Témoignage d'un ordinand

Jean-Christophe Neveu

Jean-Christophe Neveu, Pierre Bizet et Léonce Faucon seront ordonné prêtres pour le service de l’Eglise, le dimanche 10 juin, à 16h en la cathédrale d’Arras. Le mensuel Regard-en-Marche publiait une interview de Jean-Christophe Neveu

 

D’où viens-tu et quel a été ton parcours scolaire ?

Ordination diaconale Jean-Christophe Neveu Ordination diaconale Jean-Christophe Neveu  Je suis né et j’ai grandi dans un petit village du Ternois, Chelers, il y a 30 ans, dans une famille de souche agricole et chrétienne. J’ai une formation  littéraire : licence d’Histoire mention Documentation et une maîtrise en Sciences de l’Information et de Documentation. J’ai effectué quelques stages et des Contrats à durée déterminé dans diverses administrations publiques et privées.

 

Quelle a été ton parcours de jeune chrétien ?

Ma vie chrétienne s’est développée dans la vie paroissiale, autour d’une église et d’une communauté, puis bien vite parmi plusieurs. J’ai eu un parcours ecclésial d’un garçon originaire et enraciné dans une petite communauté rurale, en manque de prêtres et en présence de nombreux ministères baptismaux laïcs, d’un chrétien consolidé par les trois sacrements de l’initiation chrétienne (le baptême, l’eucharistie et la confirmation ) : service de l’autel, lectures et distribution de la communion le dimanche, musique liturgique pour diverses occasions de la vie chrétienne, direction des assemblées dominicale en l’absence de prêtre de l’époque, participation à l’Equipe locale d’Animation…. , à la demande du curé et des équipes. Sur le plan diocésain, j’ai également fait partie de l’hospitalité diocésaine auprès des malades à Lourdes et localement. Sur le plan associatif, j’ai aussi aidé le Comité des Fêtes du village lors des ducasses et autres manifestations. Par un petit travail d’été de transporteur-livreur sur plusieurs années, j’ai aussi eu l’occasion de sillonner une partie du département et de constater un endormissement apparent de la vie chrétienne, avec les églises fermées ou des chapelles abandonnées par exemple. L’année du Grand Jubilé a aussi été déterminante, l’ayant considérée pour moi comme un temps de remise à niveau de ma foi.

 

Comment est venu ton désir de servir le Christ comme prêtre ?

L’appel à devenir prêtre, à servir Dieu, l’Eglise et le monde s’est ainsi révélé : par la proximité, l’interpellation directe et le dialogue avec des prêtres de tous âges (35 à plus de 80 ans), des diacres, des religieux, des laïcs engagés. Je retiens notamment cette phrase : « vous voulez des prêtres, faites-en ! » lancée par un prêtre.

J’ai décidé de commencer un cheminement vers le ministère de prêtre au cours de la semaine sainte 2001 : le mystère pascal est au cœur de cet appel, lancé par des témoins du Christ convaincus.

 

Comment s’est passé ton temps de formation ?

Le temps du séminaire à Lille, engagé après la fin des études et du début d’une vie professionnelle m’a permis de découvrir et d’aimer notre « beau et grand diocèse », comme disait Mgr Derouet (Evêque d’Arras de 1984 à 1998), ainsi que des horizons plus vastes en France et en Europe. Voici quelques exemples, remplis de moments forts et beaucoup de visages rencontrés : camps d’été de l’Action Catholique des Enfants, stages d’orgue, formations liturgiques diocésaines, Taizé, Lourdes, Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne, groupes de prière et de formation biblique avec des étudiants à Lille, opération Thermos auprès des sans-logis à Lille, formation théologique au Centre de formation pédagogique, à Arras, qui prépare les futurs professeurs des écoles en école catholique, rassemblements des servants d’autel, Mouvement Eucharistique des Jeunes, marches d’Amettes, de Boulogne, Terres d’Avenir, Terres Lointaines, Festival des Talents, Vis ta paroisse, funérailles de prêtres et d’évêques émérites du diocèse, ordinations, messes chrismales, retraites, visites amicales dans d’autres diocèses…

Au niveau local, dans ma paroisse d’origine (Saint-Kilien-en-Aubignois) et celles d’insertion (saint-Joseph-en-Béthunois et sainte-Marie-en-Alloeu), j’y ai vécu les changements profonds que nous connaissons aujourd’hui: fédération des communautés en paroisse nouvelle, reconnaissance de ministères laïcs (Equipe d’animation de la paroisse, animateurs en pastorale, équipe funérailles, ….), diminution du nombre de prêtres, endormissement et renaissance de mouvements et services d’Eglise avec (re)mise en place d’équipes, difficulté de la transmission de la foi..…

Ce long de formation a permis aussi de me connaître un peu mieux, grâce à l’accompagnement personnel, l’équipe d’accompagnement dans le lieu d’insertion, sans oublier le lien avec la famille et les amis. Pendant ces années, j’ai pu aussi réajuster le contenu de ma foi, découvrir les textes du Concile Vatican II, approfondir mon lien à la Parole de Dieu…

La liaison entre la formation humaine, intellectuelle, spirituelle et pastorale s’est bien faite pendant ces années de séminaire, conjointement entre Lille et les divers lieux cités plus haut, avec des temps de joies, de soulagements, mais aussi d’épreuves et de souffrances.

 

Comment as-tu vécu ton année diaconale ?

Elle a tout d’abord commencé par l’ordination. Il a été très beau et impressionnant de voir toute une Eglise diocésaine m’accompagner lors de la célébration, par la présence et la prière. Les nombreux messages de sympathie sont le signe que les chrétiens ressentent le besoin d’être conduits par des hommes se mettant entièrement au service du Christ.

L’année s’est aussi vécue dans un système inversé : 2 jours au séminaire et le reste du temps dans la paroisse, ou en divers lieux du diocèse.

Au séminaire, il s’agissait surtout de relire déjà certaines expériences de ministre ordonné, de compléter l’aspect plus pastoral que théologique des enseignements…

En paroisse, la nouveauté résidait dans une autre participation aux sacrements : dans la place particulière au cours de l’Eucharistie et dans la présidence des sacrements (baptême, mariages…) et autres temps de célébrations non-sacramentelles (funérailles, professions de foi, célébrations dominicales de la Parole…).  Cela a permis une approche plus forte  et plus concrète de la place particulière du ministre ordonné au sein de la communauté, et aussi au sein des équipes de préparation et d’accompagnement, dans un esprit de service et de communion.

La présence en paroisse a permis de développer les rencontres, auprès des jeunes, des personnes malades, des autorités civiles…

Au niveau local et diocésain, l’année a été marquée aussi par une demande plus forte de témoignages (auprès de groupes de jeunes de tous horizons notamment) quelques temps avant l’ordination de prêtre. 

 

Etre prêtre aujourd’hui, c’est quoi pour toi ?

Pour moi, être prêtre aujourd’hui…

c’est bien se faire le pasteur, le guide, le serviteur d’hommes et de femmes en quête de sens, de bonheur, d’espérance.

Etre au cœur des relations humaines, être le lien entre les groupes ecclésiaux, sociaux aussi… pour les amener à la personne-même du Christ et à son message qui est Bonne Nouvelle pour aujourd’hui.

Redonner goût et sens au baptême reçu et faire découvrir que chacun est « prêtre, prophète et roi », appelé à servir, annoncer et célébrer, ensemble, comme peuple de Dieu, appelé à vivre en communion, selon une vocation particulière à chacun.

Servir et aimer une Eglise vivante, actuelle, présente dans le monde, priante, fidèle au message d’amour de son Seigneur, dans ses qualités comme dans ses limites…

Servir et aimer ces hommes et ces femmes, vivants sur cette terre du Pas-de-Calais, partageant ou non notre foi….

Servir au sein d’une Eglise diocésaine, localisée dans le Pas-de-Calais,  composée d’hommes et de femmes baptisés - laïcs, religieux, diacres, prêtres – en ce XXIème siècle ayant à cœur leur mission de disciple du Christ, appuyés sur le passé, vivant le présent, tournés vers l’avenir.

 

Etre prêtre aujourd’hui pour « la gloire de Dieu et le salut du monde »….

 

 

Jean-Christophe Neveu

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