3. L'insistance sur la quantité de vin ne doit pas nous distraire sur une autre réalité: Jésus donne la vie en abondance.
La portée symbolique du récit est évidente: Jésus vient inaugurer l'alliance nouvelles, l'alliance de Dieu et de son peuple. Il est l'époux en présence de qui il ne peut y avoir ni deuil ni lamentations.
L'apocalypse se termine sur un chant de triomphe les noces de l'agneau (ch 19), et l'avènement d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle, où il n'y aura plus de deuil, ni de cri ni de souffrance (Apo.21, 1-4) L'Église est l'épouse du Christ Que celui qui a soif vienne, que celui qui le veut reçoive l'eau vive gratuitem Vitrail Maison diocésaine d'Arrasent.
L'appel des disciples.
Les synoptiques présente l'appel des premiers disciples au bord du lac dès le début du ministère de Jésus: "Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d'hommes...
Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent".
(Matthieu 4, 18-22; Marc 1, 16-20).
Récit de vocation laissé à la méditation de chacun.
Parole qui continue à se faire entendre aujourd'hui:
Coté gauche, du fond vers le chœur
Né en Italie, il avait 22 ans quand son oncle fut élu pape sous le nom de Pie IV. Nommé cardinal et conseiller de son oncle, il prend une part prépondérante à la reprise du concile de Trente, qu'il conduisit à son achèvement en 1563.
Archevêque de Milan, il met en application les réformes religieuses et crée dès 1564 un des premiers séminaires pour la formation des prêtres recommandée par le concile. Il a été proclamé patron des oeuvres catéchétiques en 1934.
François de Sales.
(1567-1622) Né en Haute-Savoie, étudie à Paris et Padoue. C'est l'époque ou l'Église Romaine se lance puissamment dans la Contre-Réforme, pour contrer les effets du protestantisme.
L'évêque de Genève, réfugié à Annecy, le charge de reconquérir le Châblais par sa prédication. Il succède en 1602 à l'évêque Garnier de Genève.
Prenant modèle sur Charles Borromée, il est grand promoteur de la réforme catholique. Avec Jeanne de Chantal, il crée l'Ordre de la Visitation. Il exerce une énorme influence par sa
Jean à Patmos.
Selon une tradition rapportée par saint Irénée, Jean, l'évangéliste aurait été exilé à Patmos, dans les mines de plomb, lors d'une persécution de l'empereur Domitien. Il y aurait écrit l'Apocalypse. Dans le vitrail, le ciel tourmenté rappelle certains passage de l'apocalypse.
Joseph veillant sur l'enfant Jésus. Les évangiles ne nous donnent guère de détails sur saint Joseph. La piété populaire a donc rempli le vide d'une biographie que les évangélistes n'avaient pas pour mission d'écrire. Dans le projet initial le vitrail s'intitulait "la crèche". Le culte de saint Joseph n'apparait qu'au XV° siècle et se développe au XVII°, avec l'épanouissement de l'école française (spiritualité proposée aux prêtres :Bérulle, Olier, Jean Eudes). Pour cette spiritualité, sachant qu'aux yeux des rationalistes et humanistes, Dieu ne peut être objet d'une expérience, il faut donc parler d'abord de l'homme Jésus, qui a eu une existence historique et a laissé des traces, et de lui, remonter à Dieu. L'expérience chrétienne doit se définir par rapport au Christ
Côté droit, du fond vers le chœur
Vincent de Paul. (1581-1660) Né à Pouy, prés de Dax, Étudiant à Toulouse, il est ordonné en 1600. Un épisode de sa vie le mène aux Galères, comme prisonnier, puis comme aumônier général des galères du roi. Il faut le vœu de consacrer sa vie au service des pauvres. Il sera conseiller spirituel de Louise de Marillac. Découvrant l'ignorance religieuse des ruraux, qui constituaient alors la majorité de la population, il fonde la "Compagnie des prêtres de la Mission", ou Lazaristes, spécialisée dans l'apostolat en milieu rural. Il leur faut une formation solide, mais la réforme des séminaires se fait très lentement aussi organise-t-il des retraites de préparation à l'ordination (c'était le thème initialement choisi pour le vitrail). Il créera ensuite le séminaire de la mission; fonde l'Ordre des filles de la Charité, ou soeurs de saint Vincent de Paul. Monsieur Vincent meurt en 1660, considéré comme le plus grand saint du siècle. Il est proclamé patron des oeuvres charitables en 1885.
Louis de Gonzague. (1568-1591) Né en Italie, il est formé à la cour de Florence. A 16 ans, il suit les exercices d'Ignace de Loyola, abdique de son droit de succession. Durant l'épidémie de peste de 1590-1591, il se dépense sans compter et meurt en 1591. Pie XI le proclame patron de la jeunesse en 1926. D'où le choix du vitrail en son honneur.
Saint curé d'Ars. (1786-1859) La figure du curé d'Ars a fortement marqué les générations suivantes. Né à Lyon dans une famille pauvre, recueilli par le prêtre d'Ecully qui assure sa formation religieuse au temps de la Révolution. Par sa persévérance, il sera admis au sacerdoce à l'âge de 30 ans. Sa bonté, son accueil sa sainteté en font un maître spirituel auprès duquel on accourt pour la confession (il passera de 16 à 20 h au confessionnal). Il est patron des curés et des responsables de communautés paroissiales.
Saint Thomas d'Aquin. (1225-1274) Né au royaume de Naples, il entre à 16 ans chez les dominicains, malgré le refus de sa famille. Formé à Cologne il aura pour maître Albert le Grand, auprès de qui il découvre la philosophie d'Aristote. On retient de lui la somme théologique, comme oeuvre maîtresse. Il a su faire la synthèse entre la Tradition des pères de l'Église et la philosophie grecque d'Aristote, offrant une vision globale au sein de laquelle selon une pensée rationnelle et rigoureuse, s'accordent foi et raison, nature et surnature, théologie et philosophie scolastique et dialectique. L'insistance des générations postérieures sur la somme théologique a laissé dans l'ombre sa réflexion spirituelle et ses commentaires des Écritures, qui furent la source et le soutien de sa foi. Léon XIII l'a nomme patron des écoles et universités catholiques.
Saint Vaast. (+ 540) Prêtre du diocèse de Toul, choisi comme évêque d'Arras. Il relève le Nord de la France des ruines laissées par le passage des invasions franques. Son vocable est fréquent dans les églises de Flandres et d'Artois. Il est l'un des évêques qui, au VI° siècle ont su faire passer l'Église aux barbares.
Présentation de la vierge Marie au Temple.
Une tradition venant des évangiles apocryphes veut que la Vierge Marie encore enfant ait été présentée à Dieu dans le Temple de Jérusalem et qu'elle y ait vécu plusieurs années au service de l'autel. Pieuse tradition qui ne repose sur aucun fondement. La piété envers Marie a proposé des images ou représentations plus ou moins proches de la légende. Ainsi, les parents Anne et Joachim, étant très âgés auraient présenté leur enfant au Temple pour veiller à son éducation. Fêtée le 21 novembre, la Présentation était le jour où beaucoup de séminaristes et maisons religieuses se renouvellent promesses ecclésiastiques ou vœux de religion. Jean-Paul II a transféré cette coutume au 2 février.
"Viens, suis-moi".
Devise épiscopale - "A Dieu va" Mgr Julien
l'annonciation, porte du tabernacle
parole et ses écrits (Introduction à la vie dévote; Traité de l'amour de Dieu. Il est patron des écrivains et de la presse catholique.