Vie consacrée et pastorale des jeunes

Sœur Marie-Pierre Cockenpot, 43 ans, fille de la Charité, vit en communauté dans un appartement HLM, au cœur des immeubles de la ville de Longuenesse, près de Saint-Omer. Elle est, depuis 20 ans, enseignante spécialisée dans un centre d’éducation pour enfants sourds.
Enseignante à mi-temps, elle consacre l’autre mi-temps à la pastorale des jeunes du diocèse en tant que coordinatrice de cette pastorale. Elle est, à ce titre, responsable dans la revue Eglise d’Arras, de la rubrique Canal-Jeunes.

« Lorsque j’ai accepté cette mission de pastorale des jeunes, explique-t-elle, je me suis posé la question « Quel sens cela a-t-il pour une Fille de la Charité ?». Le fait que ma supérieure provinciale accepte rapidement la demande de l’évêque ma confirme dans cette mission.

J’y suis depuis septembre 2002. La première année faut une année de découverte, mais j’étais déjà habitué à accompagner des jeunes avec l’ACE.

Travailler à la fois avec des jeunes et des adultes, des animateurs laïcs en pastorale, des prêtres, des religieuses, m’apparut complémentaire. Nous nous sommes fixé des objectifs, des projets. S’est concrétisé ainsi l’année « Jeunes-Espérance » en 2004-2005..
Le contact avec les jeunes
Le travail avec les doyennés et les commissions ne m’enlève pas le souci de rester au plus près des jeunes. Lors des préparations de rassemblement, je rencontre de plus en plus de jeunes et je tisse de plus en plus de liens individuels avec eux. Je tâche d’être disponible, proche de ce qu’ils ont comme attente, dans un accompagnement plus personnel.
Leurs attentes sont diverses. Pour la plupart, le premier besoin est d’être connus. Pour d’autres, c’est un besoin d’engagement et, progressivement, ces derniers font partie de l’équipe qui prépare tel événement, telle rencontre. Ils deviennent mes collaborateurs.

E.d’Arras : Cela correspond-il à votre choix de vie religieuse ?
« J’ai l’impression que je permets, parce que je me mets à leur disposition, d’être ‘ debout’, d’être auteurs de leur vie d’aujourd’hui et aussi de demain. Parfois ces mêmes jeunes sont apôtres dans leur milieu et invitent quelqu’un d’autre un peu plus en marge.
Pour moi, tout cela entre dans le charisme de saint Vincent de Paul, notre fondateur même si je ne peux pas dire que les jeunes qui rejoignent nos temps forts sont les plus pauvres. Ce sont, en effet, déjà des jeunes qui acceptent de faire un bout de chemin avec des gens d’Eglise ».
Sœur Marie-Pierre ne dissocie pas le volet spirituel du volet humain dans son accomlpagnement. « « Les jeunes d’aujourd’hui sont en quête. Ils cherchent un sens à leur vie. Là, nous avons un grand rôle à jouer dans les propositions que nous faisons. Permettre à des jeunes de se retrouver, de se rassembler, de vivre un temps comme les JMJ ou un pélé à Taizé, c’est les nourrir spirituellement au plus profond d’eux-mêmes. Ils portent des questions dans ces rassemblements. Là, ils peuvent se les partager et trouver des réponses. C’est ensuite que des jeunes me demandent un accompagnement plus personnel, individuel vers une vocation. La disponibilité offerte par mon état de religieuse me semble un élément important dans ma mission ».
Pour sœur Marie-Pierre, le fait même d’être religieuse témoigne auprès des jeunes : « Au début, ils ne savent pas que je suis religieuse. Puis, en vivant des choses, j’explique qui je suis. Pour eux, la religieuse est un stéréotype. En voilà une qui n’a pas l’air d’être trop vieille, qui n’a pas l’air d’être trop triste. Elle a l’air d’aimer la vie et elle est à peu près cool. Elle habite un appartement et pourtant elle vit en communauté. Elle prie deux fois par jour avec d’autres sœurs, participe à l’eucharistie quotidienne. Ca les interpelle. »

En conclusion, sœur Marie-Pierre constate : « Depuis que je travaille en pastorale des jeunes, je suis le témoin émerveillé de ce qui peut se produire dans leur cœur. L’Esprit Saint travaille. Dieu se révèle dans leur cœur, mais à des moments et parfois dans des lieux que nous n’avion ni prévus ni préparés ».


Propos recueillis par Jean-Paul Chavaudra