Messe d'action de grâce de Monseigneur Jean-Paul Jaeger

Cathédrale d'Arras

Messe d’action de grâce pour célébrer 22 ans d’épiscopat à Arras

Mgr Jaeger, honoré par son diocèse

 

Messe action grace Mgr Jaeger 189 Messe action grace Mgr Jaeger 189  L’annonce officielle de l’acceptation du départ en retraite de Mgr Jaeger et de la nomination de Mgr Leborgne sur le siège épiscopal d’Arras, est tombée le 4 septembre. Les équipes d’animation, qui étaient déjà mobilisées en attente de dates, disposaient de tout juste un mois pour préparer la messe d’action de grâce souhaitée par Mgr Jaeger et le moment festif qui a suivi.

 

Dès le début de célébration, Mgr Jaeger a tenu à mettre en avant la joie qu’il a ressenti en servant le diocèse d’Arars : « L’arrivée et le départ d’un évêque ne constituent que des repères chronologiques. L’aventure de la foi est permanente. Nous voulons rendre grâce au Seigneur pour tout ce qu’il a permis à travers nos moyens humains, nos limites et nos faiblesses. C’est un immense champ d’action de grâce que je veux faire monter avec vous vers notre Dieu. »

Mgr Jaeger a été particulièrement sensible à la présence de frères d’autres religions et de nombreux représentants de la société civile.

En fin de célébration, Mgr Jaeger a confié notre diocèse à la protection de la mère de Jésus : « En choisissant de représenter la Vierge Marie par l’étoile de la mer dans mon blason d’évêque, j’ai mis tout mon ministère sous sa protection maternelle. Je confie particulièrement à la Vierge Marie, patronne de cette cathédrale, toutes les femmes, toutes les épouses, toutes les consacrées qui sont si précieuses à la vie et à la mission de l’Église. »

 

En 22 années d’épiscopat à Arras, Mgr Jaeger a laissé une empreinte très forte dans son diocèse et aussi dans la ville d’Arras et dans le Pas-de-Calais. Le maire d’Arras, Frédéric Leturque, l’a bien souligné : « Je ne pouvais pas laisser partir Mgr Jaeger sans véritablement sceller le lien éternel qu’il aura avec la ville d’Arras et avec notre territoire. » Mgr Jaeger avait souligné dans son homélie : « Cette semaine […] les sénateurs élisaient le bureau du sénat. La séance inaugurale de la nouvelle assemblée était, selon l’usage, présidée par le doyen d’âge (Jean-Marie Vanlerenberghe, ancien maire d’Arras - NDLR). Celui-ci concluait son discours en ces termes : ‘La politique pour moi, c’est donner et aimer. Donner généreusement de son temps, de sa compétence et de son cœur… il faut aimer sincèrement les gens pour faire de la politique’. » À son tour, le maire actuel a salué cette attention louable : « C’est quelque chose que je partage et que j’ai appris de lui. C’est quelque chose que Mgr Jaeger a pratiqué tout au long de son engagement. On ne peut pas servir, y compris dans cette cathédrale, si on n’aime pas les gens. On doit aimer Dieu, bien sûr, ça, c’est l’engagement et la foi, mais aimer l’autre est important. » Frédéric Leturque a dévoilé qu’une fois dans l’année, depuis 22 ans, l’évêque d’Arras passe une journée complète à la rencontre de la population arrageoise pour toucher du doigt les réalités de la société les plus profondes et parfois les plus douloureuses. « Celles et ceux que nous croisions n’étaient jamais surpris de nous voir ensemble aller à leur rencontre ! » Le maire a également salué l’attention très forte que monseigneur et lui avaient portée au dialogue interreligieux dans la ville d’Arras, un dialogue qui est source de paix dans une société qui se cherche. La maire d’Arras a décerné à l’évêque émérite une distinction qu’il n’avait remise que trois fois auparavant, dont à Stéphane Bern : un beffroi d’or.

 

À l’issue de la cérémonie, Mgr Jaeger a eu droit à un temps festif des plus amusants. Chaque doyenné était venu avec un escabeau décoré en clocher et avec une cloche. Selon un scénario préparé par l’abbé Lemblé, l’évêque a dû saluer chaque paroisse et chaque mouvement et association d’Église du diocèse d’Arras.

 

À l’issue de la cérémonie, un vitrail représentant saint Vaast, le patron du diocèse, a été remis à celui qui a été son pasteur pendant 22 années. Ce vitrail a été conçu par le service communication du diocèse d’Arras et réalisé par un jeune vitrailliste installé au pied de la cathédrale : Davis Pollet.

 

Jean Capelain

 

 

Revivre en vidéo la messe d'action de grâce de Monseigneur Jaeger :

 

 

 

 

 

Homélie de Monseigneur Jaeger :

Dimanche 4 octobre 2020 - Cathédrale d’Arras     

 

 

Isaïe 5, 1-7.

Philippiens 4, 6-9

Matthieu 21, 33-43

 

 

Messe action grace Mgr Jaeger 194 Messe action grace Mgr Jaeger 194              Le dimanche 4 octobre 1998, je prenais congé des diocésains de Nancy et des habitants de Meurthe-et-Moselle. J’avais lu dans la lettre pontificale qui me nommait évêque d’Arras que tous les liens qui m’unissaient aux chers Lorrains étaient dissous. Fort heureusement, le texte était rédigé en latin et n’a probablement contristé que moi. Oui, ce jour-là, dans la cathédrale où j’avais été ordonné évêque 7 ans plus tôt, le cœur serré, je disais au revoir.

            22 ans plus tard, jour pour jour, dans la cathédrale où je fus accueilli si chaleureusement le 11 octobre 1998, je ne vous dis pas au revoir. Dans sa grande sagesse, le concile Vatican II a renoncé à donner aux évêques démissionnaires, le titre d’un diocèse fictif. Devenu évêque émérite d’Arras, je garde dans le diocèse mon enracinement ecclésial et la référence de mon ministère, même si, bien sûr, cette phase nouvelle de mon épiscopat s’exerce dans le respect de la responsabilité et de l’autorité de mon successeur.

            Une saine coutume veut, en France, que les évêques émérites ne résident pas habituellement, au moins dans un premier temps, dans le dernier diocèse dont ils ont été titulaires. Je bénéficierai pour ma part de l’hospitalité chaleureuse du diocèse de Lille que j’ai quitté en 1991. Cette fois, les liens avec Arras ne sont pas dissous, ils seront tout simplement vécus autrement. Je m’en réjouis.

            Pour ces raisons, notre célébration de cet après-midi ne fait pas le choix de la nostalgie et des regrets. Elle nous invite à la lumière de la Parole de Dieu et d’une expérience commune à rendre grâce et à respirer avant, de poursuivre la route de la rencontre de Dieu avec l’humanité dans le Pas-de-Calais devenu ma terre et qui le restera.

            Avec tout le lyrisme dont il est capable, le prophète Isaïe écrit la partition du chant du bien-aimé à sa vigne. Il l’entoure des multiples soins indispensables à la production d’un vin de qualité. A coup sûr, elle sera sa joie et sa fierté. Cette vigne tant bichonnée n’est autre dans la langage biblique que le peuple choisi et façonné amoureusement par Dieu, le plant qu’il chérit.

            Les bourrelets et les outrages de l’âge ne me situent pas exactement dans le rôle du bien-aimé, mais je peux dire aujourd’hui sans pudeur excessive que la belle humanité du Pas-de-Calais et l’Eglise qui y est présente ont été ce plant de choix qui a focalisé mon attachement, mon affection, mon admiration, ma prière et mon ministère.

           

            Cette vigne n’a-t-elle donné que de beaux raisins ? Probablement que non, mais les parfums de la vendange m’ont régulièrement donné courage et confiance pour proclamer que dans nos obscurités, une lumière nous est donnée. Elle nourrit la vigne et la bonifie sans cesse.

            Bien après Isaïe, la prédication de Jésus reprend l’image et les mots du prophète à propos de la vigne. Contrairement à Isaïe, Jésus ne lui adresse aucun reproche. La sévérité des propos n’atteint pas le raisin, elle cible les vignerons.

            Lorsqu’un passage d’Evangile met d’emblée en scène les grands prêtres et les anciens du peuple, nous devons nous attendre au pire. Dans la hiérarchie du peuple juif de Jérusalem, ces notables exercent des responsabilités certaines. Ils sont les gardiens de la loi et du temple. Nous devons leur faire crédit de prendre au sérieux leur charge.

            La griserie du pouvoir enferme, hélas, ces hommes dans leurs certitudes, leur rigidité. La loi, la règle, le formalisme les coupent du cheminement des personnes qui se tournent vers Dieu et Jésus dans leurs souffrances, leurs peines, leurs faiblesses. Ils oublient ou ne veulent pas savoir que ce ne sont pas des textes et des pratiques extérieures qui sauvent et libèrent, mais la rencontre avec Celui qui pardonne, réconcilie et donne la vie. Jésus est le Fils bien-aimé, jeté hors de la vigne qui donnent sa vie pour que les hommes aient la vie.

            Un évêque n’est jamais le propriétaire de la vigne, du diocèse confié à sa bienveillance pastorale et à sa vigilance. Il n’est que l’un des vignerons. Frères prêtres, diacres, religieux, sœur moniales et religieuses, fidèles laïcs missionnés en tant de domaines, vous avez été vignerons avec moi et le demeurez avec Monseigneur LEBORGNE.

            Ma pauvreté nous a certainement placé plus que de raison du côté des grands prêtres et des anciens du Peuple. Il est toujours tentant de rechercher des satisfactions personnelles et sociales dans l’exercice d’une responsabilité, de capter les fruits d’une mission qui pourtant ne nous appartiennent pas. Vous aurez la bonté de me pardonner ces déviances.

            Il appartient à Dieu seul de révéler les moments où vous et moi avons été ministres ou disciples du Christ livrant sa vie par Amour pour son Père, par amour pour ses frères et sœurs, membres d’une unique famille habitée et travaillée par l’esprit de Dieu.

            Je me reproche de ne pas m’être suffisamment attardé auprès de mes collaborateurs, surtout mes frères prêtres. J’ai sans doute trop misé sur leur disponibilité, leur générosité, leur enthousiasme, oubliant leurs peines, leurs souffrances, leurs difficultés. Ils connaissent, cependant, ma constante impatience de nous voir ensemble totalement unis au Christ donnant sa vie et devenant la pierre d’angle de l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.

            Notre Eglise s’appuie sur l’engagement de nombreux fidèles laïcs. Elle rayonne grâce à eux. Elle ne peut, cependant, pas faire l’économie du ministère des prêtres, des diacres, de la consécration des religieux et religieuses, de certains de ces fidèles laïcs.

            Telle est bien la mission de l’Eglise au cœur du monde. Elle n’a pas peur, à la suite du Christ, de plonger dans toutes les peines et les détresses de l’humanité. Elle en partage les peines, les douleurs, les aspirations, les réussites et les progrès. Elle est au sein même de ces réalités tellement mélangées, le signe et l’instrument de la merveille d’un amour plus fort que la mort, l’amour du Christ victorieux pour que les hommes aient la vie.

            Belle et féconde vigne de Dieu dans le Pas-de-Calais, laisse-moi te contempler. En ce jour de la Saint François tu es appelée par notre pape dont nous célébrons la fête à entrer plus avant dans une véritable conversion. Tu es invitée à t’interroger sur la justesse des rapports de l’être humain à la nature, à lui-même, à ses semblables. Nous avons découvert, plus intensément encore, en ces temps de pandémie qu’il était temps de réviser des comportements préjudiciables à la famille humaine elle-même. L’Eglise ne peut pas être absente d’un chantier dont la gestion gouverne l’avenir de la planète et des générations qui l’habiteront.

            Sur les ordinateurs des évêques est tombé hier soir, la texte de l’encyclique que le pape François a signé, hier. Elle s’intitule : Tous frères. Elle est publique depuis aujourd’hui à midi. Le pape François trace au fil des pages un extraordinaire parcours de fraternité universelle. Au regard des situations nationales et internationales, la pertinence d’un tel projet nous saute aux yeux.

            Je note après un survol rapide que le pape mise sur des formes de fraternité que nous estimons un peu vite improbables pour garantir à notre monde un avenir plus humain et plus rayonnant. Dans cette vigne que Dieu aime, tous les vignerons de bonne volonté sont bienvenus.

            Le pape rappelle qu’il a trouvé en la personne du patriarche orthodoxe Bartholomée une source d’inspiration pour la rédaction de l’encyclique Laudato si. Il nous apprend qu’il a été encouragé à rédiger la présente encyclique par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb qu’il avait rencontré à Abou Dhabi. Assurément les fruits de la vigne, engendrés par l’Esprit de Dieu sont confiés aux vignerons que nous connaissons et à ceux que nous ne connaissons pas. Dieu est le seul maitre de la vigne.

            Si Dieu le veut, je marcherai encore avec vous sur ces routes que le Saint-Père nous convie à emprunter. Retraité : non ! En retrait : oui ! Comme Moïse, un peu à l’écart et en hauteur, je lèverai les bras vers le Seigneur et je prierai pour tous les vignerons qui porteront le poids et la fatigue du jour dans la vigne de Dieu dans le Pas-de-Calais. Je sais de toute la force de mon âme que sous la conduite de Monseigneur LEBORGNE, la vigne donnera encore et toujours de beaux raisins. Ils seront ma joie.

            J’ai été un évêque comblé. Mes nombreux déplacements m’ont permis de découvrir, d’encourager des hommes et des femmes, des jeunes passionnés par l’engagement et le service dans la vie politique, sociale, économique, éducative, sanitaire, caritative, associative. Selon l’alchimie de la laïcité dans notre pays, certains et certaines sont devenus des amis.

            Il est rare qu’un évêque démissionnaire et provisoirement administrateur apostolique d’un diocèse ait en quelques semaines le bonheur donner un prêtre, des diacres et de baptiser des adultes. Jusqu’au dernier moment, le Seigneur m’accorde cette grâce. Je suis bien convaincu que ce n’est pas mon égard, son dernier cadeau.

            Saint Paul, mon saint patron, me souffle cette ultime recommandation : « Ne soyez inquiets de rien ! La paix de Dieu qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » J’ose ajouter à mi-voix : « Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez entendu de moi, mettez-le en pratique. » Votre discernement saura retenir ce qui convient et évacuer ce qu’il ne faut surtout pas mettre en pratique !

            Cette semaine, après les élections de dimanche dernier, les sénateurs élisaient le bureau du sénat. La séance inaugurale de la nouvelle assemblée était, selon l’usage, présidée par le doyen d’âge. Celui-ci concluait son discours en ces termes : « La politique pour moi, c’est donner et aimer. Donner généreusement de son temps, de sa compétence et de son cœur … il faut aimer sincèrement les gens pour faire de la politique. » Je ne vous donne pas le nom du sénateur en question. Vous ne croirez jamais qu’il est le doyen d’âge !

            Il n’y a finalement qu’une voie, une méthode, un bonheur pour servir, quel que soit le terrain particulier du service. Quoi d’étonnant, le Christ lui-même est allé jusqu’au bout de cette logique humaine. Il s’est donné, il a aimé. Mes amis, donnons-nous et aimons sincèrement les gens. Nous serons ses disciples !

           

 

Discours de l'abbé Vincent Blin à Monseigneur Jean-Paul Jaeger :

 

 

DISCOURS DE REMERCIEMENT À MGR JAEGER

 

vincent blin vincent blin  

Monseigneur, Cher Père Evêque,

 

Il me revient de vous adresser un message, au nom de la Communauté diocésaine, à la fin de cette messe d’action de grâce pour vos 22 ans de ministère apostolique en tant que pasteur du Diocèse d’Arras. Je n’excelle pas dans ce genre littéraire, mais s’il y a une personne pour qui j’accepte de le faire, c’est bien pour vous. Vous m’avez ordonné prêtre quelques mois après votre arrivée dans le Diocèse. Et voici déjà 18 ans que vous m’avez intégré dans l’équipe de vos proches collaborateurs. Les liens qui m’unissent à vous sont donc tout, sauf superficiels !

Voici d’ailleurs un trait de votre personnalité qui est digne de notre reconnaissance : votre confiance. Quand vous donnez une responsabilité à quelqu’un, vous lui faites entièrement confiance ; vous croyez en lui, en ses compétences. Vous l’aidez ainsi à avoir confiance en lui-même. Merci pour ce climat de travail, que nous avons apprécié tant de fois !

 

Ce n’est pas rien de porter la sollicitude pastorale d’un Diocèse comme le nôtre ! Comment fédérer une réalité aussi vaste, diverse et souvent dispersée ? Pendant 22 ans, ce Diocèse a été comme votre enfant, celui qui a occupé votre attention, votre préoccupation, vos pensées, vos interrogations… Il est celui pour lequel vous n’avez jamais compté les heures, les kilomètres parcourus, les intentions de prières… Combien de rencontres, de réunions, de textes écrits, de mails à répondre ? Qui peut saisir ce que représente pour un évêque la « charge » mentale et affective de son Diocèse ? Même nous, vos collaborateurs proches, ne pouvons qu’en deviner très partiellement la portée. Mais nous sommes témoins que jamais vous n’avez exprimé la moindre lassitude, jamais vous n’avez laissé entendre que vous ressentiez de la fatigue… Même quand cela pouvait se deviner sur votre visage. Merci pour le témoignage de votre courage dans le labeur. Bien souvent, c’est lui qui nous a « entraînés ».

 

Un Diocèse, ce n’est pas qu’une entité abstraite ou juridique. Ce sont des visages d’hommes et de femmes, des enfants, des jeunes, des adultes et des seniors, des prêtres, des diacres (et leur famille), des religieux/ses, des fidèles laïcs que vous avez missionnés, des catéchumènes, des confirmés, des chrétiens de toutes sortes, des hommes et des femmes d’autres traditions confessionnelles ou spirituelles, des responsables politiques, économiques, associatifs, mais aussi beaucoup de personnes simples, marquées par le handicap, la maladie, la précarité… Tous ces visages multiples, incalculables même depuis 22 ans, tous ces noms liés à quantité d’histoires, vous les avez gardés dans votre mémoire. Qui n’a pas été touché par votre goût à être au milieu des gens, avec eux, à vous faire proche d’eux pour les rencontrer. Votre capacité à vous souvenir des personnes m’a toujours impressionné ! Elle est un des signes de la profondeur de votre attachement pastoral à ce peuple dont vous avez été le berger au nom du Christ, pendant tant d’années. Merci, Père, pour votre amour des personnes et votre respect du chemin de foi de chacun.

 

Rappelons-nous que vous êtes arrivés dans le diocèse au moment des grandes fêtes du Jubilé de l’an 2000. Le Pape Saint Jean-Paul II parlait alors de nouvelle évangélisation, et vous avez tout de suite senti l’importance de nous faire entrer dans cette dynamique missionnaire. L’an 2000 dans le Pas-de-Calais a résonné de votre appel « Soyons Apôtres », ravivons le désir d’annoncer l’Evangile !… Dans cette expression, le mot « désir » est essentiel : pour qu’il grandisse dans le cœur de vos diocésains, vous n’avez eu de cesse que de nous appeler à revenir, personnellement et communautairement, à la source qu’est la Parole de Dieu. Ainsi, l’expérience des Maisons d’Evangile restera une trace importante de votre mission apostolique dans le Pas-de-Calais.

 

Cette expérience de la centralité de la rencontre avec le Seigneur dans sa Parole, nous la retrouverons lors du rassemblement Ecclesia à Lourdes en 2007. Vous lancerez à la suite la dynamique diocésaine d’élaboration d’un projet d’évangélisation et de catéchèse. Vous aiderez le diocèse à entrer résolument dans la pédagogie d’initiation. Vous insisterez pour orienter ce projet vers ce qui sera, dans les Actes du Concile provincial, une des cibles missionnaires : les familles. Ce projet est un cap, donné à la communauté diocésaine, une boussole fiable pour les temps d’incertitude. Puissions-nous ne pas le perdre de vue !

 

Car reconnaissons-le, ces évolutions n’ont pas toujours été simples à faire accueillir partout et par tous. Il a fallu votre persévérance tranquille pour tenir la barre, sans braquer pour autant ceux qui avaient peur, qui ne comprenaient pas… Vous avez toujours fait le pari de la confiance, plutôt que de la contrainte… Vous êtes un homme de paix : dans les situations délicates, vous vous êtes toujours efforcé de trouver un consensus par le dialogue, la discussion, dans le respect des différences de pensées.

 

En parlant de paix, nous n’oublierons pas que vous avez été l’évêque du territoire national qui a sans doute été le plus meurtri durant la première guerre mondiale. Vous avez insisté pour que l’Eglise diocésaine fasse retentir l’appel de l’Evangile à l’occasion des commémorations du centenaire. Le début du millénaire nous met face à des défis redoutables pour la paix. Humblement, vous avez invité les amis d’autres confessions ou religions à prendre la mesure de ces défis collectifs : la paix dans la justice, en particulier avec l’Afrique d’où viennent tant et tant de migrants en quête d’avenir, et dont beaucoup échouent sur notre Côte d’Opale, les yeux fixés Outre-Manche. Quand mettrons-nous toutes nos énergies pour investir dans le développement économique de ce continent envers lequel nous avons tant de devoirs ? La paix aussi avec toute la création, pour réussir la transition écologique intégrale. C’est sur ce chantier que nous pourrons certainement retrouver les jeunes générations !

 

Ces jeunes, ils vous tiennent à cœur ! Avant de devenir évêque, vous les serviez dans une mission éducative. Vous avez toujours voulu continuer à les rejoindre personnellement dans tous les temps forts diocésains, marcher à leur côté, dialoguer avec eux à l’occasion, entre autres, des préparations de confirmation. En 22 ans, quelques milliers de jeunes ont eu la possibilité de vous rencontrer, d’échanger. C’est sans doute une grande souffrance de votre cœur de pasteur d’en avoir vu trop peu entendre l’appel du Seigneur à unir leur vie au Christ dans une vocation sacerdotale ou religieuse. Messe action grace Mgr Jaeger 2 Messe action grace Mgr Jaeger 2  Mais la mission est comme une vigne à cultiver : il nous faut y persévérer et continuer à servir la rencontre du Christ au cœur des jeunes. Depuis 22 ans, vous œuvrez à essayer de libérer nos énergies pastorales d’un fonctionnement qui serait trop lourd, trop administratif, dans le but de les orienter vers cette mission. Le Concile provincial en a fait notre priorité : rejoindre les jeunes générations et faire Eglise avec eux. Mais aussi, dans la dynamique du rassemblement national Diaconia 2013, et des multiples appels de notre Pape François, dont sa nouvelle encyclique sur la fraternité : permettre aux plus petits, aux plus pauvres, à ceux qui sont marginalisés, d’être au cœur de notre vie d’Eglise. C’est une conversion progressive, un lent travail que vous avez toujours soutenu comme étant essentiel à notre fidélité à l’Evangile.

 

Monseigneur, ce sont eux, particulièrement, que nous confions maintenant à votre prière, en qualité d’évêque émérite du Diocèse d’Arras. Et nous savons que le Seigneur ne manquera pas de vous exaucer !

 

Vous quittez votre responsabilité de pasteur de notre diocèse, mais vous ne nous laissez pas sans repère pour affronter ces défis de l’avenir. Merci pour tout cela. Avec un « autre capitaine », comme vous le dites, la barque de l’Eglise dans le Pas-de-Calais continue sa route, dans le souffle de l’Esprit-Saint. Mais que chacun sache reconnaître la dette que nous avons envers vous, notre « capitaine » pendant 22 ans !

 

 

P. Vincent BLIN

 

 

 

Vitrail saint Vaast couleur Vitrail saint Vaast couleur  Prière de Monseigneur Jean-Paul Jaeger :

 

Seigneur, dans la fidélité à la mission confiée par ton Fils aux apôtres et à leurs successeurs,

notre diocèse accueille l’évêque que tu lui envoies.

Fortifie en lui les dons de l’Esprit-Saint qu’il a reçus au jour de son ordination épiscopale

Rassemble sous la conduite douce et déterminée de ce pasteur selon ton cœur,

de nombreux fidèles toujours plus disponibles pour annoncer la Bonne Nouvelle venue jusqu’à nous en Jésus, le Christ.

Que ta joie les habite ! Permets que leur parole, leur présence et leur témoignage suscitent de nouveaux disciples.

Rends fécondes les semailles ininterrompues aux cours des siècles dans le champ de la mission.

Que les récoltes d’hier soient un appel et un encouragement pour les missionnaires d’aujourd’hui et de demain.

Soutiens mes bras qui se lèveront vers toi quand je te prierai pour la part d’humanité avec laquelle

tu m’as fait la grâce de faire route depuis 22 ans dans le Pas-de-Calais. Je ne la quitte pas.

Révèle ta bonté et ta tendresse à tous tes enfants, particulièrement à ceux qui souffrent dans leur chair ou dans leur cœur.

Donne à tous ces frères, qui m’ont tant apporté, les prêtres, les religieux, les religieuses, les consacrés et les laïcs missionnés

qui leur révéleront inlassablement que ton Jésus, le Bon Pasteur, est venu pour qu’ils aient la Vie !

Mgr Jean-Paul Jaeger

Dimanche 4 octobre 2020

 

 

Reportage France 3 : 1920 Nord Pas de Calais 

 

 

 

         

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