Synode, 3ème session octobre 2014
Quelles paroisses, pour l'Eglise et pour le monde
Synode provincial, 3ème session, 11 et 12 octobre 2014
Inventer les paroisses de demain.
Le 11 octobre, l’eucharistie ouvrait la 3ème session du synode à Merville, jour où est fêté saint Jean XXIII. Une date qui n'est pas anodine puisque Jean XXIII a ouvert le Concile Vatican II à cette même date. Une manière de signifier que l’assemblée synodale se situe dans la continuité de la grande Tradition de l’Eglise et des conciles. Sans doute y avait-il aussi à profiter de ce temps favorable pour discerner les appels que l’Esprit adresse à son Eglise pour qu’elle mette en œuvre ce qui permet au Corps du Christ de grandir.
Plus d'informations sur le site web du synode
Pour que grandisse le Corps du Christ
Corps du Christ… la lecture, à plusieurs voix, de la lettre de Paul aux Corinthiens, chapitre 12, invitait à reconnaître la diversité des dons et des personnes qui aujourd’hui constituent l’unique Peuple de Dieu, “ce corps dont le Christ est la tête” (Lumen Gentium n° 6-7). Dans le mot d’ouverture, Mgr Ulrich se faisait l’écho de blocages divers ou de récriminations entendus depuis la précédente session (anciens et plus jeunes, rural et urbain, liturgie et annonce, laïcs et prêtres, etc.) Il a su dépasser ces divisions en invitant tous les membres, tous les baptisés, à vivre la communion au service de la Mission : "Ce n'est pas notre réussite à nous, c'est celle du Seigneur toujours. Notre plus belle réussite, c'est que les autres réussissent avec nous dans le domaine de la mission.". En sollicitant le père Jimmy Delalin, originaire du diocèse de Lille, envoyé au Canada au titre de Fidei donum, sans doute mesurait-il la nécessité d’entendre un ailleurs. Quand le Père Jimmy visite ses paroisses dans les étendues glacées du grand Nord canadien, il sait que certaines paroisses n’ont que deux messes par an et pourtant le christianisme demeure vivant, parce que les gens se prennent en charge : “On est inventifs et ça marche !”. Pourtant le prêtre n’y est pas le grand organisateur de la paroisse.
Etape intermédiaire et votes
Cette session a été l’occasion de procéder à plusieurs votes concernant le projet de texte issu du travail des deux premières sessions. Ainsi se dégage un premier visage de ce que pourrait être la proposition finale, qui sera votée début 2015 et transmise à Rome. Quatre axes sont nettement définis qui ont été approuvés dans l’ordre suivant :
- Pour que les paroisses s’orientent complètement vers la mission
- Pour que les paroisses soient encore plus proches des gens
- Pour que les paroisses soient des lieux de communion vivante
- Pour que les paroisses soient des lieux de participation.
Les paragraphes qui précisent ce que demande le synode aux paroisses, ont été acceptés, certains après amendements à la suite du débat en assemblée générale ; quelques-uns ont été rejetés. . Dans les prises de paroles, parfois animées, on a pu entendre différentes opinions, révélatrices des différentes orientations théologiques et charismes présents dans les diocèses. Mais au final, si quelques textes ont été approuvés aux deux tiers des participants, la plupart le furent à 90, 95 et même 98 %, une seule a été écartée : preuve que les discussions en vérité ont abouti à des propositions suscitant un large consensus.
La paroisse pour la mission communion
Les paroisses sont appelées à se donner les moyens de connaître le monde dans lequel vivent les hommes et les femmes du Nord-Pas de Calais et pour lesquels ils sont missionnés. Parmi les priorités de la mission, les paroisses sont appelées à vivre en Eglise avec les personnes pauvres et marginalisées, à vivre en Eglise avec les jeunes, à vivre en Eglise avec les familles. Ces demandes sont détaillées par des paragraphes qui ont été débattus et amendés afin de respecter l’usage dans l’Eglise, de valider un vote quand il a atteint plus des 2/3 des voix. En effet, toute proposition doit refléter une adhésion large si nous voulons qu’elle soit fédératrice pour les chrétiens.
Que la paroisse soit lieu de célébration et de communion a été redit. La dimension pastorale, l'ouverture à l’universel, à l’au-delà des chrétiens de la paroisse, la présence et la place donnée au précaire ont été l’objet de plusieurs interventions. C’était l’occasion de se souvenir que l’Eglise est faite aussi pour ceux qui n’y sont pas.
L’animation des paroisses
Des échanges plus nombreux ont porté sur l’animation de la paroisse, sur le rapport entre prêtres et laïcs, sur le vocabulaire commun, sur la célébration du dimanche, sur les “ministères offices et fonction des laïcs”, expression de Jean-Paul II rappelée par Mgr Ulrich (dans Christifideles laici, n° 21-23). Les évêques, jusqu’ici discrets, plutôt en posture d'écoute, sont intervenus ici ou là pour appeler à la précision du vocabulaire employé par des membres de l’assemblée au cours des débats.
Ce compte-rendu ne peut dire toute la richesse de la session, de la méditation et du travail de réflexion avant et pendant la session. Le site synodelac.fr sera plus complet. Mgr Ulrich invitait à méditer ainsi : “Participer à l’invention des paroisses : Qu’est-ce que l’Esprit saint peut vouloir dire à l’Eglise de nos trois diocèses ? Qu’est-ce qui peut nous aider à bouger ?” A chacun, il importe d’entendre l’Esprit qui nous précède et qui nous succède ! (Mgr Coliche)
L’intervention des économes diocésains.
Les trois diocèses sont héritiers de traditions et habitudes diverses. Quelques chiffres donnent l’étendue de la province, comme le nombre d’habitants (1,5 M pour Lille et Arras, 1 M pour Cambrai) ; le nombre de clochers : 400 pour Lille, 1211 pour Arras, 450 pour Cambrai. Les moyennes des recettes : pour Lille, 14 € par habitant ; 8,65 pour Arras ; 9,45 pour Cambrai. D’autres chiffres ont été présentés. La présence des économes a permis de mesurer l’investissement personnel des économats diocésains et autres trésoriers et les difficultés de joindre les deux bouts. La majorité des recettes provient des quêtes et des actes du culte célébrés en diverses occasions. Les mentalités ne sont pas encore acquises à verser annuellement (ou mensuellement) une cotisation à l’Eglise que l’on souhaite vivante. Le denier de l’Eglise n’est, hélas, pas encore entré dans les mœurs des habitants de la Province ! Il y a un déficit chronique qu’il faut combler soit en augmentant les recettes soit en diminuant les charges… Les économes reconnaissent que là où les paroisses sont actives, là les ressources progressent.
Le synode et les enfants. Le théâtre du forum
A l’initiative de l’ACE de Lille et de la catéchèse, un questionnaire avait été proposé aux enfants. La présentation des résultats accompagnée de dessins humoristiques fut fort appréciée, d’autant plus que les expressions reflétaient des impressions déjà perçues par les membres du synode.
La deuxième partie de la soirée offrait à tous d'envisager, avec humour, de nouvelles solutions dans des situations de tension que nous pouvons vivre dans les paroisses. Après avoir mimé une réunion chez M. le curé pour préparer une animation liturgique d'un "dimanche autrement", les acteurs du mime laissaient place aux uns et aux autres pour dire comment ils feraient pour qu’un peu d’huile dans les rouages évite les grincements dans les paroisses.
Ce compte rendu serait incomplet s’il n’évoquait l’étape suivante : des propositions concrètes, des initiatives novatrices pour mettre en œuvre les décisions du synode. Une première série de propositions a émané des travaux de groupes ; elles seront débattues lors de la prochaine session en janvier 2015.
Abbé Emile Hennart