Focus sur le dictionnaire illustré des images chrétiennes occidentales et orientales

Conférence de Jean-Pie Lapierre à la maison diocésaine d'Arras

 

Jean-Pie Lapierre Jean-Pie Lapierre  

Jean-Pie Lapierre est venu faire une présentation, forcément lapidaire, de son dictionnaire de quelque 3000 pages (Musée chrétien, dictionnaire illustré des images chrétiennes occidentales et orientales), samedi 11 février 2017 à la maison diocésaine d'Arras.

 

Jean-Pie Lapierre a été pendant plus de 30 ans chargé de collections de livres religieux et historiques aux Éditions du Seuil. À sa retraite, il a pris conscience qu'il avait "beaucoup encouragé le texte et jamais l'image". De plus, l'image est souvent considérée comme illustration, comme simple accompagnement d'un texte. "C'est oublier que l'image peut être une catéchèse."

 

"L'image a un statut différent selon les religions monothéistes, explique Jean-Pie Lapierre. Chez les juifs, il y a une interdiction stricte. Dans le Pentateuque, il est demandé de ne pas faire d'image taillée ni de se prosterner devant elle (Ex 20, 4 ; Lév 26, 1 ; Deut 5, 8). Le christianisme a aboli cette loi. La représentation de Dieu est autorisée et prend même une valeur catéchétique. La Réforme est revenue en arrière : les croix sont nues. Luther disait : « Le Royaume de Dieu est un royaume de l’ouïe et non de la vue ». L'Islam autorise la représentation humaine, sauf celle de Dieu. Les miniatures persanes en sont un bel exemple."

 

Le travail de Jean-Pie Lapierre est composé de quatre parties : l'Ancien Testament, le Nouveau Testament, l'histoire de l'Église et les thèmes oubliés ou transversaux. Dans cette dernière partie, on trouve par exemple le déroulement de la messe et les gestes de prières avec saint Dominique. On y trouve également les arts nouveaux comme le cinéma et la photographie. Il a présenté par exemple une photo de l'ordination de Mgr Huyghe en 1962. On le voit bénissant sa maman. 

 

"Le christiannisme, religion de l'image"


Jean-Pie Lapierre a développé la symbolique des entrelas et des labyrinthes. Il est à noter que les Monuments historiques ont choisi comme logo un labyrinthe de cathédrale, celui de la cathédrale de Reims aujourd'hui disparu parce qu'il était mal employé.
Il s'est arrêté sur Notre-Dame de Boulogne dont la statue a passé la ligne de démarcation pour rejoindre Lourdes en 1942 grâce à l'audace des Scouts de France. Nombreux sont ceux qui se souviennent du Grand Retour de 1943 : la statue est retournée à Boulogne-sur-Mer par la route. Les étapes ont été nombreuses et ont éveillé une dévotion importante.  


Il a également dévoilé un détail méconnu de l'histoire récente. Pendant la guerre froide, les pays occidentaux avaient besoin d'affirmer leur opposition au bloc soviétique et à l'athéisme communiste. En 1956, "In God we trust" est apparu sur les billets de 1 dollar. À peu près en même temps, le marché commun de l'Europe a choisi comme emblème douze étoiles jaunes sur fond bleu. Il s'agit du bleu de la Vierge Marie et des douze étoiles de l'Apocalypse. Les deux symboles sont restés.  
En résumé, le dictionnaire dit que "le christianisme est la religion de l'image", sans doute parce que c'est celle de l'incarnation. Jean-Paul II en parle dans sa lettre aux artistes de 1999 (Chapitre 5).

https://www.franceculture.fr/personne-jean-pie-lapierre-lapierre


https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/letters/1999/documents/hf_jp-ii_let_23041999_artists.html