le Jeudi 16 jan 2014


Fauquissart, Richebourg, Vieille Chapelle.

 

RDV était donné à tous les participants pour accueillir notre évêque dès 9 H à la Maison des Paroisses de Richebourg.

 

I – Monde agricole en milieu péri-urbain.

 

Juste le temps des présentations avant de filer à la Maison Delmotte où nous étions attendus pour 9 H 2O.

 

1) Visite de l’élevage et du point de vente de la ferme Delmotte.

 

Monsieur Jean Michel Delmotte nous présente dans le magasin de l’exploitation l’organisation de sa ferme : de l’élevage à la vente au particulier et les raisons de ces choix. Travail en famille et aussi entre agriculteurs ce qui permet une diversification de la production. Ainsi quatre éleveurs produisent de la viande pour leur point de vente : l’un pour le veau, un autre pour le porc, un troisième pour l’agneau et enfin à la ferme Delmotte le bœuf de race blanc/bleu.

 

La chaîne de transformation nous est expliquée en détail et nous montre combien nous sommes loin du temps où les bêtes été abattues et découpées à la ferme. Désormais chacun sa spécialité : abattage et découpage respectent des normes rigoureuses et sont réservés aux abattoirs et aux salles de découpes. Ainsi l’animal part à l’abattoir puis transite par un laboratoire de découpage et revient sous film et sous vide à la ferme d’origine pour la vente à domicile.

 

Certains produits passent par des laboratoires de transformation (toujours pour le respect des normes européennes d’hygiène et de sécurité) ainsi les recettes de la maison et les ingrédients sont-ils commandés à l’un d’entre eux afin de pouvoir fournir d’excellents produits du terroir cuisinés à la mode de chez nous.

 

Puis la famille Delmotte nous invite, sous une pluie battante à visiter l’élevage qui compte environ 300 bêtes de race Blanc/bleue car très réputée pour sa qualité bouchère. Ces animaux se nourrissent entre autres de granulés et de carottes de chicons. Monsieur Delmotte nous précise qu’il a opté pour le mode « Agriculture raisonnée ». C’est la méthode qui permet le mieux de respecter au plus près la nature tout en recourant, lorsque c’est nécessaire seulement aux médicaments . Nous apprenons que chaque vêlage ne peut se faire sans assistance de par le métabolisme de cette race à l’arrière-train particulièrement développé et musclé. D’ailleurs nous découvrons, attendris, à l’entrée de l’étable un jeune veau venait de naître. Les jeunes veaux demeurent avec leur mère tout le temps nécessaire avant le sevrage. Ces vaches ne produisent que le lait nécessaire à leur veau. Ce ne sont pas du tout des vaches laitières ! Elles donneront au maximum trois veaux : l’élevage suffisant à la production en viande, soit environ 90 carcasses par an. Une bien belle production !

 

2) Arrêt à la ferme Patinier à Fauquissart.

 

Fauquissarette ! Le chauffeur s’est donc arrêté et nous n’avons pas regretté d’ailleurs.

 

Damien, l’un des propriétaires nous apprend qu’il est associé avec son frère et sa belle-sœur. Il nous explique les spécificités de l’exploitation quant à elle spécialisée en fruits et légumes ce qui permet une diversification des travaux et interventions quotidiennes qui nécessitent l’emploi de 4 CDI à plein temps toute l’année.

 

Une production variée en légumes courants et la culture légumes anciens et notamment une spécialité : la barbe de capucin. Vous connaissez ? Ce que je sais, c’est que c’est vraiment très bon et que c’est en quelque sorte une cousine de l’endive… sauf qu’elle se cultive dans des carrières profondes et calcaires… Très mystérieux, n’est-ce pas ?!

 

Damien nous ouvre la porte de ses serres où poussent encore pissenlit, épinard… Il nous montre où les framboises et fraises de la saison prochaine seront plantées ; les tomates ; et nous vante les mérites de la culture en serre qui permettent de cultiver sans traitement la plupart du temps du fait de la régulation de l’humidité…

 

Enfin, nous découvrons la culture d’endives en salle, de l’ensilage à la mise en caissettes. Entre la salle d’emballage et le magasin… juste une porte ! C’est ce qui s’appelle du direct au consommateur !

 

3) Casse-croûte débat. Une quarantaine de personnes étaient présentes.

 

- Intervention Monsieur Delaval. (Responsables des jeunes agriculteurs et d’un point de vente.)

 

Magasin alimenté par 12 exploitations réunies en coopérative pour la vente de leurs produits sous le nom de « Comme à la ferme » situé à La Gorgue, près de Lestrem.

 

C’est une véritable expérience humaine qui permet les échanges d’expériences d’agriculture de terroirs divers (les fermes sont réparties sur un territoire vaste qui va jusque Hesdin). Cela permet souvent de poursuivre le travail en famille.

 

L’association permet aussi une meilleure disponibilité de par la séparation des tâches de production et de vente ainsi que la diversification de la production.

 

Une caisse centralise toutes les ventes et ventile sur le compte de chaque exploitation.

 

L’essentiel à préserver : la communication.

 

- Mathilde Clement, animatrice de territoire pour le secteur de Béthune à la Chambre d'Agriculture.

 

Animatrice du GEDA (Groupe d’Etude du Développement Agricole) pour la région de Béthune qui rassemble 130 agriculteurs de la région. IL existe 15 GEDA dans la région Nord/Pas de Calais. Le GEDA vit des cotisations des agriculteurs, en lien avec la Chambre d’Agriculture.

 

Son rôle consiste à apporter un appui technique et économique, organiser des voyages d’étude, d’organiser des formations (ex : gestion des conflits – entraînement à la prise de parole…). Elle favorise le lien entre les collectivités et l’agriculture locale.

 

On constate un déplacement de le la volonté agricole qui vise aujourd’hui davantage la qualité que la quantité. Une évolution aussi du rapport sociétal de l’agriculture et son environnement.

 

Les différents projets d’organisation naissent des agriculteurs. Le GEDA est là pour les aider en cas de besoin pour faciliter la mise en œuvre.

 

- Hélène Vesselier, de Richebourg. Accueil en gîtes et chambres d’hôte.

 

Hélène, après avoir vécu quelques années en région parisienne, est revenue vivre où elle avait ses racines : à la ferme de ses parents qu’elle a reprise.

 

Une autre adaptation de la vie rurale au monde d’aujourd’hui avec la valorisation des bâtiments de ferme et le développement du tourisme. Cela fait 22 ans déjà que ses parents, Mr et Mme Bavière avaient amorcé ce virage. Aujourd’hui, le taux d’occupation est de l’ordre de 80 % grâce aux familles en attente d’un nouveau logement en construction et qui font la transition dans ces logements mais aussi et surtout grâce aux évènements régionaux : le Nouveau Louvres à Lens, les commémorations du centenaire de la guerre 14-18 qui attirent notamment beaucoup de Britanniques…

 

C’est le plaisir de l’accueil, de créer des liens.

 

Un point de vigilance pour Hélène : Ne jamais s’arrêter sur des acquis.

 

- Blandine Delannoy de Cuinchy – Réseau Campus Vert.

 

Le Campus vert c’est 29 adhérents pour 135 studios dans le Béthunois. Le siège social est à Violaines.

 

Aujourd’hui il n’est plus question de vivre en vase clos. Cette organisation a été créée suite à un constat dans le secteur où beaucoup de bâtiments de fermes étaient inutilisés et voués à l’abandon d’un côté et de l’autre un manque crucial de logements pour étudiants. Il fallait y penser  et rassembler ces données !

 

Blandine trouve beaucoup de richesse dans les échanges avec les étudiants venant de tous les coins de France et leurs familles. Elle se sent très utile auprès d’eux. La région peut s’enorgueillir car elle a été tout à fait pionnière dans ce domaine et c’est une belle réussite !

 

- Michel Brou de Richebourg – Responsable de la CUMA du Bas Pays.

 

Les premières CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), créées en 1945, ont été un échec car le monde agricole était  très individualiste.


Cela fut relancé en 1980 devant l’incapacité matérielle pour les petites exploitations de s’acheter les outils performants. Cela a permis de consolider les liens entre agriculteurs et de développer l’entraide par des actions de solidarité en cas de difficultés particulières (ex : lavage indispensable des pommes de terre une année de grandes intempéries…).

 

Xavier  Bonvoisin (chargé de l’aide aux agriculteurs en difficulté) souligna la nécessité d’un accompagnement et plus particulièrement humain dans les coups durs notamment en cas de problèmes de santé, accidents et/ou destruction des récoltes qui occasionnent des pertes de revenu et problèmes de gestion parfois dramatiques. Une solidarité qui n’est pas identique selon les différentes CUMA.

 

- Christian Durlin, Président de la FDSEA et membre de la Chambre d’Agriculture.

 

La région a beaucoup changé. Sa spécificité en habitat dispersé a provoqué une grande proximité entre les agriculteurs et les habitants. L’agriculture n’étant pas dé-localisable et l’agriculteur de nature sédentaire, il a fallu s’adapter de part et d’autres, la région étant essentiellement agricole : les 2/3 des terres sont valorisées en agriculture. Aujourd’hui il devient important de ne pas gaspiller du foncier agricole afin de nourrir une population qui ne cesse de croître. La surface moyenne des exploitations a beaucoup augmenté et se situe actuellement à 60 ha par exploitation.

 

Il a fallu cohabiter : pour les nouveaux venus en zone rurale, accepter de subir parfois des contraintes de bruits, d’odeurs, l’encombrement de la route par des tracteurs ou autres engins… Découvrir aussi, en contre partie qu’en cas d’enlisement dans la neige, le verglas… l’agriculteur du coin est souvent prêt à venir dépanner avec ses outils…

 

Le dialogue, l’écoute, les échanges permettent de mieux se connaître et mieux se comprendre. Importance de communiquer et l’investissement fréquent des agriculteurs dans la vie locale, dans les associations y contribue. D’autres comme dans l’association « Le Savoir Vert » accueillent des classes et font découvrir la vie à la ferme aux élèves, ce qui permet aussi une meilleure connaissance des uns et des autres et crée des liens.

 

- Conclusion de Monseigneur Jean-Paul Jaeger.

 

Les visites ont été passionnantes car nous avons pu voir fonctionner ces entreprises avec les acteurs. Faire vivre un élevage, produire, c’est passionnant. Beauté de voir le veau né cette nuit. Des valeurs à découvrir pour toute notre société. Les contraintes : compter sur la météo, un tas d’éléments avec lesquels il faut composer. Partir des réalités données et construire. On est obligé d’inventer face aux aléas. Il faut déployer des trésors d’imagination pour progresser. Le monde agricole est un monde où on unit les forces pour s’en sortir. A chaque fois, on a inventé. On ne peut gémir tout le temps. Il faut agir !

 

Agir, c’est parfois dur mais c’est stimulant, c’est à chaque fois source de progrès. Chaque fois les agriculteurs ont trouvé des solutions. Pour nos sociétés c’est un exemple déterminant, un signe d’espérance. Ca mérite d’être connu, d’être partagé. L’agriculture est un patrimoine humain. D’ailleurs, ajoute Monseigneur Jaeger, ma secrétaire ne s’est pas trompée en me disant ce matin à mon départ lorsque que j’ai dit que je venais ans le monde agricole « Vous allez être avec des gens de bonne compagnie », je confirme !

 


Le repas était composé de soupes confectionnées par les agricultrices avec des produits de leurs fermes, de navettes tartinées de rillettes et pâtés locaux, de fromage régional et de tartes faites à la ferme, le tout accompagné notamment d’une bière locale de Marquillies ! Tout cela offert par nos agriculteurs du secteur que nous remercions vivement ainsi que pour leur témoignage très enrichissant, la qualité de leur accueil et leur investissement dans la réussite de cette belle journée. Monsieur Durlin a remis un panier de produits du Terroir à notre évêque qui a promis de bien les promouvoir et témoigner de ce qu’il avait découvert en ce jour dans notre monde péri urbain.

 

II – Monde du handicap avec l’association « Sourires d’autistes ».

 

La rencontre a lieu dans les locaux de la mairie de Vieille Chapelle en présence de Mme Dorothée Morel, adjointe chargée de représenter le Maire retenu par ses activités professionnelles et de quelques élus dont Michel Walle de notre comité de pilotage, Mmes Georges et Turpin que nous remercions vivement pour leur accueil chaleureux.

 

Madame Geneviève Serrure, présidente de l’association Sourires d’autistes nous relate l’histoire de cette création qu’elle qualifie désormais comme étant « l’œuvre de toute une vie » et une œuvre portée collectivement, aime-t-elle à le souligner.

 

« Tout est né d’un drame, lorsque ma fille Florine atteint l’âge de 20 ans et ne peut plus suivre les activités, ni se rendre à la structure qui l’accueillait jusque-là. C’est désespérant ! Elle a 20 ans et on nous dit qu’il n’y plus rien à lui proposer. Tous nos efforts de socialisation, d’ouverture vers l’autonomie, tout se bloque. La société n’a rien prévu. Il n’y a plus rien à proposer pour ces jeunes adultes touchés par l’autisme. »

 

Réaction « Si il n’y a plus de structure, créons-en une avec plusieurs parents dans le même cas.

 

Parallèlement, monsieur Georges Sénéchal, personnalité de Vieille Chapelle, à son décès, lègue sa ferme et quelques terres à la municipalité en vue d’un projet médico-social. Il fallait promouvoir et bâtir le projet pour le présenter et remporter l’adhésion des élus et la commission de délibération de la désignation de l’obtention des locaux pour l’association. C’est « Sourire d’autistes » qui est choisie.

 

Artois Com, communauté de communes du secteur a bien aidé à construire le dossier ainsi que de nombreuses associations environnantes. Nous avons reçu et recevons toujours beaucoup de soutien.

 

Le projet : un lieu familial de vie pour adultes autistes d’une capacité de 30 à 35 adultes.

 

De petites unités. Soit 3 à 4 pavillons de vie. Un chez eux où ils seront incités à être le plus actif possible, notamment dans le partage des tâches domestiques.

 

Volonté d’intégration dans la vie de la société en favorisant des rencontres où ces adultes pourront intervenir, se rendre utiles (ex : conteurs en campagne…). Ce sera un lieu d’écoute ouvert aux familles, aux professionnels. On pourra organiser des groupes de parole…

 

Il faut du temps pour faire aboutir le projet mais cela avance. La municipalité a pris en charge la réfection de la toiture de la ferme. Pour le reste les autorisations sont en attente mais en bonne voie.

 

Intervention de Madame Marie Ange Sénéchal, membre actif de l’association.

 

Sourire d’autiste est une association naissante donc chacun s’implique. Nous avons la volonté d’éviter l’écueil de l’association bien ancrée et de ne jamais perdre de vue que ce que l’on fait c’est pour la personne dont on parle.

 

Trois mots clés : bienveillance, humanité et fraternité.

 

Nous avons avis favorable du CROSM (Conseil Régional). C’est une question de priorité : il n’y a que deux établissements pour autistes dans le Pas de Calais et une centaine de personnes en attente. Or il est important de veiller à éviter les ruptures de prise en charge lourdes en conséquence dans l’évolution de ces personnes.

 

Notre structure nécessitera environ 30 salariés. Source d’emploi dans notre village donc aussi.

 

« Nos enfants sont en même temps notre force et notre faiblesse. Souffrance que « la beauté de cœur » de nos enfants n’est pas vue. On voit d’abord leur handicap. On perçoit ces regards suspicieux : mais quelle faute ont fait ses parents ? Difficulté de se comprendre. Seul, on ne s’en sort pas. Il y a le regard des autres, les réactions, les paroles. Il faut s’adapter. Toujours faire mieux où on pense que c’est déjà bien. Importance de voir à travers tout ce qui est possible et non plus à partir des manques. L’intérêt, en premier, c’est toujours l’enfant, la personne handicapée. Nécessité de changer le regard, témoigner. A Vieille Chapelle nos enfants sont bien intégrés parce que les habitants connaissent. ».

 

C’est la nature de l’Eglise d’être attentif à tout ce qui est tout petit et chacun doit montrer une attention particulière aux plus petits comme Jésus Christ.

 

- Conclusion de Monseigneur Jean-Paul Jaeger.

 

« Lorsque je rencontre des handicapés mentaux, c’est une conversion permanente. Il faut changer de braquet sans cesse pour se comprendre. C’est une espèce de dé-centrement. Je suis toujours étonné de voir comment ces personnes aux faibles capacités parviennent à aller tout de suite à l’essentiel, du cœur. »

 

A la question de savoir pourquoi il était venu, le but de sa visite, il répondit :

 

« Je viens pour ma conversion personnelle et pour pouvoir guider les mouvements… ».

 

Vos témoignages sont très stimulants. Toute la journée, J’ai rencontré des gens qui se battent et qui parviennent à soulever des montagnes. Cela mérite d’être mis en valeur et nous change tellement des informations négatives dont on est assailli sur toutes les antennes. »

 

A chacun d’entre-nous de transmettre toutes les bonnes nouvelles et faire grandir l’Espérance. Face aux difficultés de la vie, quand on peut se serrer les coudes, avec patience et volonté, on devient inventif, on trouve des solutions et on fait avancer le monde. Vous nous l’avez démontré et quelle merveille de voir, qu’ au-delà de toute espérance, vous parvenez à « Donner de la vie à la vie ».

 

Avant de repartir chacun de son côté, nous avons fait un petit détour vers la ferme de monsieur Georges Sénéchal pour voir le projet avant travaux. Rendez-vous est pris pour revenir la voir après travaux.

 

Merci à tous pour cette belle journée très enrichissante.

 


                                                       Christiane Thorez

 

Voir les autres visites de l'Evêque sur la page :

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