Funerailles de l'abbé Pierre Homery

Extraits des différentes allocutions

AB HOMERY AB HOMERY  .  Funéraillesl’abbé Pierre  Homery

Les membres de sa famille

Pierre, d’un milieu bourgeois et prêtre du Prado va s’enrichir de la culture ouvrière. Ado, il me semblait que Pierre avait une vie pleine de sens, faite de rencontres, de fraternité. Le témoignage de Pierre a conforté ma foi. J’ai eu le bonheur de le lui dire il y a quelques années. Alors qu’il était désabusé devant une Eglise devenant plus proches des rites que du message du Christ. Pierre a marié beaucoup de couples dans la famille, à commencer par ses sœurs, dont maman en 1949. Plus tard ce fut notre tour, en 1975. Ce furent des moments forts de notre vie. Il regrettait de ne pouvoir venir lors de mes noces d’émeraudes, en septembre dernier. Pierre a consacré sa vie à l’Eglise et à ses frères avec comme seule devise le message d’amour du Christ. C’est pour moi un exemple.

Cher  oncle Pierre, des souvenirs :  ton ordination à Rome en 1948. Ton père n’était pas là, décédé au début de la guerre alors que tu avais 16 ans. Notre grand-mère évoquait souvent ce moment ainsi que l’émotion lors de ta première messe dans les catacombes. Dans le livre de messe le dimanche je lisais sur l’image de ton ordination le texte sans doute choisi par toi : “Je ne suis pas venu pour être servi, mis pour servir”. Tu avais fait vœu de pauvreté. Tu as donné à un prêtre d’une paroisse très pauvre l’autel portatif qu’on t’avais offert pour ton ordination. Le calice et la patène étaient en métal précieux. Tu es même allé jusqu’à vivre dans un baraquement et donner l’hospitalité à un homme que tu ne connaissais  ni d’Eve ni d’Adam. Ce fut à tes dépens. Tu nous subjuguais Christine et moi. Mettant  tes chaussures de mineur, tu nous disais : marche sur mes pieds, je ne sens rien ! Donnez-moi des coups de marteau, je ne sens rien de rien ! C’était vraiment très mystérieux pour nous. De même avec ton chapeau et la petite lampe fixée sur le rebord. Puis vinrent tes années au Prado avec le père Chevrier. Ce furent des années denses et remarquables. Lors des réunions de familles, tu nous racontais des histoires belges ; tu en avais beaucoup en réserve… Pour ton jubilé sacerdotal, maman avait organisé une petite fête. Lors de la messe des enfants portaient les tableaux illustrant différentes étapes de ta vie sacerdotal… Tu as jalonné de nombreux évènements de notre vie familiale. Aujourd’hui, tu rejoins le Père, mais tu es là dans nos cœurs, confident silencieux auprès de Lui, et depuis là-haut, tu continues ta mission dans la grande sérénité de celui qui, enfin, vit si près de Dieu

Père Philippe Brunnel, responsable Prado France

Comme responsable du Prado, je tenais à être là. Pierre a été le premier supérieur du Prado de France a partir de 1967 après avoir été assistant auprès de Mgr Ancel dès 1958. Durant ces années, il a rendu grand service à de nombreux prêtres. Les nombreux courriers reçus en témoignent.  Nous pouvons rendre grâce à Dieu pour votre diocèse, à travers Mgr Perrin d’abord, puis Mgr Huyghe, votre diocèse qui a permis à Pierre d’accomplir ce ministère durant 15 ans. Il a fondé le Prado dans ce diocèse. Pierre écrivait en 1949, dans sa demande de devenir Pradosien. Il avait 24 ans. “Je voudrais souligner un aspect important chez les prêtres Chevrier : la dévotion à l’Esprit saint. Cette dévotion a priorité sur toutes les autres. Si nous devons étudier l’Evangile, c’est pour trouver la sagesse de l’Esprit saint…. Si les moindres conceptions du Christ doivent devenir objet de notre méditation, c’est parce qu’elles sont dirigées et opérées  par l’Esprit. Mettre Jésus à la place de nous-mêmes, c’est une règle sûre et certaine pour nous remplir du Saint Esprit, et agir et penser selon le Christ.

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D’une équipe ACI (Action catholique des milieux indépendants)

Un ami évoquait les nombreuses réunions d’ACI au cours de nombreuses réunions, il savait toujours nous remettre dans le thème. Quand nous nous en écartions, il arbitrait nos positions et nous pour arriver à un consensus et nous recentrer sur l’Evangile et le Christ. Avec la Révision de vie, le Voir, juger, agir, tu nous aidais à avancer dans notre foi, à  remettre en question nos jugements, notre façon de vivre en famille, au travail. Ta vision de l’homme et de la société était inspirée par l’Evangile. Tu étais un soutien et un éclaireur dans nos épreuves. Avec nos enfants, nos jeunes, tu te mettais à leur portée, les  écoutais les poussait à réfléchir sur leur vie. Merci d’avoir porté cette présence du Christ parmi nous.

 

Lettre de l’abbé Michel Delanoy

Le père Delannoy regrette de n’être pas là aujourd’hui, parti pour l’Assemblée générale à Rome

“Merci Pierre pour l’homme et le prêtre que tu as été. C’est au séminaire le Lille que j’ai appris à te connaitre. Tu arrivais comme supérieur du séminaire interdiocésain. Très vite j’ai été marqué par la profondeur spirituelle de tes interventions. Il ne s’agissait pas pour toi de faire de longs discours sur Dieu, sur l’Eglise. Ton grand désir était que nous mettions nos pas dans les pas du Christ.  Tu nous as appris à entrer en alliance avec Dieu. Dans la chapelle que nous retrouvions pour la prière, tu nous devançais et on te découvrait, à genoux, souvent. Tu nous entrainais sur le chemin de la prière et de l’intériorité qui  permet de tenir débout face aux difficultés de la vie et du ministère. Il savait rendre grâce pour le don de la vie et la mission que Dieu nous confiait. C’est toi qui m’as fait découvrir le Prado en donnant le ‘Fêtes et saisons’ sur le père Chevrier… Tu faisais que l’Evangile pénètre les cœurs. Les nombreuses grilles de révisions de vie que tu proposais n’avaient d’autre but que de nous faire rencontrer le Christ vivant. Tu étais très fraternel et accueillant, sachant que tout ce qui est humain touchait le cœur de Dieu. Il se fait que je t’ai suivi dans la responsabilité de curé et recteur d’Amettes, puis au Prado comme permanent. Que St Benoit et le Bx Antoine Chevrier nous fasse toujours rencontrer et aimer les pauvres sur notre chemin…

Merci de ce que tu as été au milieu de nous. Auprès de Dieu, continue à nous porter pour que nous soyons toujours du bon pain pour nos frères.

 

 

Homélie de Mgr Jaeger (extraits)

 

Nous avons des souvenirs plein la tête et le cœur de celui qui nous a quittés. Nous avons à relire cette histoire à la lumière de l’Evangile. Ce que fut Pierre, il le fut parce que disciple. Prêtre de Jésus-Christ, il a été appelé, comme Pierre dans l’Evangile, il s’est laissé former par le Christ. Il s’et lancé dans une aventure dont il ignorait toutes les phases à venir. Dans une histoire, dans une aventure se révèle le visage de Dieu, du Christ. Si chacun propose sa réponse, nous savons qu’il suffit de donner une formule, il faut marcher à sa suite  pour entrer plus profondément dans son mystère. Il faut aller jusqu’à renoncer à nous-mêmes, à prendre notre croix et à marcher à sa suite. Tout prêtre est ministre de ce Christ-là. Pierre à du renoncer à bien des choses pour le suivre, parfois à reprendre le chemin... Pierre a été témoin et prédicateur de ce chemin, faisant le choix de suivre le père Chevrier, donnant à la pauvreté toutes ses lettres de noblesses, devenant serviteur du Christ et serviteur de nos frères…. Il a attesté que le plus faible, le plus petit était le plus proche du Christ.

 

 

Ma première rencontre avec Pierre Homery, remonte à un jeudi-saint de 1986. Une rencontre discrète au moment où Mgr Vilnet me demandait de lui succéder dans la responsabilité de supérieur. Nous avons longuement échangé. Vers la fin de l’entretien je lui demandais : “A quoi sert le supérieur de séminaire”. Après avoir réfléchi :“On ne te demande pas la lune, on ne te demande pas de savoir tout faire, on te demande d’être là” N’est-ce pas l’attitude du Christ. Ce n’et pas la passivité, c’est l’attitude bienveillante aimante de celui qui est venu vers nous et invite à se laisser guider et porter par l’amour qui se dessine et se révèle.