Chrétiens en Irak

Pax Christi sollicite l'attention de tous

Pax Christi-France lance une campagne de réflexion  intitulée

se préparer à Pâques avec les chrétiens d'Irak

Photo 2007, Irak Chrétiens en Irak  
Photo 2007, Irak
Photo 2007, Irak
Le site de la Conférence des évêques invite tous les chrétiens à mesurer la signification pour les chrétiens de vivre dans un pays marqué par l'Islam en étant perçus comme des alliés de l'Occident. Pourtant les communautés chrétiennes d'Irak (Eglise chaldéenne sont parmi les proches du temps de Jésus. leur langue et l'araméen qont parmi les plus proches qui soient.

Congérence de Mgr Stenger; déclaration de M. D'Ormesson


 

Aux origines des chrétiens d'Orient

 

Dans le contexte de guerre, d'attentats et de persécution des chrétiens en terre d'Islam, en particulier au Moyen-orient, au Pakistan et en Irak devraient inciter les communautés chrétiennes à étudier les origines du christianisme dans ces régions, et à soutenir les communautés actuelles.

 

Nous, les occidentaux, avons une vision « occidentale » de l'expansion du christianisme, comme s'il n'y avait que Paul et l'axe Jérusalem/Rome/La Gaule comme itinéraire d’expansion du chruistianisme

 

Les Actes des Apôtres

Qu'avons-nous fait de la liste cartographique de Luc, dans son récit de Pentecôte: "Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie..., nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu" (Ac. 2,10-11). Ce sont bien la Mésopotamie et les ancêtres de l'Afghanistan, du Pakistan et de l'Irak. La lumière de l'apôtre Paul tourné vers l'occident et les aléas de l'histoire  ont repoussé dans l'ombre l'annonce de l'Évangile en Orient. Reconnaissons aussi que beaucoup de traces ont été effacées au cours des siècles et qu'il n'est pas facile d'aller fouiller le sol et la mémoire de ces pays que l'on appelle Syrie, Iran, Irak, Pakistan, Inde.

 

Aux origines, le christianisme se développe comme l’un des nombreux courants du monde juif, un parmi d'autres, assez proche semble-t-il du courant des pharisiens. Pierre participe à la prière du Temple, Paul aussi. Ils se rendent dans les synagogues, y prennent la parole et sont invités à revenir. Peu à peu Paul se retrouve investi d'une mission auprès des nations païennes (les gentils ou les goïm), tandis que Pierre (et les autres) annoncent Jésus le Christ auprès des communautés de la diaspora. Les quelques versets de Galates 2,8-9, peuvent être compris comme une poignée de main de ces derniers envers Paul, lui souhaitant "bonne chance chez les païens!".

 

La diaspora et les premiers chrétiens

La première extension du christianisme s'est faite par le réseau des synagogues, et la première distinction entre juifs et chrétiens est signalée par Luc effective lorsque l'annonce se fait aussi auprès des non-juifs, à Antioche (Ac. 11,19-26) "c'est là que pour la première fois, le nom de chrétiens fut donné aux disciples". Il y avait de nombreuses communautés de diaspora dans l’empire romain, à l’ouest, mais aussi à l’Est de la Palestine et les relations étaient excellentes. Peu de chrétiens occidentaux aujourd’hui connaissent l’existence du talmud de Babylone ! L'éclatement des populations juives vers l'occident s'est fort développé à partir de la guerre juive (66-70) de son issue fatale en 70, après la chute de Jérusalem et les pratiques habituelles de déportation et d'esclavagisme de l'armée d'alors.

 

Au temps de Paul Antioche était la seconde ville de l'empire romain, port tourné vers l'occident, mais qui draine un arrière-pays immense qui s'étend jusqu'aux confins de l'Indus. Des villes relais -ou comptoirs commerciaux- jalonnent les routes de l'Est: Palmyre, Doura-Europos, Séleucie sur le Tigre etc. Le livre d'Esther (daté du second siècle av. J-C) signale les liens "de l'Inde à la Nubie". Rien d'étonnant à ce que des disciples de Jésus soient allés sur les routes de Mésopotamie.

 

 

Le Nouveau testament porte les traces d'une annonce dans l'ensemble du monde d'alors: Philippe baptise un ministre de la reine d'Éthiopie (Ac. 8,26-40). Luc présente Apollos comme un juif originaire d'Égypte, d'Alexandrie, et prédicateur de Jésus (Ac 18, 24-25). On trouve à Antioche des chrétiens originaires de Cyrène (Lybie actuelle). La Cappadoce, se trouve à l'est des terres irriguées par Paul. Pierre écrit à ces communautés: "aux élus qui vivent en étrangers dans la dispersion, dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie". La finale de la lettre de Pierre fait allusion à Babylone, mais c’est un nom d’emprunt pour désigner Rome, qui persécute les chrétiens

 

Les écrits apocryphes et autres sources

Pour avoir d'autres précisions sur l'évangélisation de ces contrées, il faut entendre les témoignages du second siècle et les textes apocryphes (avec les réserves habituelles). L'apôtre Thomas aurait évangélisé les Mèdes et les Perses, puis se serait rendu en Inde (l'actuel Pakistan). Édesse au Nord-Ouest de la Mésopotamie est considérée par les syriaques (orthodoxes) comme chrétienne dès la plus haute antiquité. Le récit de la grande inondation d'Édesse, (201) prouve qu'il y existait déjà une "église des chrétiens", qui fut endommagée alors.  Eusèbe de Césarée (fin IIème siècle) reprend une tradition selon laquelle le roi Abgar Oukama , d'Édesse avait entendu parler de Jésus et de ses miracles et de ses difficultés par l'intermédiaire de ses envoyés en Palestine. Il lui aurait écrit en vue de l'accueillir à Édesse. Ce serait Thaddée, un des soixante-douze qui aurait reçu de Thomas la mission de baptiser le roi et son entourage. Thaddée (ou Addaï) aurait été accueilli par Tobie, fils d'un juif de Palestine. Il lui aurait alors parlé de Jésus, ainsi qu'à d'autres auditeurs juifs. 

 

L'évangélisation de l'empire syrien est attribuée à Mari, considéré comme l'un des soixante-douze. Les "Actes de Mar Mari" remontent au 5° siècle, mais une part de vérité historique demeure par dessous l'embellissement de l'hagiographe. Une histoire qui remonte au début du 3ème siècle et la région évangélisée correspond au royaume des Parthes. Il n'y a que peu de témoignages archéologiques: le bâtiment chrétien retrouvé à Doura Europos, daté de 230-240, puis des inscriptions de la seconde moitié du 3ème siècle qui citent des catégories de chrétiens, aux côtés des juifs, comme opposants à la religion mazdéenne.  Nous sommes ici à la frontière entre l'empire romain et les empires d'orient contre les romains. Ce sont sans doute des prisonniers et esclaves qui se reconstituent localement en communautés.

 

Les Actes de Thomas.

Eusèbe tient d'Origène (185-254) que Thomas fut l'apôtre des Parthes. Les Actes de Thomas, rédigés à Édesse au début du IIIème siècle affirment qu'il est allé en Inde (sans doute la basse Mésopotamie). La tradition affirme aussi qu'il rencontra le roi Goudnaphar, (ou Gudapharra), originaire d'une dynastie scytho-Parthe (actuel Afghanistan). Il est connu par des monnaies à légende grecque et une inscription Parthe de 45 ou 46 ap. J-C. La tradition indienne affirme que Thomas serait venu jusque sur les côtes de l'Inde du Sud, dans la région de Malabar, aurait fondé 7 églises, avant d'être martyrisé prés de Madras. L'hypothèse la plus vraisemblable est celle d'un navire marchand qui aurait amené des missionnaires chrétiens dès le 1er siècle. Un témoignage irrécusable signale l'existence d'un évêché  à Kilon dans l'actuel Kérala, et des communautés chrétiennes à Ceylan. Des découvertes archéologiques récentes ont mis à jour des fondations d'églises et de monastères, des stèles ornées de croix nestoriennes datées du 4ème siècle. Quand au XIVe siècle, les Européens s'emparèrent des Indes orientales, ils trouvèrent dans les traditions de ces pays des souvenirs chrétiens, et en particulier celui de saint Thomas

 

L'Église chaldéenne d'Irak revendique d'avoir comme origine saint Thomas, qui évangélisa la région entre 42 et 49. Le nom de mongols, donné par le bouddhisme aux populations syriennes chrétiennes pourrait être un lointain dérivé du grec "nomos" "la loi", loi religieuse, via le syriaque "namousa".

Les communautés chrétiennes nestoriennes s'établirent toujours plus à l'est, convertirent une grande partie du royaume de Sogdiane. C'étaient de grands voyageurs et commerçants, jusqu'en Chine. Une de leurs route menait jusqu'en Chine, la route de la soie. Un trajet d'Antioche de Syrie jusqu'en Chine pouvait durer plusieurs mois... Les chinois les appelaient: "les hommes qui ont du miel dans la bouche, et de la colle sur les doigts". Les sogdiens introduiront l'évangile jusqu'à l'ouest du Sing Kiang. Des oeuvres de Théodore l'exégète furent traduites et se trouvaient dans la bibliothèque impériale. 

Les "Actes de Thomas" ont été publiés en 2002, Bibliothèque de la Pléiade n° 442, "Ecrits apocryphes chrétiens"


"Élan missionnaire et ardeur prosélyte"
extrait, paru dans la Bibliothèque Clio, d'un article de Joseph Yacoub, professeur à la Faculté catholique de Lyon, auteur de "Menaces sur les chrétiens d’Irak", 200 pages Coédition CLD et Témoignage Chrétien, avril 2003, et de"Babylone chrétienne. Géopolitique de l’Église de Mésopotamie", Desclée de Brouwer, Paris, 1996; 

Issue d’Assyrie et de Babylone, l’Église d’Orient a connu un élan missionnaire extraordinaire et une admirable expansion en Asie. Partie de l’actuelle Bagdad, elle avait élargi son audience, entre le IIIe et le XIIIe siècle, de la Méditerranée au Pacifique. Au temps du patriarche Mar Aba Ier (540-552) le mouvement d’expansion s’intensifia et s’étendit sur toute l’Asie. Elle était activement présente au Proche-Orient et au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Extrême-Orient, non seulement à l’ouest de la Mésopotamie jusqu’aux rivages de la Méditerranée, en Arménie, en Palestine, à Chypre, mais encore au sud, jusqu’au Malabar, aux îles de Bornéo, à Sumatra, à Java, aux Moluques, à la Malaisie et à l’est, jusqu’au sud-est de la Sibérie et au cœur de l’Empire chinois.

En fait, la première présence des nestoriens en Chine est attestée dès avant la dynastie T’ang, en 520. Dans leur ardeur prosélyte, les missionnaires de l’Église d’Orient suivaient les voies tracées par le commerce et les itinéraires des caravanes, principalement de celles qui transportaient la soie et les épices. Joseph Yacoub


Pourquoi les silences de l'Occident?

Le fait que ces églises d'Orient soient issues de l'Église nestorienne explique sans doute une part du silence sur leur existence dans les Églises d'occident. C'est le même silence qui entoure les communautés chrétiennes d'Égypte lorsque celle-ci seront gagnées par les hérésies. C'est en Égypte, dans une synagogue qu'on a retrouvé un papyrus,  le Rylands 457, daté de 125, portant quelques lignes de l'évangile de Jean. 
Il y a sans doute là matière à réflexion sur l'histoire et les comportements "chrétiens".

Saint Thomas  Dans les synoptiques, il est cité uniquement dans les listes d'apôtres (Mtt 10,3; Mc 3,18, Lc6,15 et Ac 1,13). Mais dans l'évangile de Jean l'on retrouve plusieurs chapitres où la figure de Thomas est évoquée (Jn 11,16; 14,5; 20,24-28 et 21,2) . Un document format rtf fort documenté se trouve sur le site de fides-France . Les informations du site de l'Eglise gallicane sur ce sujet semblent crédibles

 

 

sources: "le Monde de la Bible", n°129, 141, 154; 
"L'essor du christianisme occidental, de Peter Brown

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 17287 visites

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