Les états généraux de la bioéthique
Sur le site de la Conférence des évêques
Les lois sur la bioéthique en France ont vu le jour en 1994. Une seconde révision de ces lois est en cours. La Convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine, dite Convention d’Oviedo, porte sur la protection des Droits de l'Homme et de la dignité de l'être humain à l'égard des applications de la biologie et de la médecine..Elle a été adoptée le 4 avril 1997 et est en vigueur dans 13 pays. Les Etats généraux au cours du premier semestre 2009 sont l’occasion d’un vaste échange de « points de vue ».
L’Eglise catholique de son côté apporte son approche de la dignité de l’homme et du respect qui lui est dû en fonction des valeurs qu’elle veut promouvoir, en fidélité à sa foi en Jésus-Christ. Ce fût l’occasion de nombreux colloques universitaires, de conférences plus locales. Les progrès de la science et de la médecine entrainent une évolution des questions posées mais aussi fait surgir des questions jusque là inconnues… Il est donc nécessaire de recueillir les avis dans leur diversité, en vue de proposer, sinon des règles de conduites, au moins des repères pour la conscience et l’agir des hommes et des femmes de ce temps. Les actuels états généraux de la bioéthique focalisent la réflexion sur les tout débuts de la vie. Mais c’est l’ensemble de la vie humaine de l’homme et de son devenir qui est concerné par le titre de bioéthique.
Les questions bioéthiques ne datent pas d’aujourd’hui.
Tout ce qui touche à la naissance, la maladie, le handicap ou la mort interroge les générations. Dans les années 70, les progrès sur la conception médicalement assistée, la fivete, ont provoqué de nombreux remous avant qu’on ne comprenne mieux ce dont il est question. Dans la décennie suivante, les techniques de greffe et de transplantation ont aussi provoqué des réflexions sur les dons d’organes, questions que le Moyen-Age ne pouvait guère imaginer. Cette dernière décennies a vu l’interrogation sur les cellules souches et le statut de l’embryon. L’Eglise catholique en France est attentive à ces questions de société. Elle a ouvert en février 2009 un blog (http://bioethique.catholique.fr/) pour favoriser la réflexion et la découverte d’une diversité de points de vue. Elle participe à la réflexion du Comité d’éthique, avant que le législateur ne définisse les règles qu’on ne peut outrepasser.
Parmi les questions
Ces questions ne sont pas réservées aux spécialistes. Elles sont souvent abordées sous l’angle du sensationnel (choisir la couleur des cheveux de son enfants, le choix du sexe) ou de la peur (à qui appartient mon corps ? Le dépistage prénatal et droit de vie ou de mort ?) Ou encore, le don de gamètes et le principe de la mère-porteuse. Ce n’est plus de la science-fiction. Il faut même se réjouir de l’avancée des recherches à condition de rester vigilants sur les applications. L’adage “science sans conscience n’est que ruine de l’âme” garde toute sa valeur.
Dans une récente conférence, le Père Dominique Foyer, professeur de théologie morale à la faculté catholique de théologie de Lille évoquait les innombrables questions soulevées par ces sujets.
Qu’est-ce que l’embryon ? A partir de quand est-il un homme ?
L’assistance médicale à la procréation, jusqu’où ?
Faut-il l’étendre aux personnes seules ou aux couples homosexuels ?
Qu’en est-il du dépistage prénatal et de son verdict d’interruption de grossesse ?
Pour les dons d’organes, les greffes, on touche cette fois au problème de la mort du donneur. Quand peut-on être déclaré mort ? Mais cela touche aussi le don d’organes dans certains pays où des familles défavorisées n’ont d’autres ressources que de vendre tel ou tel organe. Qu’en est-il du clonage thérapeutique, est-il légal ? Les soins en fin de vie, jusqu’où aller ?
S’ajoutent à toutes ces questions celles de l’identité, de la gratuité, de l’anonymat ou du droit à connaitre ses origines.
Personne n’a la bonne réponse ; prendre conscience de ces questions, écouter les enjeux des nouveaux possibles fait partie de la responsabilité des croyants pour éclairer les personnes affrontées à ces questions. Ce n’est pas une simple affaire de liberté personnelle. La réflexion sur la dignité de la personne interroge les risques de marchandisation du corps, de l’embryon, de telles cellules. Le respect, la dignité de la personne sont des enjeux qu’il importe d’honorer.
Dignitatis personae
L'instruction « Dignitatis Personae » de décembre 2008 propose des indications de parcours pour que la science soit vraiment au service de la vie ». L’Eglise entend les questions posées par les progrès des sciences médicales et les nouvelles propositions thérapeutiques. C’est une « contribution courageuse, passionnée, et convaincue, pour une noble cause et non une succession d’interdits affirme le père Lombardi.
L'Eglise catholique, en proposant des principes et des jugements moraux sur la recherche biomédicale dans le domaine de la vie humaine, s'appuie tant sur la lumière de la raison que sur la foi, en contribuant à élaborer une vision intégrale de l'homme et de sa vocation.
La technicité des débats, la pluridisciplinarité indispensable pour aborder ces questions risquent de nous décourager dans notre désir d’être à l’écoute. On préférerait le statu quo, mais dans un monde qui évolue aussi rapidement, cela n’est pas possible. Il nous faut mesurer les enjeux et les questions, au moins nous ternir informés.
E.H.
Visiter le blog de l'église en France: www.bioethique.catholique.fr