les religieuse de Belval iront à Igny
L'abbaye reste ouverte en 2008
Portail d'entrée de l'abbayeLes moniales Trappistines vont quitter Belval l'an prochain
Un regroupement de trois communautés à Igny, près de Reims
En 1954, elles étaient plus de soixante dans le nouveau monastère qui venait d’être bâti pour en accueillir quatre vingts. Elles étaient quarante-neuf en 1980, trente-sept en 1990. Aujourd’hui, la communauté de Belval, ce sont vingt et une moniales dont deux absentes en long séjour et sept sœurs trop âgées –l’aînée a 98 ans- pour célébrer les offices dans leur stalle. En 2004, la communauté se replie, du moins pour les lieux de vie - réfectoire, ouvroir, bureaux…- dans la partie la plus basse du monastère, le « rez-de-jardin » qui donne sur le parc. Cette restructuration fait prendre conscience à la supérieure d’alors, mère Janine, et à toute la communauté, de la situation de précarité croissante causée par le manque de vocations et le vieillissement.
Deux nouveaux décès appuient alors la conviction de devoir réagir vite : « Mais nous n’envisagions pas du tout, à l’époque, de quitter Belval, explique sœur Janine (elle a atteint l’âge limite, 75 ans, depuis l’an dernier. Mère Inès est aujourd’hui supérieure). Parmi les projets, il y eut celui d’un petit bâtiment non loin du monastère, puis celui d’un « lieu-source » dans le diocèse avec des permanents, des prêtres… lieu-source qui accepterait une petite communauté de contemplatives. »
Quatre autres communautés de Cisterciennes-Trappistines connaissant des problèmes analogues, une réflexion commune fut menée en janvier 2006 avec l’aide de quelques supérieurs de l’Ordre et du Père général, Dom Bernardo Olivera. Deux communautés se sentiront converger vers des centres d’intérêt communs. Restaient celles de Belval, de
Les atouts de Belval
Belval, c’est, en plus du monastère, une hôtellerie d’accueil de groupes de jeunes « Les Pierres blanches » qui a été réaménagée en 1990 pour les recevoir en autonomie. Scouts, étudiants de Lille ou Arras, jeunes d’ACE en catéchèse, en récollection, enfants démunis en vacances « sociales » pendant des congés scolaires, le lieu est très demandé.
Belval, c’est, dans un décor apaisant de collines et vallons, l’hôtellerie pour retraitants adultes et personnes venant chercher accueil, écoute et ressourcement. Agrandie et mise aux normes en 1995, elle propose 18 chambres et deux grandes salles permettent d’accueillir plus de cent personnes en journée. De nombreux prêtres y viennent aussi s’y reposer, s’y ressourcer. Ce qui fait que, malgré la perte de leur aumônier Trappiste du Mont des Cats en 1999, les moniales ont pu accéder à l’Eucharistie presque tous les jours jusqu’à aujourd’hui.
Belval , c’est aussi la fromagerie qui fournit 40 tonnes de fromages/an et le magasin qui, en plus des quatre variétés de fromages inscrites à l’inventaire du patrimoine culinaire de
Igny fut choisie
Si les atouts de la communauté de Belval étaient importants, notamment son rayonnement bien au-delà de sa région et de son diocèse, il semble que ce soit le problème des sœurs âgées, plus nombreuses à Igny, qui ait fait pencher la balance : « Nous voulions faire quelque chose pour que chaque sœur puisse vivre sa vocation, même les « grandes aînées » en restant dans le milieu monastique jusqu’au bout », commente sœur Janine.
Le jour de
Des travaux d’aménagement seront effectués à Igny courant 2008 et l’installation se ferait en 2009, voire début 2010. A la préparation matérielle de ce regroupement, s’ajoute la préparation psychologique : les 9-10 et 11 janvier 2008, les « moins âgées » des trois communautés se sont retrouvées à Igny ; une dizaine de sœurs d’Igny sont déjà venues à Belval voir ce que leurs consœurs quittaient. Une petite moitié des sœurs de Belval connaissaient déjà l’abbaye d’Igny.
C’est avec beaucoup de retenue et pudeur que sœur Janine explique que la communauté de Belval apprend aujourd’hui à consentir à ce départ. Et elle ajoute très vite : « Placées dès la fondation du monastère, en 1893, sous la protection de saint Benoît Labre, nous retenons la parole adressée à Benoît lorsqu’il voulut lui aussi entre en communauté : Dieu vous veut ailleurs ! Quitter Belval et le diocèse est sans doute une épreuve. Et si c’étai un appel, un chemin de dépouillement à tracer… »
Ce regroupement sera-t-il une ouverture vers l’avenir ? Ce n’est pas par hasard si sœur Janine rappelle que lorsque les fondateurs de Cîteaux, les saints Robert, Albéric et Etienne, se désespéraient de « remplir » leur tout nouveau couvent, saint Bernard arriva, en 1113, avec une trentaine de jeunes vocations et ce fut les débuts de l’essor de Cîteaux et des Cisterciens.
Jean-Paul Chavaudra