Migrants : ça commence par une attention
Témoignage d’une lycéenne,
Je m’appelle Clémence H. et je suis en 1ere Scientifique au lycée Baudimont St Charles St Vincent. J’ai lancé une action pour aider les migrants dans mon lycée. Après quelques difficultés et beaux moments… nous attendons le résultat !
Depuis un petit moment déjà, je m’intéresse à la cause des migrants ; tout commença il y a 3 ans quand j’ai vu le film « Welcome » dans lequel on présente la vie d’un jeune homme lors de son voyage à travers l’Europe, ses traversées en camion, les passeurs, mais aussi l’entraide avec des habitants de Calais et le partage. C’est avant tout le côté humain qui m’a séduite. J’aime les hommes quels qu’ils soient et j’estime que chacun d’entre nous mérite une vie heureuse dans des conditions décentes. Nous sommes tous des citoyens du monde, ces hommes sont nos prochains. Puis… cette image dans la Voix Du Nord d’un homme derrière des barrières à Calais portant dans ses bras sa fille pied nu… les nouvelles mesures prises par les autorités de couper les arbres autour de Calais et de renforcer la sécurité… Plus le temps passait, plus je me disais que ce n’était pas possible que des horreurs pareilles aient lieu dans mon pays, à 1h30 de voiture à côté de chez moi !
Alors voilà, la monté de haine du FN, les actes racistes de plus en plus fréquents, les personnes qui meurent jours après jours : il y a eu un jour de trop, je ne sais plus pourquoi mais en octobre dernier on s’est regardé avec ma mère et elle m’a compris d’un regard, elle savait déjà ce que j’allais demander, que je voulais faire quelque chose, que je voulais agir, faire bouger les choses ! Montrer à tous, aux migrants d’abord que des personnes les soutiennent, montrer aux français que la peur n’est pas la solution ! Je n’ai pas la solution de cet immense problème, je ne veux pas rentrer dans la politique en prétendant que mon idée est la meilleure. Je fais cela d’un point de vue humain. C’est juste inadmissible que dans une démocratie comme la France des gens meurent de froid dehors. En se laissant aveugler par les médias et les propagandes mensongères, les habitants ont peur et ne cherche plus à connaître l’autre. Quoi de mieux donc, d’y aller. Ce matin d’octobre après avoir vu qu’une marche avait lieu dans la jungle de Calais, le temps de s’habiller et hop, 2h après on y était.
Au début je n’étais pas fière, j’avais moi aussi peur, au fur et à mesure que ma mère et moi avancions et que nous étions les dernières françaises entourées de ces personnes venues de tous les horizons. Je n’étais pas rassurée. Mais tout cela était infondé ! Nous avons traversé la jungle avec 200 français et les migrants qui nous accompagnaient, c’était un formidable après-midi. Le froid nous mordait les joues, j’avais sorti mon gros blouson alors que beaucoup de migrants étaient en tongs et t-shirt, faute d’avoir autre chose… Je veux me souvenir de leurs sourires, certains jouant des percussions sur des bidons retournés, la danse accordée par ce jordanien, le câlin échangé avec un syrien (avec qui nous avons gardé le contact). Après cet après-midi je voulais que les choses changent ! Qu’ils ne vivent plus dans l’insalubrité, entre les détritus et flaques d’eau stagnante.
Mais aussi, je veux que les mentalités changent, que les gens apprennent à connaître avant de juger. Alors quoi de mieux que l’école ? J’ai donc montré à ma classe les photos prises à Calais. Il s’en est suivi un débat… Pas très glorieux je l’avoue, j’ai été déçue par des réactions hargneuses et arrogantes sans fondement précis, des amalgames, du racisme… Certains ne disaient rien mais avaient l’air de réfléchir tout de même. On ne fait pas changer les choses en un jour ! Avec un groupe d’amis, nous avons mis des affiches dans notre lycée afin de leur faire savoir que nous organisons une collecte.
Et un mois plus tard… Aujourd’hui, 13 janvier, nous sommes passées dans les classes. La semaine prochaine les élèves pourront ramener leurs vêtements. Nous attendons avec impatience les résultats ! Et même si cela n’est pas un franc succès, je pense que commencer à en parler est déjà un très grand pas.
Clémence H.