Conseil du Presbyterium
Quel travail commun laïcs et prêtres dans les EAP et autres instances?
La session du conseil du presbyterium a réuni une vingtaine de prêtres autour du Conseil épiscopal les 17 et 18 février 2010. Des membres de deux équipes d’animation de paroisse participaient à la première journée et ont donné leur propre approche sur le sujet : «Au cœur d'une responsabilité ecclésiale partagée, que devient le ministère presbytéral? Que devient aussi la responsabilité des laïcs engagés?». Cette session est vécue dans la continuité de la précédente : « Faire davantage confiance aux laïcs en responsabilité... Que devient notre ministère de prêtre ? »
Deux témoignages.
Les témoignages de deux EAP furent fort instructifs, l’une située en Calaisis urbain, l’autre en Montreuillois. Du premier on retiendra que l’urgence à gérer les célébrations des messes et des sacrements, avec moins de prêtres, a tellement envahi l’horizon que la présence aux hommes de ce temps et les activités autres que cultuelles et de catéchèses sont quasi absentes de l’esprit des animateurs, prêtre et laïcs. Rendre une paroisse vivante consiste à honorer les nombreuses sollicitations “au mieux”.
Une EAP en Montreuillois témoigneL’autre témoignage rendait compte de la manière dont les chrétiens ont été amenés à s’organiser en l’absence (ou défaillances) de prêtres depuis au moins huit ans. Obligés de se prendre en charge par eux-mêmes, avec le prêtre qui n’est ni le décideur ni l’organisateur : “un entre eux, sans trop se poser de questions !”. Le témoignage révélait l’importance des liens d’amitié et de communication qui existaient (naturels ou sollicités) entre les nombreuses cellules chrétiennes, souvent bien petites dans les clochers de villages de petite taille.
Ces deux témoignages ont permis de mieux cerner les questions qui risquent de se développer à l’avenir. Sans avoir les bonnes solutions, le Conseil était amené à se poser des questions comme : quelle image, quelles représentations les gens ont-ils sur “être chrétien”, sur la paroisse, sur l’Eglise ? Autre question : Une pastorale de la proximité peut-elle consister en pastorale de la réponse aux demandes ?
Le contexte de société qui nous enveloppe.
Un invité témoinLa participation d’un prêtre, originaire du diocèse, mais dont le ministère fut exercé dans un autre diocèse, a permis de replacer les changements repérés, qui bousculent l’Eglise, au sein d’une société elle-même bousculée : l’Ecole, la Justice, la vie collective, une plus grande présence de ‘l’islam et d’autres courants religieux ; des débats sur la laïcité ; la recherche d’autres mondes (ésotérisme, drogue, cartes et horoscopes etc.). La présence des médias, le matraquage informatif et publicitaire et surtout l’immédiateté de l’information, alors que disparait l’analyse et la prise de recul ; l’affectif qui prend le pas sur la raison ; la vie quotidienne des familles bousculée par les déplacements, les distances, l’éclatement familial, l’urbanisation…
Pour les prêtres qui ont vécu l’époque de Vatican II : une impression de retour aux pratiques de piété, alors qu’avaient été remis au centre de la vie chrétienne le Christ et la célébration eucharistique communautaire. Tout cela amène à revoir nos réponses à la question : quelle est la place du sacrement dans l’Eglise et la vie des gens ? Quelle est la visibilité de l’Eglise sur la place publique ? Prêtres et laïcs : que deviennent les laïcs en responsabilité ? Quelle vie fraternelle, vie d’équipe, suivi de la progression spirituelle, relecture ? Et le prêtre avec eux, quel est son rôle ?
Comme on le voit, beaucoup de questions furent évoquées, posées sur la table.
Il n’était pas simple de s’en saisir.
Synthèse ou perspectives ?
Pendant le temps en ateliers a été rappelé le ministère de communion, d’une Eglise aux autres Eglises ; le ministère d’enseignement : rigueur doctrinale, le ministère de la sanctification (prière et célébration personnelles et communautaires). A été soulignée la difficile gestion des communautés, et les tensions consécutives aux urgences. Sans doute y a-t-il un nécessaire travail de recherche à programmer autour de “l’organisation de l’urgence”.
Tout n’est pas dit en ces quelques lignes, qui ne sont pas le compte rendu officiel ; puissent-elles inviter à la réflexion inspirée par l’Esprit, au service de l’Eglise et de Jésus-Christ pour servir la rencontre des hommes avec Dieu notre Père.
Abbé Emile Hennart